L’entreprise hyper-locale : Réinventer les modèles économiq…

6 L’ENTREPRISE HYPER-LOCALE

“valises”, qui, à force d’être utilisés, ne veulent plus rien dire : chez VEJA, nous n’avons pas de mots pour décrire notre approche, on dit ce qu’on fait, tout simplement. Nous préférons parler de réalité et dans notre boutique à New York, nous avons mis ce slogan sur un mur : “Sustainability is an empty word, we choose reality” 6 . Ce qui nous intéresse, c’est la réalité. Nous essayons de produire des baskets plus écologiques, plus équilibrées –en les décomposant puis en reconstruisant chaque étape de la chaîne de valeur pour optimiser l’impact sur l’environne- ment, la justice économique, le développement social. Ensuite c’est à l’entre- prise d’expliquer ce qu’elle fait, de raconter cette « déconstruction » sans tomber dans le storytelling, le selfie et l’amour de soi… Nous ne regardons pas le prisme déformant des réseaux sociaux, nous essayons de cultiver la vérité et la simplicité dans un monde de surinformation et de fake news ». Sébastien Kopp, cofondateur de VEJA C’est aussi, me semble-t-il, l’intérêt du très robuste questionnaire d’autoéva- luation de la certification B Corp accessible gratuitement, qui analyse les pratiques de l’entreprise à 360° et, tel un miroir, lui renvoie la réalité telle qu’elle est. En considérant, au-delà de la RSE, la mission que s’est donnée l’entreprise et qu’elle inscrit idéalement dans ses statuts, ou ses efforts pour transformer son offre et son modèle économique – mais en privilégiant toujours la data (indicateurs de performance, mesures quantitatives et comparables) au blabla pour évaluer la réalité de cette transformation. L’autre problème, dans ce foisonnement lexical, est qu’au bout du compte on invente des concepts haut perchés et très généraux qui non seulement ne sont pas définis clairement (le risque de green-washing , d’ impact-washing ou de regenerative-washing n’est jamais loin) mais en plus éloignent de l’entrepreneuriat et du business… alors même que les entreprises sont loin d’avoir répondu à la question-clé que posait L’entreprise verte il y a 20 ans : comment inventer, à partir des impératifs du développement durable, une nouvelle façon d’entreprendre et d’innover, réajustée au monde, une nouvelle façon de conduire les activités humaines qui se conçoive dans le vivant et non en dehors, une approche renou- velée de la prospérité et des modèles économiques ? Dans ce contexte, il me semble qu’il est temps de « faire atterrir » ces concepts – et c’est ici que le local et l’entreprise hyper-locale ont un rôle majeur à jouer.

6. « Le développement durable est un mot vide, nous lui préférons la réalité. »

© 2023 Pearson France - L'entreprise hyper-locale Boris Chabanel, Arnaud Florentin, Elisabeth Laville, Annabelle Richard

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