P rotection sociale
neté sanitaire nationale inclut, entre autres, la souveraineté pharmaceu- tique, qui se traduit par notre capacité à approvisionner notre pays en médi- caments et en dispositifs et équipe- ments médicaux. Et, à bien maîtriser et sécuriser notre approvisionnement en ces produits essentiels et straté- giques et à réduire au maximum notre dépendance vis-à-vis de pays tiers. Cette souveraineté pharmaceutique passe d’abord par de la fabrication locale des produits de santé et, pour ceux inévitablement importés, envi- sager une diversification des sources d’approvisionnement. Notre indus- trie pharmaceutique est compétitive jusqu’à un certain point. La preuve est la présence de nos médicaments dans de nombreux pays africains et même en Europe. Mais cette indus- trie pharmaceutique nationale pour- rait être encore plus compétitive si elle est accompagnée et encouragée par l’Etat. Aujourd’hui, les prix des matières premières pharmaceutiques et leurs coûts logistiques flambent au niveau mondial, alors que le minis- tère de la Santé continue sa politique de baisse des prix des médicaments de manière continue et déconnec- tée avec la réalité actuelle du marché pharmaceutique mondial. Le risque est d’arriver à des situations où il ne sera plus possible de produire cer- tains médicaments de façon rentable, avec pour conséquences la disparition de ces derniers de notre marché local. La Turquie a déjà connu ce scéna- rio. Il serait plus logique d’indexer au minimum les prix des médicaments sur les coûts des matières premières et les coûts logistiques pour éviter les scénarios catastrophes des pénuries. D’un autre côté, on peut être plus optimiste en disant que finalement, la mise en place de la couverture sani- taire universelle va booster l’accès aux soins et notamment aux médica- ments, aux dispositifs et équipements médicaux. En effet, elle va amplifier leur utilisation, avec pour consé- quence l’élargissement d’un marché pharmaceutique national, qualifié aujourd’hui d’étroit. Ceci permettra à de nombreux produits de santé de réaliser des économies d’échelle et de pouvoir baisser leurs prix, tout en restant rentables à produire, et donc de devenir plus compétitifs aussi bien sur notre continent que dans d’autres continents.
…/…
hôpitaux pauvres pour des pauvres, mais comme des centres d’excellence sanitaires où tous les citoyens pour- ront se soigner, qu’ils soient pauvres ou riches. Ce travail sur l’image des hôpitaux publics constitue également un gros défi à relever. Il faut rappe- ler qu’aujourd’hui, le secteur privé est plus attractif par ses ressources humaines, ses plateaux techniques et la qualité de l’hébergement, à tel point qu’il capte 90% des frais des soins remboursés par l’AMO. Sans la restauration de la confiance des citoyens en ces structures sanitaires, elles ne feront pas le poids face à l’offre privée et le déséquilibre entre le secteur public et le secteur privé risque de s’aggraver. F. N. H. : Atteindre la souveraineté sanitaire passe par une meilleure gouvernance du médi- cament, une industrie pharmaceutique compéti- tive et un système de santé solidaire. Comment y parvenir ? A. B. : La souveraineté sanitaire passe à la fois par une meilleure offre nationale en soins et en ressources humaines médicales. Cette souverai- Les ressources humaines médicales des métiers de la santé représentent aujourd’hui le plus grand défi à la réalisa- tion effective d’une cou- verture sanitaire univer- selle.
Il serait plus logique d’indexer au minimum les prix des médicaments
nos besoins en soins. De nombreux réglages seront nécessaires avant de se faire une idée plus précise sur les besoins en santé et de pouvoir y répondre de manière optimale. Mais ce qui est sûr, c’est que le gouver- nement doit faire preuve d’ingénio- sité pour trouver d’autres sources de financement et toutes les solutions qui permettront d’optimiser au maximum ce budget, tout en offrant une couver- ture sanitaire la plus large et complète possible. Dans ce cadre, la digitalisa- tion sera un précieux allié. Cette digi- talisation permettra la connexion des différents acteurs de santé pour plus d’efficacité et une meilleure coordina- tion. De même, elle garantit la trans- parence, et surtout la traçabilité des actes de soins et permettra de lutter plus efficacement contre les fraudes et les abus. F. N. H. : Les perspectives pour l’année 2023 concernent la poursuite de la mise à niveau des infrastructures sanitaires. Quelle lecture en faites-vous ? A. B. : Le projet de mise à niveau des infrastructures sanitaires existantes et de la construction de nouvelles infrastructures avance bien. Il sera important de redéfinir le futur rôle de chacune de ces structures face à la forte concurrence représentée par les cliniques et hôpitaux privés, mais aussi de restaurer la confiance des citoyens en ces structures publiques après des décennies de désamour. Il ne faut plus que les structures publiques soient perçues comme des
sur les coûts des matières
premières et les coûts logistiques pour éviter les scénarios catastrophes des pénuries.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°44 82
Made with FlippingBook flipbook maker