FNH N° 1169

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 17 OCTOBRE 2024

ECONOMIE

grands ouvrages ou bien opter pour un nombre conséquent de petits et moyens barrages ? «La construction des barrages obéit à de nombreux aspects qui sont à la fois d’ordre écono- mique, technique et budgétaire. Il est donc primordial de faire valoir tous ces critères pour opti- miser le rendement des projets. Construire des barrages dans des zones à forte pluviométrie permettra de récupérer le maxi- mum d’eau plutôt que d’être déversée dans la mer. Alors que dans les zones arides, les der- nières inondations dans la région du sud-est ont montré l’intérêt des ouvrages pour lutter contre les crues et aussi emmagasiner l’eau. Le choix devrait également porter sur les usages fixés pour les barrages qui peuvent concen- trer aussi bien l’alimentation de l’eau potable, l’irrigation, la pro- tection contre les crues que la production électrique» , affirme Khalid El Ghoumari, ingénieur hydrologue. Rappelons qu’actuellement, le Royaume dispose de 150 bar- rages d’une capacité totale de 19 milliards de m 3 . Et à l’horizon 2025, il est prévu de construire 20 barrages pour porter la capacité à 27 milliards de m 3 . «Certes, la multiplication du nombre de barrages permet- tra d’augmenter les réserves en eau, mais il est tout aussi important de réduire les inéga- lités interrégionales à travers l’interconnexion des bassins hydrauliques. Ceux qui ont un excédent hydrique devraient ali- menter d’autres régions qui sont déficitaires. Cette expérience a montré sa pertinence entre les oueds Sebou et Bouregreg. Actuellement, les bassins de Sebou et Loukkous affichent un taux de remplissage de res- pectivement 39,62% et 41,42%. Alors que celui de Oum Rabii est à 6,72% et Souss-Massa à 12,40%. Trois régions agri- coles, à savoir Tadla, Doukkala et Souss sont fortement impac- tées tant pour l’irrigation que pour l’eau potable», explique El Ghoumari. ◆

 L’interconnexion entre les bassins devrait donner une nouvelle vie à certaines régions agricoles impactées par la sécheresse.

ace à la croissance démogra- phique et économique, les besoins en eau ne cessent d’aug- menter tant pour servir l’agri- culture, qui s’adjuge 85% des ressources hydriques, que pour l’eau potable. En dépit des efforts alloués pour la mobilisation des ressources hydriques, à travers la construction de nouveaux bar- rages, le dessalement des eaux de mer, le déploiement de tech- niques d’économie d’eau, celles- ci subissent une forte pression sous l’effet des années succes- sives de sécheresse. A la fin des Pourquoi il faut revoir la politique des barrages Par C. Jaidani F Ressources hydriques L’interconnexion entre les bassins, une option pertinente pour réduire les disparités pluviométriques entre les régions. Le choix de l’emplacement et de l’usage des ouvrages est important pour optimiser le rendement.

années 80, le volume d’eau par habitant au Maroc était de 1.200 m 3 /an; il a régressé à 950 m 3 /an lors des années 2000. A partir de 2010, il a reculé à 800 m 3 /an et, actuellement, il a chuté à moins de 630 m3/an. Toutes les pro- jections annoncent des perspec- tives très sombres sur la situation hydrique du Royaume. Ces dernières années, le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 30%, un seuil très critique qui a nécessité diffé- rentes mesures drastiques pour économiser l’eau. Face à cette situation, Nizar Barraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a prôné dernièrement une nouvelle politique hydrique. «L’irrégularité de plus en plus marquée des précipitations, inte- rannuelle et intra-annuelle, l’aug-

mentation des températures et l’exacerbation des phénomènes extrêmes, comme les inondations et les sécheresses, imposent une nouvelle vision pour de meil- leures caractérisations et évalua- tions du potentiel des ressources hydriques et des besoins en eau des différents secteurs de l’éco- nomie nationale du Maroc», a-t-il affirmé dernièrement. Dans ce cadre, la politique des barrages joue un rôle impor- tant pour mieux développer le stockage en eau. Pour l’optimi- ser, il est important de choisir méticuleusement l’emplacement des ouvrages, et se poser cer- taines questions : quelles sont les régions à privilégier, faut-il priori- ser les zones à forte pluviométrie aux dépens des autres ? Est-il pertinent de se focaliser sur les

Ces dernières années, le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas les 30%, un seuil très critique qui a nécessité différentes mesures drastiques pour économiser l’eau.

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