Carillon 2024 06 05

ACTUALITÉS MESSAGE D’ABSENCE DU BUREAU POUR SENSIBILISER À LA MIGRAINE

JEAN-BENOIT LEGAULT La Presse Canadienne

Les Canadiens sont invités cette se- maine à activer leur message d’absence du bureau pendant quatre heures, soit la durée minimale moyenne d'une migraine, par solidarité envers les personnes qui vivent avec ce problème. La campagne nationale «Absence du bureau pour la sensibilisation à la migraine» est mise de l'avant par Migraine Canada et Migraine Québec, en collaboration avec la compagnie pharmaceutique Pfizer, dans le cadre du mois de sensibilisation à la migraine. «Si le mot 'sensibiliser' arrive au haut de liste, on aura atteint notre objectif», a dit la présidente de Migraine Québec, la docteure Heather Pim, qui est aussi profes- seure adjointe de neurologie à l’Université de Montréal et directrice de la clinique des céphalées du CHUM. «Par exemple, si on peut sensibiliser un travailleur de la santé que la migraine existe, qu'on a des critères diagnostics clairs, qu'on a aujourd'hui de bons médicaments qui sont ciblés sur la maladie, et qu'on aide beaucoup de personnes qui sont relativement jeunes à être beaucoup plus fonctionnelles dans les années où elles devraient l'être, alors ce sera bien.»

Les patients essaieront souvent de soulager leur migraine en allant acheter ce qu’ils peuvent sur les tablettes de la pharmacie, a dit une spécialiste. Une prise en charge tardive de la maladie par des professionnels de la santé augmentera le risque de voir apparaître une maladie plus grave. (Ryan Remiorz, La Presse Canadienne)

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Plus de cinq millions de Canadiens vivent avec la migraine. Si le problème concerne tous les groupes démographiques, sa pré- valence atteint un sommet vers 30 ou 40 ans, l'âge auquel la plupart des personnes travaillent. Malgré cela, la migraine demeure souvent «mal comprise» et «stigmatisée» en milieu professionnel, car elle est directement asso- ciée à la capacité d’une personne à travailler, a-t-on déploré par voie de communiqué. «C'est une maladie qui affecte une popu- lation relativement jeune, et ce ne sont pas nécessairement les jeunes qui vont être priorisés pour avoir un médecin de famille, a rappelé la docteure Pim. Donc, très souvent ce qui arrive, c'est que les gens vont aller acheter ce qu'ils peuvent sur les tablettes de la pharmacie pour se traiter, pour essayer de vivre à travers cette maladie.» Le diagnostic de la migraine pourra donc se faire très tardivement, quand le patient se présentera à l'urgence en proie à une crise intolérable parce que les crises initiales n'auront pas été bien traitées. Cette prise en charge tardive augmentera le risque de voir apparaître une maladie plus grave, a rappelé la docteure Pim. «Avec cette campagne (de sensibilisa- tion), j'espère qu'une prise en charge plus précoce va réduire le taux de conversion de la forme épisodique de la maladie vers la forme chronique», a-t-elle dit. Heureusement, a-t-elle ajouté, la méde- cine a réussi au cours des dernières années à percer plusieurs des secrets de la migraine. On comprend ainsi aujourd'hui qu'il s'agit d'une tempête d'éléments inflammatoires dans le cerveau, ce qui mène non seulement à la douleur intense qui est ressentie, mais aussi aux autres symptômes qui caracté- risent la migraine.

Une meilleure compréhension des mécanismes qui sous-tendent la migraine a permis la mise au point de nouveaux médicaments, dont certains qui visent une composante de la cascade inflammatoire, le peptide relié au gène de la calcitonine (CGRP, en anglais). «Il y a aussi une nouvelle classe de médi- caments qui s'appelle les gepants, a dit la docteure Pim. C'est avantageux parce qu'il y a certains gepants qu'on peut prendre pour prévenir la migraine quand on fait de nombreuses crises, et d'autres pour casser la migraine.» Il y a quand même encore beaucoup d'éducation à faire, a prévenu la docteure Pim, non seulement du côté de la population qui considère souvent (à tort) que la migraine est seulement «un gros mal de tête», mais aussi du côté des professionnels de la santé qui ne sont peut-être pas aussi familiers avec le problème qu'ils devraient l'être. «Il y a encore beaucoup de travail à faire en termes d'éducation sur la migraine dans les universités pour que l'apprentissage se fasse plus tôt, a-t-elle estimé. On va parler (aux étudiants en médecine) de maladies fréquentes comme le diabète ou l'hypertension, mais pas de la migraine. La différence, c'est qu'on peut mourir du diabète ou de l'hypertension, mais on ne meurt habituellement pas de nos migraines.» Dans un système aux ressources limitées, a-t-elle ajouté en conclusion, on accordera plus d'attention aux maladies «mortelles» qu'aux problèmes «morbides».

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