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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 17 OCTOBRE 2024
ECONOMIE
répercussions sur les commu- nautés côtières marocaines. Les échanges commerciaux et les investissements directs étrangers pourraient être impactés si des barrières supplémentaires sont mises en place. Cela pourrait affecter la confiance des inves- tisseurs et compliquer les tran- sactions commerciales. Même si ce secteur est en croissance, des incertitudes juridiques pourraient ralentir les investissements et la coopération technologique dans ce domaine. Bien que principalement politiques, les aspects économiques liés à la gestion des flux migratoires et à la coopération en matière de sécuri- té pourraient également être affec- tés, car ils sont souvent liés à des financements et à des ressources partagées. Pour minimiser les impacts néga- tifs, il serait bénéfique pour les deux parties d'engager un dia- logue constructif pour adapter leurs accords et maintenir une coopération stable et mutuelle- ment avantageuse, loin de toute influence sur la souveraineté intan- gible du Maroc sur son Sahara. F.N.H. : Comment expliquez- vous la «nonchalance» de la Cour d'appel européenne face à la position de plu- sieurs Etats membres de l'Union européenne qui ont rejoint celle du Maroc ? Me A.E.K.B. : La perception de «nonchalance» de la Cour d'appel européenne peut s'expliquer par plusieurs facteurs : Primo, la Cour de justice de l'Union européenne opère de manière indépendante des influences poli- tiques, y compris des positions des États membres. Son rôle est d'interpréter le droit de l'UE de manière impartiale et basée sur des principes juridiques établis. Secundo, la Cour doit s'assurer que les accords internationaux respectent le droit international, y compris les principes relatifs aux territoires non autonomes et au consentement des populations locales. Cela peut primer sur les considérations politiques ou éco-
nomiques avancées par certains États membres. Tertio, les questions liées au Sahara sont juridiquement com- plexes et impliquent des inter- prétations du droit international qui peuvent diverger des positions politiques des États membres. Quarto, la CJUE peut également être guidée par des précédents juridiques et des décisions anté- rieures qui influencent son inter- prétation actuelle des accords. En somme, la «nonchalance» perçue pourrait être le résultat de l'enga- gement de la Cour à maintenir une approche strictement juridique, même lorsque cela diffère des positions politiques de certains États membres. F.N.H. : Ce verdict de la CJUE a-t-il un poids ? Existe- t-il des recours pour l’invali- der ? Me A.E.K.B. : Ce verdict n’a pas un poids considérable, puisque le Maroc a effectivement tou- jours affirmé que sa souveraineté, notamment sur son Sahara, est une question non négociable. Dans ce contexte, le Royaume pourrait choisir de ne pas adhérer à des accords qui ne respectent pas cette position. Cela signifie que toute décision de la CJUE qui pourrait être perçue comme
remettant en cause la souveraine- té du Maroc, pourrait être ignorée ou contestée par le Maroc dans ses relations avec l'UE. Cependant, il est également possible que les deux parties cherchent à trouver un compro- mis qui respecte les positions de chacun, tout en permettant la poursuite de leurs relations écono- miques et politiques. Les négocia- tions et le dialogue diplomatique jouent souvent un rôle clé dans la gestion de ces situations com- plexes. F.N.H. : Comment voyez- vous l’avenir des échanges économiques, les relations commerciales et les inté- rêts politiques entre Rabat et Bruxelles ? Me A.E.K.B. : Les relations entre Rabat et Bruxelles, bien que confrontées à des défis juridiques, ont le potentiel de se renforcer grâce à un dialogue équilibré. Historiquement solides, ces rela- tions couvrent des domaines clés comme le commerce et la sécu- rité. Malgré les tensions liées aux
décisions de la CJUE, le Maroc et l'UE ont un intérêt commun à coopérer, le Maroc étant crucial pour la stabilité régionale et l'UE étant un partenaire économique majeur. Pour surmonter les obs- tacles, un dialogue diplomatique intensifié et l'exploration de nou- velles collaborations, notamment dans les énergies renouvelables et la technologie, sont primordiaux. Un engagement renouvelé pourrait transformer les défis en opportuni- tés, nécessitant une volonté poli- tique pour garantir des bénéfices mutuels continus. Toutefois, S.M. le Roi Mohammed VI, dans son discours du 11 octobre courant, a mis en avant une stratégie pour renforcer la souveraineté marocaine, en insis- tant sur la défense de l'intégrité territoriale, notamment au Sahara. Le Souverain a mis en avant le sou- tien international, notamment celui de la France, et appelle à consoli- der les acquis diplomatiques avec l'appui des pays influents. Le discours royal insiste sur l'im- portance d'une diplomatie par- lementaire professionnelle pour défendre la position marocaine avec des arguments solides. Le Sahara est présenté comme un axe stratégique de la diplomatie royale, avec un soutien internatio- nal croissant. ◆
Ce verdict n’a pas un poids considérable ; le Maroc a toujours affirmé que sa souveraineté, notamment sur son Sahara, est une question non négociable.
La décision de la CJUE pourrait affecter les exportations agricoles, notamment les fruits et légumes.
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