R essources hydriques
Ça craint ! Sécheresse, taux de remplissage des barrages historiquement faible, baisse drastique des nappes phréatiques : le Maroc connaît un sévère stress hydrique. L’Etat organise la riposte, mais sera-t-elle suffisante ?
à la Haute Moulouya, selon le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Le Maroc organise la riposte Face à cette situation critique et une sécheresse qui tend à devenir un défi structurel, l’Etat organise la riposte, à travers notamment le Plan natio- nal de l’eau et le Programme natio- nal d’alimentation en eau potable et d’irrigation 2022-2027, qui prévoit un investissement de 115 milliards de dirhams. Il s’agit également d’activer la construction des barrages program- més, mettre en place des intercon- nexions hydrauliques, promouvoir les technologies innovantes dans le domaine de l’eau, et particulièrement le dessalement d’eau de mer, dévelop- per de façon soutenue la réutilisation des eaux usées et améliorer l’efficacité hydrique. Dans ce cadre, durant les 3 dernières années, 4 stations de dessalement ont été achevées et mises en service : Al Hoceima, Agadir, Tarfaya et Laâyoune. Et, selon le DG de l’ONEE, Abderrahim El Hafidi, douze projets sont égale- ment en cours de développement. La réponse actuelle des autorités suffi- ra-t-elle à garantir la sécurité hydrique du Maroc ? Les projections n’incitent pas à l’optimisme, puisque, selon Baraka qui relève «un véritable pro- blème d’eau qu’on doit affronter» , la région méditerranéenne connaîtra à l’horizon 2050 une baisse comprise entre 20 et 30%. «L’évolution démographique prévisible
L
taux de remplissage des barrages his- toriquement faible, baisse drastique des nappes phréatiques… ont fini par plonger le pays dans un sévère stress hydrique, comme le souligne le rapport du World Resources Institute (WRI). Sur un total de 164 pays, le Royaume se hisse à la 23 ème place du classement mondial, se situant dans la case des pays avec un taux de stress hydrique «élevé». Ces données sont confirmées par la Banque mondiale, qui souligne qu’entre 1960 et 2020, les ressources hydriques renouvelables disponibles ont diminué, pour passer de 2.560 m 3 à environ 620 m 3 par personne et par an, entraînant le pays dans une situation de «stress hydrique structurel». Au 8 décembre 2022, les réserves en eau du Maroc étaient inférieures à 4 milliards de m 3 , avec des barrages qui affichent un taux de remplissage de 23,8% contre 34,6% enregistré l’an der- nier à la même période. De même, à cause de l’exploitation excessive de la nappe phréatique, celle-ci connaît une baisse de trois mètres, dépassant, parfois même, les 6 mètres, comme c’est le cas à Zagora et
a situation hydrique au Maroc est alarmante. Le Royaume est frappé de plein fouet par la pénurie
d’eau. Mais il n’est pas le seul dans ce cas. Selon les Nations unies, la pénurie d’eau touche actuellement près de 700 millions de personnes dans 43 pays. Et cela va aller en s’empirant. En 2025, 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou régions touchés par une pénu- rie d’eau complète et les deux tiers de la population mondiale pourraient vivre dans des conditions de stress hydrique. Selon le scénario actuel sur le change- ment climatique, près de la moitié de la population de la planète vivra dans des régions soumises à un fort stress hydrique d’ici 2030, dont entre 75 mil- lions et 250 millions de personnes en Afrique. De plus, la pénurie d’eau dans certaines régions arides et semi-arides poussera entre 24 à 700 millions de personnes à se déplacer. Le Maroc dans le dur Le Maroc traverse une période par- ticulièrement difficile. Sécheresse,
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 14
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