Hors Série 44

R essources hydriques

Rareté de l’eau

Etat d’urgence hydrique ! Le ministère de l’Equipement et de l’Eau agit actuellement sur deux principaux leviers : la protection et l’efficacité hydriques. Les technologies innovantes, comme notamment le dessalement de l’eau de mer, semblent être une alternative crédible face à la baisse constante des apports en eau due au changement climatique.

consommer, mieux produire et moins rejeter» , c’est-à-dire moins gaspiller. C’est à ce titre que nous avons lancé une campagne importante intitulée «’’Stop au gaspillage’’», note-t-il. En cela, fait remarquer le ministre, «nous nous retrouvons parfois avec beaucoup d’eau au niveau des grands barrages que nous sommes obligés de rejeter en mer afin d’éviter les risques de destruction de ces ouvrages suite aux inondations qui peuvent subvenir». Ainsi, fait-il savoir, «1 milliard de mètres cubes d’eau est rejeté en mer tous les ans au Maroc. En 2022, malgré la faible pluviométrie et la baisse des apports, nous avons lâché 500 millions de m 3 au niveau du barrage Wahda». Multiplication des initiatives Face au déficit hydrique sévère qui frappe le Maroc, les pouvoirs publics multiplient les initiatives. Actuellement, pas moins de 16 barrages sont en cours de construction. «Nous allons égale- ment démarrer une opération de trans- fert de l’eau disponible à partir du bas- sin de Sebou et du Bouregreg. De cette manière, des villes comme Casablanca pourront être mieux sécurisées sur le plan hydrique» , confie Baraka. Les actions portent aussi sur le dessale- ment de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées, une meilleure connexion entre les différents bassins, une meil- leure valorisation des ressources en eau dans le secteur agricole et dans les zones industrielles, la protection des nappes phréatiques… «Nous sommes en outre en train de cartographier et de répertorier les différentes nappes phréa- tiques. Nous réfléchissons également à la pose de compteurs au niveau des puits afin de rationaliser leur exploitation» , souligne le ministre, qui a tenu à saluer les efforts du Groupe OCP en matière de promotion de la technique de dessa- lement de l’eau, étant donné que tous ses sites industriels seront alimentés, à terme, uniquement par des stations de dessalement dédiées. Pour Baraka, l’action publique ne sau-

F

a tenu d’emblée à planter le décor. «Le Maroc est classé au 23 ème rang mon- dial pour ce qui est de l’exposition aux risques hydriques» , a-t-il affirmé, sou- lignant que «2022, qui est la 4 ème année consécutive de sécheresse, a été particu- lièrement sèche, avec une baisse de plus de 80% des apports en eau. Cette année a également été très chaude, avec des niveaux de température qui ont dépassé les moyennes habituelles d’environ 1 degré. Tout cela touche bien évidemment le consommateur et les agriculteurs, en plus de menacer les générations futures». Selon lui, face aux changements clima- tiques sur lesquels les gouvernements n’ont aucune emprise, il y a deux élé- ments essentiels auxquels il faut prêter attention. Le premier concerne la protection hydrique, autrement dit protéger les citoyens contre la soif, les inondations et le manque de produits alimentaires (puisque les agriculteurs sont tou- chés par la sécheresse). Il s’agit aussi de protéger les générations futures, en rapport notamment avec les nappes phréatiques. «Nous avons eu cette année une baisse encore plus importante des nappes phréatiques, qui a atteint dans certains endroits jusqu’à six mètres contre une baisse moyenne de 3 par an». Le second élément a trait à l’effica- cité hydrique : ce qui suppose «mieux L’année 2022 a été particulièrement sèche, avec une baisse de plus de 80% des apports en eau.

aiblesse des précipita- tions, épisodes de séche- resse de plus en plus récurrents, déficit sévère

des bassins hydrauliques, niveau des nappes phréatiques qui recule de 2 à 3 mètres par an … : c’est le panorama de la situation hydrique au Maroc. Une situation d’autant plus alarmante que la disponibilité des ressources en eau dans le Royaume est passée de 2.560 m 3 en 1960 à moins de 620 m 3 en 2022, soit un niveau en deçà du seuil de pénurie fixé à 1.000 m 3 /hab/an. Et l’on s’ache- mine vers le seuil de 500 m 3 /hab/an. C’est pourquoi la gestion des ressources hydriques a été érigée en priorité natio- nale. La problématique de l’eau cris- tallise actuellement tous les débats. En témoigne le Symposium de l’eau, organisé mercredi 5 octobre 2022 par Finances News Hebdo, en partenariat avec le ministère de l’Equipement et de l’Eau et le ministère de l’Industrie et du Commerce. Tenu sous le thème «Efficacité et sécurité hydriques au Maroc : Tous responsables !» , cet événe- ment important a réuni tous les acteurs de l’écosystème concerné par cette problématique. Il s’est décliné en trois tables-rondes qui ont permis d’aborder le stress hydrique au Maroc dans toutes ses dimensions. La première table- ronde s’est penchée sur «les politiques publiques en matière de protection des ressources et d’efficacité hydriques»; la seconde a porté sur «les bonnes pra- tiques en matière de gouvernance et de contrôle de l’eau» ; et la dernière sur «les partenariats public-privé dans la gestion des ressources hydriques». Dans son intervention, le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka,

…/…

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 16

Made with FlippingBook flipbook maker