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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 10 OCTOBRE 2024 / JEUDI 17 OCTOBRE 2024
SANTÉ
tions de soutien aux patients au Maroc témoigne de la prise de conscience collective sur l’im- portance de la solidarité dans le secteur de la santé, surtout face aux défis imposés par les mala- dies chroniques et coûteuses. Leur action permet de pallier certaines insuffisances du sys- tème public, notamment dans les zones rurales ou moins des- servies. F.N.H. : Le travail associa- tif est devenu au fil des ans institutionnalisé avec une vision, une stratégie, une évaluation et un audit. Expliquez-nous cet itiné- raire assez complexe ? Pr. I. H. : L'institutionnalisation du travail associatif résulte d'un besoin croissant de profes- sionnalisation dans la gestion des associations de santé. Ce processus complexe passe par l’adoption d’une gouvernance claire et transparente, avec des objectifs bien définis, une stratégie d’action précise et un suivi rigoureux des activités. L'évaluation et l’audit jouent un rôle central dans l’efficacité des associations, car ils permettent d’ajuster les actions selon les résultats obtenus et les besoins évolutifs des patients. Les finan- cements, qu'ils proviennent du secteur public ou privé, exigent désormais des comptes rendus détaillés sur l'impact des pro- jets, ce qui pousse les associa- tions à adopter des standards plus élevés de gestion. Par ailleurs, l'institutionnalisa- tion du travail associatif le valo- rise en lui offrant une reconnais- sance et un cadre formel qui renforce son efficacité. Grâce à cette démarche, les associa- tions bénéficient de partenariats plus solides avec l'État, les col- lectivités locales et le secteur privé, ce qui leur permet de mieux répondre aux besoins des populations qu'elles sou- tiennent, notamment les patients. Ces collaborations ren- forcent la crédibilité des asso- ciations, facilitent leur accès
aux financements et leur offrent des ressources supplémentaires pour leurs actions. Par consé- quent, les patients profitent d'un accompagnement plus struc- turé, d'une meilleure sensibili- sation à leurs droits, ainsi que d'une aide plus efficace pour l'accès aux soins, à la couver- ture sociale et à la réinsertion socioprofessionnelle. Cette ins- titutionnalisation permet aussi une meilleure coordination entre les différents acteurs de la santé, optimisant ainsi l'impact des initiatives associatives sur le bien-être des malades. F.N.H. : Les associations de santé constituent un pont entre les usagers et l'institution médicale. Leur rôle est fondamental dans la prise en charge des maladies chroniques et coûteuses. Qu’en est-il ? Pr. I. H. : En effet, les associa- tions de santé représentent un véritable pont entre les usagers et les institutions médicales. Elles facilitent non seulement l’accès aux soins, mais égale- ment la continuité de ces soins, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques comme l’insuffisance rénale. Ces maladies nécessitent un suivi constant et des traitements coûteux, parfois hors de portée des patients. Les associations interviennent en mobilisant des ressources financières, maté- rielles et humaines pour garantir que ces patients reçoivent les soins nécessaires, tout en sensi- bilisant les familles et la société à ces problématiques. Leur rôle est donc essentiel dans l’allé- gement des charges pour les institutions médicales et dans l’amélioration de la qualité de vie des patients. F.N.H. : Quelles consta- tations faites-vous aujourd’hui sur le rôle des associations de santé ? Pr. I. H. : Aujourd'hui, il est indéniable que les associations de santé jouent un rôle de plus
en plus structurant dans l’éco- système de la santé au Maroc. Elles contribuent non seulement à l’amélioration de la prise en charge des patients, mais aussi à la diffusion d’informations cru- ciales sur la prévention et le trai- tement des maladies. Cela dit, elles font face à des défis impor- tants, notamment en termes de financement, de reconnaissance officielle et de coordination avec les institutions publiques. Il est impératif de renforcer le parte- nariat entre l’État et ces associa- tions pour assurer la pérennité de leurs actions et l’élargisse- ment de leur impact. F.N.H. : Vous êtes prési- dente d’une association de soutien aux patients atteints d'insuffisance rénale dans la région de l'Oriental. Parlez-nous de votre expérience et du rôle que joue ce genre d’asso- ciation en matière de rap- prochement des soins aux citoyens ?
Pr. I. H. : En tant que prési- dente de cette association, j’ai eu l’opportunité d’observer de près l’apport et l’impact du tra- vail associatif dans l’accompa- gnement des patients atteints d’insuffisance rénale, une mala- die particulièrement lourde en termes de traitement et de coût. Notre mission a sensible- ment changé au fil des ans. Il s’agissait initialement de rendre les soins accessibles aux patients les plus dému- nis. Actuellement, nous nous focalisons sur la sensibilisation, l’information et le dépistage. En effet, nous effectuons des campagnes régulières de dépis- tage de la maladie rénale et de ses principaux facteurs de risque, le diabète et l’hyperten- sion artérielle, en plus des ren- contres de sensibilisation axées autour de la prévention de ces pathologies, et la promotion du don et la transplantation de rein qui demeure le traitement idéal de l’insuffisance rénale terminale. Dans certains cas nécessitant des bilans ou des médicaments onéreux, notre association intervient égale- ment. Ces actions ont permis de créer une véritable commu- nauté solidaire autour de ces patients, que nous aspirons à pérenniser. ◆
«Il est impératif de renforcer le partenariat entre l’État et les associations de santé pour assurer la pérennité de leurs actions et l’élargissement de leur impact».
Les associations contribuent non seulement à l’amélioration de la prise en charge des patients, mais aussi à la diffusion d’informations cruciales sur la prévention et le traitement des maladies.
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