FNH N° 1175-1

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VENDREDI 29 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Généralisation de l’AMO Peut mieux faire !

Actuellement, trois régions du Maroc concentrent 75% des pro- fessionnels de santé, laissant les autres régions avec une couver- ture insuffisante», explique Dr. Tayeb Hamdi, médecin et cher- cheur en politiques et systèmes de santé. Et de poursuivre : «Un autre défi majeur réside dans la confiance des citoyens envers le système de santé. Le modèle d’assurance maladie contributive repose sur la fidélité des cotisants. Si les assurés ne voient pas de résultats tangibles, la confiance s’érode. Aujourd'hui, deux tiers des travailleurs non-salariés affi- liés à la CNSS ne paient pas leurs cotisations, ce qui conduit à une situation où leurs droits sont fer- més. Il est donc crucial de renfor- cer cette confiance pour que les citoyens continuent de cotiser et de participer au financement du système». En vue d’améliorer l'accès aux soins, Hamdi estime que la solu- tion serait de généraliser le tiers payant, notamment pour les per- sonnes dont les salaires sont modestes (6.000 à 8.000 dirhams par mois). «Ces assurés, qu’ils soient du secteur public ou privé, ne peuvent souvent pas avancer les frais médicaux, ce qui les pousse à renoncer aux soins», explique-t-il. En effet, 40% des Marocains renoncent à se faire soigner pour des raisons financières. Parmi les personnes non couvertes, 60% renient également aux soins, et un tiers des assurés aussi. Cela signifie qu’au total, près de 2 Marocains sur 5 se privent de soins en raison des coûts. A fond la prévention ! Pour assurer la viabilité de l’AMO à long terme, Hamdi juge qu’il est indispensable de maîtriser les dépenses, et cela commence par une forte priorité à la pré- vention. «Si nous attendons que les gens soient malades (can- cers, dialyses, etc.) avant de les traiter, l’AMO sera systématique- ment déficitaire. La prévention, les campagnes de vaccination et l’éducation à la santé sont

L La généralisation de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) au Maroc a permis d'atteindre des progrès notables, avec près de 87% de la population désormais couverte. Cependant, des défis importants persistent, notamment l’accès limité aux soins pour une partie de la population. Par M. Boukhari

e Conseil économique, social et environnemental (CESE) a récemment présenté les conclu- sions de son avis sur la géné- ralisation de l'AMO, un chantier majeur visant à élargir la couver- ture médicale à tous les citoyens marocains. Le bilan des premières étapes de cette généralisation s’avère positif. En effet, 86,5% des habi- tants sont désormais inscrits au régime d'assurance maladie, contre moins de 60% en 2020. Cette progression rapide reflète, selon le CESE, l’efficacité des efforts déployés pour renforcer le cadre juridique et les infras- tructures techniques du système. Les organismes de gestion, eux aussi, ont fait preuve de réacti- vité en traitant les dossiers de santé avec rapidité et efficacité, permettant ainsi à un nombre

croissant de citoyens d’accéder à la couverture sanitaire. Malgré ces avancées significa- tives, le processus de généralisa- tion de l’AMO reste inachevé. Le CESE a mis en lumière plusieurs défis cruciaux qui nécessitent une attention particulière pour assurer la réussite complète du projet. Selon les dernières esti- mations, 8,5 millions de citoyens ne bénéficient toujours pas de cette couverture médicale. Environ 5 millions de personnes ne sont pas encore inscrites au système, tandis que 3,5 millions d'assurés voient leurs droits fer- més, les empêchant ainsi d’accé- der aux soins nécessaires. Un autre point préoccupant évo- qué par le président du CESE est le niveau élevé des dépenses de santé à la charge des assurés. Selon les chiffres de l’Agence

nationale de l’assurance maladie (ANAM), les assurés supportent parfois jusqu'à 50% des frais de santé, un pourcentage bien au-dessus du taux recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mon- diale, qui préconisent un pla- fonnement à 25%. Ce fardeau financier oblige de nombreux Marocains à renoncer à des soins de base, ce qui compromet l’efficacité du système. Le dilemme de la confiance «Pour que la généralisation de l’AMO soit un succès, il faut qu'elle soit réellement béné- fique pour le citoyen. Cela passe par une amélioration substan- tielle de l’offre de soins, tant en qualité qu’en quantité, ainsi que par une meilleure réparti- tion géographique des services.

 40% des Marocains renoncent à se faire soigner pour des raisons financières.

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