ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 OCTOBRE 2025
33% chez les jeunes diplômés. «Chaque point de croissance ne crée qu’environ 30.000 emplois» , rappelle Abdelghani Youmni. «C’est trop peu pour absorber les 500.000 nouveaux entrants sur le marché chaque année. Le pays compte 1,8 million de jeunes sans emploi ni formation : c’est un risque social majeur» , poursuit-il. Pour l’économiste, la réponse passe par une refonte du modèle de formation : «Nos universités forment encore pour des métiers d’hier. Il faut instaurer une véri- table alternance entre formation et entreprise, valoriser les métiers techniques et accélérer la fémini- sation du marché du travail; la par- ticipation des femmes ne dépasse pas 21%». Autre défi : la productivité, qui pro- gresse lentement. Le FMI insiste sur la nécessité d’améliorer le cli- mat des affaires et la gouvernance publique, tandis que le secteur informel (près d’un tiers du PIB) continue de brouiller la lecture des performances réelles. Dépendances et vulnérabilités Le Maroc reste exposé à deux dépendances majeures : l’éner- gie et le climat. « Nous importons encore 94% de notre énergie» , souligne Youmni, précisant que «la facture énergétique a atteint 11,5 milliards de dollars en 2022, avant de retomber autour de 114 mil- liards de dirhams en 2024. Cette volatilité pèse sur la balance com- merciale et fragilise la souverai- neté économique» . Mais le pays avance dans la bonne direction : les énergies renouve- lables représentent déjà 37% du mix électrique, et devraient dépas- ser 52% d’ici 2030, grâce aux projets Noor, Tarfaya et aux futurs complexes d’hydrogène vert. «Chaque point de substitution d’énergie fossile par du renouve- lable permet d’économiser environ 2 milliards de dirhams par an», ajoute-t-il. Sur le front agricole, le FMI conti- nue d’alerter sur la vulnérabilité cli- matique. La croissance marocaine reste fortement corrélée aux préci- pitations, preuve que la transition vers une agriculture plus résiliente n’est pas encore aboutie. Youmni
maintenir une croissance robuste au-delà de 2026. Mais, prévient Youmni, le véritable enjeu est désormais qualitatif : «la croissance doit se traduire en inclusion. Les réformes de la santé, de l’éducation et de la fis- calité, ainsi que la généralisation de la protection sociale, déter- mineront la capacité du Maroc à transformer cette dynamique en prospérité partagée». ◆
«Chaque point de substitution d’énergie fossile par du renouvelable permet d’économiser environ 2 milliards de dirhams par an», selon l’économiste Abdelghani Youmni.
estime que «le Maroc doit repen- ser son modèle agricole, trop cen- tré sur quelques filières expor- tatrices, et favoriser l’émergence d’une véritable classe moyenne rurale».
Malgré ces fragilités, les pers- pectives demeurent favorables. Les grands projets structurants, les investissements publics sou- tenus et l’ouverture maîtrisée de l’économie devraient permettre de
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