« Quand tu planes dans les airs, que tu transperces les nuages, tu ressens une incroyable liberté.» Michael Engel Parachutiste
Et je suis toujours marié », glisse-t-il avec malice. Entrepreneur dans l’âme, Michael a créé il y a treize ans sa propre société de fabrication et de vente de produits en bois et d’accessoires, qu’il gère encore depuis son domicile vaudois de Tolochenaz. TOMBÉ DANS LE PARACHUTISME Cela peut étonner : le plus difficile pour Michael Engel n’a pas été de voler, mais de plier cor - rectement sa voile. Chaque élève apprend ce geste essentiel dès le début de sa formation. « Je suis un artisan habitué à utiliser mes mains. Je suis bon dans ce genre d’activité. Mais là, je bloquais, jusqu’à ce qu’une camarade du club me dise qu’il fallait envisager le pliage comme une méditation. Cela a marché ! » Et Michael de souligner : « C’est une commu - nauté forte. Chacun fait attention à l’autre, quel que soit son âge ou son milieu social. La sécurité est primordiale, mais en définitive, le parachutisme relève de ton unique responsabilité personnelle ! » Ce dernier point plaît beaucoup au Suédois, qui n’a pas hésité à investir dans son propre équipement, une fois sa licence en poche. Il a ainsi un meil - leur contrôle sur sa pratique. Avec le temps, il a aussi appris à gérer une inévitable peur. Il s’en sert lors de sa préparation mentale avant chaque saut.
L Le 7 septembre 2023, Michael Engel com - mence sa formation de parachutiste auprès de Flying-Devil, école professionnelle basée à Bex (VD) et à Ecuvillens (FR). Il a 65 ans. « J’ai toujours été fasciné par le fait de voler. A un moment donné, j’ai pensé passer une licence de pilote, mais je trouvais que piloter un avion s’apparentait davantage à la conduite d’une voiture volante. Je recherchais d’autres sen - sations. Et comme la retraite m’offrait le temps libre nécessaire à la concrétisation de mon rêve... » Il a aussi en tête de faire une surprise à l’un de ses deux fils. Anton, qui vit à Las Vegas, pratique déjà le parachutisme. L’athlétique retraité prévoit donc de « débarquer » dans la capitale mondiale du jeu accroché à une voile. L’idée s’étant propagée au sein de la famille, la surprise tourne court.
Discipliné, le parachutiste senior a suivi les conseils prodigués par son club. De lui-même, il a revu ses habitudes de vie : diminuer sa consommation d’alcool et intensifier son entraînement physique. Son objectif initial était la maîtrise de la chute libre depuis une sortie fluide de l’avion jusqu’à l’atterrissage correct. Mais c’est bien la sensation de voler qui le passionne. Son prochain but : expérimenter le frisson du vol en wingsuit. Grâce à cette combinaison spéciale en forme d’aile, le temps de chute libre d’une minute pourrait être « facilement » triplé. Avant de se lancer dans ce défi, il devra parvenir à 200 sauts. Aujourd’hui, il en a effectué plus de 60, à 4000 mètres au-dessus du sol. Un an après être tombé dans le parachutisme, Michael Engel n’est qu’au début de sa nouvelle vie.
▲ Michael a déjà sauté d’un hélicoptère, à 6000 mètres, ce qui nécessite le recours à l’oxygène. Mais davantage que les exploits, c’est le sentiment de liberté et la cama- raderie qu’il apprécie dans le parachutisme.
Qu’importe ! Michael Engel a acquis les bases théoriques et maîtrisé les aspects techniques de la chute libre. Il a tout loisir de partager le ciel du Nevada avec son fils. Un moment heureux immortalisé sur Instagram, ce dont il s’amuse tant son intérêt pour le parachutisme va bien au-delà de la simple performance. « Quand tu planes dans les airs, que tu trans - perces les nuages, tu ressens une incroyable liberté. Ce sport exige une concentration totale et, dans le même temps, une capacité à vivre l’instant présent pour que plus rien d’autre ne compte », confie-t-il, les yeux brillants, en mimant une traversée aérienne imaginaire. DE BOIS ET D’AIR Maître ébéniste de métier, diplômé de la renommée école de Capellagården, au sud-est de la Suède, Michael Engel a enseigné à l’Académie des beaux-arts de Vienne. C’est là qu’il rencontre sa future femme, Barbara. Au début des années nonante, le couple suédois s’installe en Suisse. Travaillant alors pour IKEA, Michael profite d’une proposition du spécia - liste du mobilier en kit qui souhaite étendre son marché à de nouveaux pays. Passé dans le secteur de l’achat et de la vente, il en - chaîne les déplacements professionnels. Il se rend en Roumanie, en Russie, en Chine, aux Etats-Unis ou au Canada. « Durant ma carrière, je voyageais près de 200 jours par an.
UNE PRATIQUE BIEN ENCADRÉE
MICHAEL ENGEL EN ACTION, À DÉCOUVRIR EN VIDÉO
« Michael est le parachutiste le plus âgé que nous ayons formé. Il a obtenu sa licence après 59 sauts, c’est une très bonne moyenne », précise Lydie Rabasa-Lhoret. Avant d’autoriser tout candidat à tutoyer le ciel, la responsable d’exploitation et cheffe de l’école Flying-Devil s’entretient avec lui et le soumet à des tests afin de vérifier sa condition physique. « Avec l’âge, on a moins de souplesse. On peut ressentir des raideurs dans la nuque. On est moins rapide dans les réflexes. En revanche, on est souvent plus concentré, attentif, respectueux des instructions. Le parachutisme nécessite une présence à 200 %. » Très sportif et très investi dans son activité, Michael Engel a rempli tous les critères d’admission. Sur conseil de l’école professionnelle de parachutisme, il a suivi une préparation avec le simulateur de chute libre à Sion. « Nous encourageons les candidats, notamment les seniors, à le faire avant d’entamer une formation. Cela permet d’évaluer leur motivation et de travailler la position à adopter à la sortie de l’avion », explique Lydie Rabasa-Lhoret.
SUR NOTRE BLOG rentesgenevoises.ch/blog
Il est possible de sauter en parachute à partir de 15 ans et tant que sa condition physique le permet. Sur ce dernier point, Michael Engel remplit tous les critères.
20 décembre 2024 - èremagazine
21 èremagazine - décembre 2024
Made with FlippingBook Ebook Creator