Hors Série 44

P rotection sociale

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de 28.000 médecins, et nous avons besoin de 65.000 professionnels de santé, dont 32.000 autres médecins. Le besoin en médecins est criant et la seule solution est de former plus. Le problème, c’est que même en for- mant plus, plusieurs étudiants en médecine font le choix d’exercer à l’étranger. Chiffre à l’appui, ils sont aujourd’hui entre 10.000 et 14.000 médecins marocains à s’être installés ailleurs. Par ailleurs, parmi les 28.000 médecins travaillant au Maroc, une partie exerce dans le secteur public et une autre, nettement plus impor- tante, opte pour le privé. Certes, il faut former plus de médecins, mais il faut surtout savoir les retenir. Primo, pour ce qui est de la formation, parmi les solutions classiques figure la révision du nombre d’années d’étude, chose faite en passant de 7 à 6 ans, mais tout en adaptant le cursus uni- versitaire aux besoins et objectifs de la politique de santé au Maroc. Secundo, la formation de plus de médecins et de professionnels de santé nécessite plus de CHU et de facultés de médecine. Dans ce cas-là, il est donc primordial de faire parti- ciper les médecins-enseignants exer- çant dans le privé à l’encadrement des étudiants. Il faut également veiller à La santé n’est pas juste un secteur social; inves- tir dans la santé c’est investir dans l’économie du pays.

ce que la formation des médecins ne se passe pas uniquement aux amphi- théâtres, mais plus au chevet des malades, dans les hôpitaux et dans l’ambulatoire. Le rôle du privé est très important; il faut penser à accréditer des cliniques afin de leur permettre de recevoir des étudiants. Il en est de même pour les cabinets médicaux de spécialistes ou de généralistes afin que ces étudiants puissent faire leurs stages en médecine de ville, c’est- à-dire la médecine ambulatoire, d’autant que c’est au niveau de ces établissements que se fait la majorité des demandes de soins, non pas au niveau des CHU. Les médecins marocains fuient leur pays pour plusieurs raisons. D’abord, les conditions salariales ne sont pas à la hauteur de leurs attentes, que ce soit dans le public ou dans le privé. D’ailleurs, certains médecins du privé partent à l’étranger même après avoir engagé des investissements, et ce au vu des nombreuses difficultés rencon- trées, notamment sur le plan fiscal. Il faut donc repenser tout ça et amé- liorer les conditions matérielles ainsi que l’environnement de travail. Autre raison, la formation jugée de plus en plus faible. Celle-ci devrait donner aux médecins plus de perspectives de car- rière. L’exode des médecins n’en est qu’à son début; ce phénomène risque de s’accentuer à l’avenir puisque nous sommes dans l’ère de la mondialisa- tion, et les pays du nord semblent pré- senter plus d’opportunités. Il faut faire le maximum pour maîtriser le flux des médecins à l’étranger en créant un environnement favorable. Le Maroc

La généralisa- tion de l’AMO va donner lieu à une explosion de la demande des soins.

44 dollars. Plusieurs études interna- tionales l’ont prouvé : investir dans la santé, c’est investir dans l’économie du pays. La santé n’est pas juste un secteur social. Être en bonne santé permet aux gens de jouir des autres droits humains. Un enfant qui est tout le temps malade, n’ira pas à l’école et par conséquent ne pourra pas accéder de manière équitable au marché du travail. Etre en bonne santé permet donc d’être productif, d’être instruit, plus rentable, de faire des économies et d’encourager l’investissement. C’est la raison pour laquelle j’ai défini ce chantier royal comme une révolution sociale. La généralisation de l’AMO est effectivement une porte d’entrée vers la justice sociale. Au Maroc, les ménages marocains payent envi- ron 60% des dépenses de santé, dont 45% sont des dépenses directes et le reste des cotisations à l’AMO. Or, 60% c’est énorme puisque dans certains pays, ce taux varie entre 1% et 8%. 60% des dépenses de santé à la charge des ménages constituent un handicap face au recours aux soins. Certains renoncent à leur traitement unique- ment parce qu’ils n’ont pas les moyens, mettant ainsi en péril leur santé. F. N. H. : Le Maroc connaît une fuite non négli- geable des cerveaux dans le domaine de la santé. Or, cet état de fait va à l’encontre des ambitions du projet de la généralisation de la couverture sociale, notamment pour ce qui est de couvrir la demande en soins appelée à aug- menter grâce audit projet. Quelles peuvent être les solutions envisageables selon vous ? Dr T. H. : Le Maroc dispose actuellement

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FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 74

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