ECONOMIE
24
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 OCTOBRE 2025
Investissements Le double pari de la performance économique et de la justice sociale
de vie dans toutes les régions. Toutefois, le social demeure le talon d’Achille du modèle actuel. Des notions essen- tielles comme la péréquation régionale ou la discrimination positive ont disparu du dis- cours officiel, alors qu’elles restent indispensables pour que personne ne soit exclu des fruits de la croissance. F. N. H. : Les investisse- ments validés peuvent- ils réellement générer de l’emploi et de la valeur ajoutée locale ? Kh. D. : Les Commissions nationales d’investissement ont pour objectif de pro- mouvoir les investissements publics et privés, de faciliter leur mise en œuvre, et de ren- forcer la compétitivité de l’éco- nomie. Le Maroc a déjà obtenu d’excellents résultats dans des secteurs comme l’automobile, l’aviation, les énergies renou- velables, les télécoms, la ban- cassurance, ou encore l’ex- portation de fruits et légumes. L’exploitation potentielle des ressources marines (hydro- carbures, terres rares, halieu- tiques) est également promet- teuse. Mais une «branding nation» réussie repose d’abord sur des services sociaux solides et équitables, à travers une régio- nalisation avancée touchant aussi bien les montagnes, les oasis que les zones côtières. C’est d’ailleurs un point sou- levé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son der- nier discours. La montée de la valeur ajou-
Douze projets stratégiques viennent d’être validés pour un montant global de 45 Mds de DH. Ces investissements visent la création d’emplois et le renforcement de la compétitivité. Le Royaume tente de concilier attractivité,
compétitivité et justice territoriale. Entretien avec Khalid Doumou, économiste et expert financier.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo: Les 12 projets d’inves- tissement validés par la Commission nationale, d’une enveloppe de plus de 45 Mds de DH, concernent des secteurs stratégiques. Quel impact cette dynamique d’inves- tissement peut-elle avoir sur l’économie maro- caine ? Tout d’abord, et compte tenu de la situation sociale délicate que traverse notre pays avec les revendications de la GenZ 212, il faut souligner que pour avoir un impact favorable et durable sur l’économie, nos décideurs doivent accorder plus d’atten- tion à l’investissement public dans les services de base, à Khalid Doumou :
savoir une école publique de qualité, un accès facilité au logement, une santé publique accessible aux plus démunis, et une lutte sérieuse contre le chômage des jeunes (37% des 15-24 ans). Le modèle social-démocrate, auquel le chef du gouverne- ment a fait plusieurs fois réfé- rence, semble tout à fait per- tinent, c’est le modèle idoine que nous devrions appliquer. Il s’agirait d’utiliser les deniers publics pour élever le niveau des services sociaux fonda- mentaux. Cela dit, notre pays a fait des progrès notables en matière d’attractivité. Le soft power marocain est en plein essor, illustré par les 17,4 millions
de touristes en 2024, les par- tenariats internationaux, les avancées diplomatiques sur le Sahara, et même le football. Le relèvement de la note souve- raine par Standard & Poor’s à BBB-/A-3 est une très bonne nouvelle. Il facilite l’accès aux financements internationaux à des taux plus avantageux (150 à 200 points de base en moins). Le développement doit donc être abordé sous un double prisme : économique et finan- cier, mais aussi spatial, social et environnemental. Le climat des affaires se porte assez bien en réalité, et la Coupe du monde 2030 constitue une opportunité exceptionnelle pour améliorer les infrastructures et le cadre
Tout projet économique d’envergure qui ne se fait pas pour le bien de la communauté est un projet voué à l’échec.
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker