ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 OCTOBRE 2025
les zones rurales, et ce nombre devrait atteindre 200 d’ici 2026. Parallèlement, 1.200 camions- citernes et 10.000 citernes fixes assurent la distribution d’eau potable à 2,7 millions de citoyens.
Quid de cette gestion de la demande ?
Elle est intégrée dans l’axe de l’économie de l’eau. En effet, des efforts sont menés pour une meil- leure gestion de la demande et de la rationalisation de l’eau. Par exemple, dans l’agriculture, sec- teur le plus assoiffé, la stratégie de reconversion à l’irrigation loca- lisée vise à préserver la ressource et doubler la valorisation de l’eau. Par ailleurs, le programme natio- nal d’assainissement liquide mutualisé et de réutilisation des eaux usées traitées (PNAM) a permis d’atteindre un taux de raccordement de 84% en milieu urbain et un taux d’épuration de 58% à fin 2024, permettant de réutiliser environ 52,6 millions de m3 d’eaux usées épurées. Malgré ces efforts, le Maroc figure toujours parmi les vingt pays les plus menacés par la pénurie d’eau d’ici 2040, selon le World Resources Institute. La gouvernance et le financement doivent être efficaces pour sou- tenir la dynamique. La loi n°83-21 a créé les sociétés régionales multiservices (SRM) pour optimi- ser la distribution d’eau potable et d’électricité au niveau national et recentrer l’ONEE sur ses mis- sions stratégiques. Avec un budget de 16,5 milliards de DH prévus pour 2026, les investissements seront massifs dans le dessalement, les inter- connexions et les barrages. Mais la pérennité de ce modèle dépen- dra aussi de la sobriété hydrique, de la réutilisation accrue des eaux usées traitées, qui ne couvrent encore que 15% des besoins d’ir- rigation, et d’une sensibilisation renforcée des citoyens et des entreprises à la rareté de l’eau. Le Maroc n’a plus le luxe d’attendre la pluie. Il doit apprendre à gérer la rareté, à stocker intelligemment chaque goutte et à consommer différemment. ◆
La note de présentation du PLF 2026 concentre les efforts de lutte contre le stress hydrique sur trois axes majeurs, à savoir le renforcement de l’offre, les mesures d’urgence et l’économie de l’eau.
rurales. Des études sont en cours pour lancer de grands projets de transfert entre les bassins, notamment la connexion entre Oued Laou-Larache/Loukous et Oued Oum Er-Rbia. Ces réseaux hydrauliques visent à exploiter un milliard de m³ d’eau gaspillée et tissent un maillage national des- tiné à redistribuer équitablement les ressources et renforcer la rési- lience des bassins déficitaires. Ce tournant marque un véri- table changement de paradigme, estime Nizar Baraka. L’ancien modèle de «solidarité hydrique», où les régions partageaient leurs ressources, cède la place à une logique de «justice hydrique». Les grandes villes côtières, ali- mentées par l’eau de mer traitée, libèrent ainsi les ressources des barrages pour les zones rurales et montagneuses. A date, 45 com- munes rurales bénéficient déjà de cette redistribution sans impact notable sur leurs factures d’eau. Dans cette optique de renfor-
cement de l’offre, le Maroc a amorcé un virage décisif vers le dessalement de l’eau de mer. En trois ans, la capacité nationale est passée de 30 à 320 millions de m3/an, alimentant près de 5 millions de Marocains. Le projet de Casablanca, actuel- lement en cours, symbolise cette transition. Avec une capacité pré- vue de 200 millions de m3/an, il deviendra l’un des plus grands sites de dessalement d’Afrique, couvrant pour sa première phase la moitié des besoins en eau potable de la métropole dès 2026. À terme, plus de 60% des besoins nationaux en eau potable devraient être couverts par le dessalement. Les ambitions sont considérables, avec des sta- tions en cours de construction à Nador, Tanger, Souss, Tan-Tan, Guelmim et Rabat, sans oublier la mise en service de la station de Dakhla prévue en 2025. La production totale d’eau dessalée devrait atteindre 1,7 milliard de
m3/an à l’horizon 2030, de quoi approvisionner près de 24 mil- lions de citoyens. En attendant les effets de ces grands chantiers, le gouverne- ment déploie des solutions tem- poraires pour éviter les pénuries et sécuriser l’alimentation en eau potable (AEP), surtout dans les zones les plus vulnérables. Des programmes d’urgence en 2023- 2024, mobilisant un total de 9,32 milliards de DH, ont permis la sécurisation de l’AEP du Grand Tanger et l’adduction en eau des- salée entre la station de l’OCP à Jorf Lasfar et Daourat/SEOER. De plus, 110 stations mobiles de traitement et de dessalement sont déjà opérationnelles dans
La pérennité du modèle gouvernemental dépendra aussi de la sobriété hydrique, de la réutilisation accrue des eaux usées traitées et d’une sensibilisation renforcée des citoyens et des entreprises à la rareté de l’eau.
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