FNH N_ 1212

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 OCTOBRE 2025

fonctionnaires nommés et par des élus locaux et nationaux. Tant que la régionalisation avancée n’aura pas été plei- nement opérationnelle, avec des compétences clairement définies et attribuées, les che- vauchements de responsa- bilités continueront de créer de la confusion et de freiner l’action publique. L’impact territorial d’un projet d’investissement doit avant tout être pensé dans une logique citoyenne. Tout pro- jet économique majeur qui ne bénéficie pas à la communau- té dans laquelle il s’insère est voué à l’échec. Une minorité gouvernante ne peut imposer durablement sa logique sans contrepoids; les tensions sociales finiront toujours par se faire entendre. Votre question est pertinente et réellement centrale, car la macroéconomie influence directement la microécono- mie, et donc la dynamique glo- bale influe sur le quotidien des entreprises et des ménages. L’approche Pestel (politique, économique, socioculturelle, technologique, écologique, légale) est un outil utile pour identifier les menaces et opportunités dans l’environne- ment externe d’une entreprise. Elle permet d’ajuster la straté- gie, de gagner en résilience et de mieux anticiper les trans- formations structurelles. De leur côté, les gouvernants doivent écouter activement leurs concitoyens, pour dis- tinguer leurs besoins fonda- mentaux de leurs envies pas- sagères. La communication verticale et horizontale entre les citoyens, les entreprises et l’État est essentielle. Sans la mésoéconomie, ce lien entre le micro et le macro n’est pas structuré par des relais efficaces (partis poli- tiques, syndicats, médias, ONG, etc.), et le système devient bancal. Or, les socié- tés modernes fonctionnent sur des écosystèmes sectoriels et territoriaux en constante recomposition. ◆

richesse produite doit donc être équitable et la croissance la plus inclusive possible pour ne pas créer un Maroc inéga- litaire au niveau de l’investis- sement, de la croissance et de l’emploi créés. En somme, la Charte de l’in- vestissement est un levier mul- tifonction. Elle doit permettre une répartition plus équitable de la richesse, renforcer la compétitivité territoriale à tra- vers l’exploitation des avan- tages comparatifs régionaux, et favoriser une croissance inclusive, créatrice d’emplois et de cohésion sociale. F. N. H. : Face aux exi- gences de cette nou- velle dynamique, notam- ment en termes d’im- pact territorial, de struc- turation des projets et de création d’emplois, quels ajustements stra- tégiques les entreprises marocaines doivent- elles anticiper pour res- ter compétitives ? Kh. D. : Il serait trop facile de faire reposer l’ensemble des dysfonctionnements sur l’État central. Le Maroc est gou- verné à la fois par des hauts  L’indice ICOR du Maroc atteint 8,1, signalant une faible productivité du capital public par rapport à d’autres pays émergents.

à la politique de décentralisa- tion engagée par le Royaume.

mettre des projets viables à court terme, dans le cadre d’in- vestissements de croissance rapide «Growth investment», ou à long terme, dans des secteurs plus stables mais à croissance lente. Ces derniers présentent un risque moindre de défaillance. Le Maroc a entamé une trans- formation profonde vers une économie de marché ouverte et performante. Cette transi- tion nécessite une capacité d’analyse stratégique, notam- ment comparative et prospec- tive, afin d’orienter efficace- ment les choix d’investisse- ment. L’engagement du Conseil des ministres, présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 19 octobre dernier, pour le financement des secteurs de la santé et de l’éducation, à hauteur de 140 milliards de dirhams et 27.000 emplois pré- vus dans le PLF 2026, illustre cette volonté de rééquilibrage. La croissance économique doit avant tout être un vecteur de bien-être pour le citoyen. Car réussir à glaner des points de croissance supplémentaire et de la richesse nationale additionnelle qui n’a pas des retombées socioéconomiques visibles et palpables dans l’ensemble des 12 régions du Royaume ne fait que créer plus de jalousie et de ressentiments par rapport à des municipalités nanties. La redistribution de la

F. N. H. : Quels sont les principaux leviers ou mécanismes que les entreprises marocaines doivent mobiliser pour bénéficier pleinement des dispositifs d’accom- pagnement prévus par la nouvelle Charte de l’in- vestissement ? Kh. D. : La Charte consti- tue un dispositif puissant de soutien à l’investissement. Elle prévoit une subvention pouvant aller jusqu’à 30% du montant éligible, conditionnée par le nombre d’emplois créés, le volume de l’investissement, ou encore l’impact territorial du projet. Les critères d’éligibilité sont à la fois humains, techniques et financiers. L’accès à ces primes est lié à plusieurs indicateurs : le ratio emploi/ Capex (situé entre 5 et 10%), l’approche genre, l’impact sur l’environnement, les emplois d’avenir ou encore l’intégra- tion locale. Des primes sec- torielles et territoriales sont aussi prévues pour orienter les projets vers les régions à fort potentiel mais encore sous- développées, ou vers des sec- teurs stratégiques. Les entreprises marocaines doivent capitaliser sur la qua- lité et la complémentarité de leur management pour sou-

Les projets d’investissement dépassant les 250 millions de dirhams sont désormais traités au niveau national, les autres sont délégués aux régions pour renforcer la décentralisation.

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