Hors Série 44

P rotection sociale

la couverture sanitaire universelle et de la protection sociale est telle qu’il ne peut être porté par le seul ministère de la Santé. C’est un projet transverse dont la réussite dépendra de l’im- plication de plusieurs ministères de notre gouvernement. Là aussi, l’ensei- gnement de la pandémie de la Covid- 19 est éloquent. Si nous avons traversé le plus difficile et dangereux cap de cette pandémie et du confinement avec toutes ses conséquences socioé- conomiques avec brio, et bien mieux que de nombreux pays, y compris les plus développés, c’est bien grâce à l’implication d’autres ministères et forces de notre pays. De la même façon, l’implication d’autres minis- tères et départements gouvernemen- taux sera essentielle pour la réussite de ce chantier royal. Mais ce projet ne pourrait être opérationnalisé sans textes de lois, décrets d’application etc., qui doivent préciser le rôle, la responsabilité et les limites de chacun des acteurs impliqués dans ce chan- tier. La loi-cadre n°06-22 relative aux garanties essentielles accordées aux ressources humaines des métiers de la santé, la loi n° 07-22 relative à la Haute autorité de la santé, la loi n° 08-22 relative aux Groupements sanitaires territoriaux, la loi n°09-22 concernant l’Agence nationale des médicaments et des produits de santé, la loi n°10-22 relative à l’Agence marocaine du sang et de ses dérivés ainsi qu’un certain nombre de décrets d’application sont déjà là et d’autres vont sortir inces- samment. En ce qui concerne la n° 06-22, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a expliqué que «cette loi- cadre constituera une opportunité his- torique pour bâtir un système de santé plus robuste, plus équitable, plus sûr, plus efficient économiquement, plus viable en termes d’investissement et, surtout, à visage humain». F. N. H. : Quels sont les enjeux de la généralisa- tion de la protection sociale ? A. B. : La généralisation de la protec- tion sociale est un chantier pratique- ment aussi important que celui de la couverture sanitaire universelle. Notre système de retraite est resté limité aux seuls salariés. Les profes- sions libérales, les artisans, les sans métiers en étaient exclus. En 2018, le nombre des cotisants à un régime de

Refonte du système de santé «Le gouvernement doit faire preuve d’ingéniosité pour trouver d’autres sources de financement» Le secteur de la santé est au carrefour d’une réforme importante. La couverture sanitaire universelle (CSU) et la protection sociale mobiliseront 51 milliards de dirhams par an, alors que par le passé le budget de la santé tournait aux alentours de 6% du budget général du gouvernement. Entretien avec Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé.

Finances News Hebdo : Quelles sont les mesures d’accompagnement fondamentales que néces- site la refonte du système de santé dans le cadre de la généralisation de la protection sociale ? Abdelmajid Belaïche : Tout d’abord, il faut rappeler les 4 piliers de la refonte de notre système de santé, à savoir une nouvelle gouvernance, la valorisation des ressources humaines médicales et paramédicales, la mise à niveau des infrastructures hospitalières et la digi- talisation globale et intégrée de notre système de santé. Côté financement,

un budget important a été mobili- sé pour atteindre les objectifs de ce grand chantier royal. Il faut dire que la pandémie de la Covid-19 a marqué profondément et durablement notre conception de la santé, qui est passée au premier plan des préoccupations de l’Etat et qui a obligé de changer de paradigme. Désormais, la santé est devenue un bien collectif à l’ensemble des citoyens et qui exige de mobiliser les ressources humaines et les moyens adéquats et suffisants. L’ampleur du chantier royal de la généralisation de

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FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 78

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