ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 23 OCTOBRE 2025
création d’emplois, puisqu’elle assure 40.000 postes de travail, qu’en devises générées et inves- tissements mobilisés. «Le Maroc a enregistré ces der- nières années des performances importantes face à de grands producteurs mondiaux d’avo- cats situés essentiellement en Amérique latine, notamment le Pérou, la Colombie et le Mexique. Ces pays sont plus avantagés que nous puisqu’ils sont dotés de bassins hydrauliques de grande importance comme celui de l’Amazonie. Malgré son climat semi-aride, le Royaume a toutes les potentialités nécessaires pour améliorer son rang mondial dans ce domaine. Il devrait être à terme le premier fournisseur de l’Europe qui importe près de 70% des exportations marocaines» , sou- ligne Abdellah Yamlahi, président de l’Association marocaine de l’avocat (MAVA). «Nous sommes conscients que l’avocatier consomme beaucoup d’eau. Il y a un défi de taille à relever en matière de dura- bilité, comme explorer de nou- velles pistes qui permettent d’ac- croître la productivité sans pour autant augmenter la superficie. L’utilisation de l’irrigation goutte à goutte et d’autres moyens technologiques de dernière génération peut favoriser cette démarche» , conclut Yamlahi. ◆
Les variétés marocaines sont très appréciées pour leur goût et leur prix compétitif.
Filière avocatier Le secteur peut-il concilier compétitivité et durabilité ?
L La filière est sévèrement critiquée pour sa grande consommation d’eau, même si elle réalise des performances remarquables en matière de production et d’export. Par C. Jaidani
e Plan Maroc Vert (PMV) a fait de l’exportation agricole l’un de ses principaux leviers de déve- loppement. Outre les produits historiques tels que les agrumes et les primeurs, d’autres filières ont bénéficié des incitations publiques destinées à stimuler leur production et à renforcer leur présence sur les marchés inter- nationaux. C’est le cas de l’avo- catier, dont la culture a connu une expansion spectaculaire ces dernières années. Séduits par la rentabilité de ce fruit très deman- dé à l’étranger, de nombreux exploitants ont progressivement délaissé leurs cultures tradition- nelles pour se lancer dans cette nouvelle aventure. Résultat : la production nationale a bondi, au point de provoquer parfois une surabondance de l’offre et, par
ricochet, une baisse sensible des prix. Mais ce succès a aussi soulevé de vives critiques. En cause, la consommation d’eau particuliè- rement élevée de cette culture, dans un contexte marqué par une pénurie chronique des res- sources hydriques. Après plu- sieurs années de sécheresse, des voix se sont élevées pour réclamer l’interdiction pure et simple de la culture de l’avo- catier. Des parlementaires ont même interpellé le ministre de tutelle, estimant qu’il était urgent de repenser la stratégie agricole nationale face aux défis clima- tiques. Fatima Tamni, députée de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), a, à maintes reprises, adressé des questions orales à la Chambre des repré-
sentants à ce sujet. Elle estime que «les cultures qui consom- ment beaucoup d’eau accen- tuent le stress hydrique et sont une menace pour la souveraineté alimentaire nationale. Il est urgent de traiter ce problème avec plus d’intelligence et d’innovation» . En réaction, l’Etat a arrêté les subventions accordées à la filière ainsi qu’à d’autres activités consommatrices d’eau, comme les pastèques. Il a imposé de sévères restrictions sur l’utilisa- tion de l’eau pour irriguer les plantations, mais cela n’a pas suffi à stopper leur expansion. Du côté des professionnels du secteur, il est hors de ques- tion d’interdire cette culture. Ils mettent en valeur les avantages socioéconomiques favorables engendrés, tant en matière de
90.000 tonnes exportées
La filière de l’avocatier occupe actuellement 7.000 hectares, pour une production annuelle moyenne de 40.000 tonnes. Pour la saison 2024/2025, un record de 100.000 tonnes a été atteint. Grâce à leurs bas- sins hydrauliques généreux en eau, les régions du Gharb et du Loukkos regroupent la majo- rité des exploitations. La filière est présente également dans le périmètre irrigué de Draâ- Tafilat et de Souss. Au niveau de l’export, le Maroc expédie 90.000 tonnes par an, ce qui le place au 9 ème rang mon- dial. L’Espagne est le principal client avec une part de près de 40%.
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