R essources hydriques
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avait d’ailleurs envisagé de publier un Traité de l’eau . Il en va de même pour la riche tradition orientale. La fameuse Grande Vague d’Hokusai (1831), qui a exercé une grande influence sur l’art occidental de la fin du XIX ème siècle, n’est que la crête de la vague, le motif étant déjà admirablement présent au Japon chez Ogata Körin (1658-1716), contemporain du peintre et théo- ricien chinois Shitao, pour qui les vagues, les tourbillons et les marées font partie des qualités de l’eau (en étroit rapport avec celles de la montagne). Dans l’art occidental, le XIX ème siècle marque un tournant en met- tant l’accent sur l’instabilité des phénomènes météorologiques. Tel est le cas de Turner, qui s’est passionné pour les tourbillons, la pluie, les tempêtes, la brume et la vapeur. Aussi, n’est-il pas étonnant que John Ruskin, qui a beaucoup Dans l’art, le thème de l’eau est abondamment traité au cours des siècles. Omniprésente dans l’uni- vers, à la fois source de vie et d’énergie et symbole riche de significations…
contribué à le faire comprendre, consacre de nombreuses pages de ses ouvrages à la représentation de l’eau et s’insurge contre l’emploi de lignes horizontales, quand ce sont les reflets qui doivent être rendus, les «lignes d’agitation de la sur- face» . Les impressionnistes, Monet en particulier, puis les néo-impres- sionnistes, Signac avant tout, s’at- tacheront tout particulièrement à rendre les vibrations de la surface et ses scintillements lorsque les rayons du soleil la transforment en autant de miroitements. L’intérêt pour les ondulations de la surface de l’eau ne s’arrête pas au XIX ème siècle. Le peintre anglais David Hockney les représente éga- lement dans sa série des piscines, en s’inspirant de photographies. Dans l’art, le thème de l’eau est abondamment traité au cours des siècles. Omniprésente dans l’uni- vers, à la fois source de vie et d’éner- gie et symbole riche de significa- tions, l’eau est maintes fois chantée par les poètes et les écrivains. Elle emplit de ses notes parfois suaves, parfois âcres les compositions des musiciens : Hendel avec «Water- Music» ou encore Frédéric Chopin avec «Prélude à la goutte d’eau» qu’il écrit à Majorque lors de son voyage avec George Sand…
Plus connue sous le nom de «La Vague», celle-ci est une célèbre estampe japonaise du spécialiste de l’«ukiyo-e», Hokusai, publiée pendant l’épo- que d’Edo.
ture. La peinture est-elle autre chose que l’art d’embrasser ainsi la sur- face d’une fontaine ? (1435)». Cette conception de l’eau comme miroir explique l’importance qui lui est conférée, Léonard considérant éga- lement le miroir comme le maître du peintre. Mouvement Une question se pose : pourquoi l’art occidental classique a-t-il sou- vent privilégié la représentation de l’eau comme une surface lisse, sans rides ? La raison en est sans doute l’importance des théories idéalistes. Comme l’a noté Charles Blanc au XIX ème siècle, à propos des nuages : «comment décou- vrir la forme normale de ce qui est naturellement informe ?» . Aussi, les peintres académiques ont-ils avant tout privilégié le stable sur l’instable, le permanent sur l’acci- dentel, l’eau stagnante sur l’eau en mouvement. Il y a cependant des exceptions. L’une des plus notables est Léonard de Vinci, qui a consacré une quantité considé- rable d’observations et de croquis aux mouvements de l’eau : vagues, remous, turbulences, tourbillons, flux et reflux, inondations, chutes d’eau, écume, pluie, déluge... Il
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 40
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