FNH N° 1175-1

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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 29 NOVEMBRE 2024

ECONOMIE

nisation, elles restent mal des- servies à bien des égards, ce qui encourage les populations rurales à se déplacer vers les villes. L'évolution du secteur agricole, qui est un pilier de l'économie marocaine, a connu une moder- nisation et une mécanisation accrues. Cette transition a réduit la demande en main-d'œuvre dans les zones rurales, incitant des franges de la population rurale à s’installer dans les villes à la recherche d'opportunités. Cette migration rurale vers les villes est aussi le reflet de l'évo- lution des méthodes de pro- duction et de l'organisation du travail agricole. Le Maroc a renforcé ses poli- tiques de lutte contre les loge- ments inférieurs aux normes, en particulier dans les grandes villes où la migration rurale massive avait entraîné la pro- lifération des bidonvilles. Les programmes visant à éliminer les taudis, tels que l'initiative «Villes sans bidonvilles», se sont activés à fournir des logements décents, mais ont également mis en place des réglementa- tions plus strictes pour contrôler les établissements urbains. Ces politiques ont rendu l'établis- sement informel plus difficile, dissuadant ainsi une partie de l'exode rural vers les grandes métropoles. Entre 2004 et 2024, le Maroc a connu une urbanisation sou- tenue, marquée par une aug- mentation constante du taux de la population urbaine. Bien que cette tendance ait ralenti au cours de la dernière décen- nie, elle reflète une profonde transformation de la société marocaine. Les investisse- ments économiques, le déve- loppement des infrastructures, des politiques du logement plus strictes et la croissance de métropole de type intermé- diaire sont autant de facteurs qui expliquent cette dynamique. Pour aller de l'avant, le Maroc devra relever le défi d'équili- brer le développement urbain

 Le nombre de ménages augmente plus vite que celui de la population. Du coup, la demande de logement va s’accélérer.

F.N.H. : La stratégie de l’Etat en matière d’habi- tat est basée sur l’ac- quisition de logement. Pourquoi marginalise-t- elle le segment locatif ? D. E. : Le soutien au seg- ment locatif peut résoudre la problématique du logement à court ou moyen terme, mais pas sur le long terme où il peut générer des effets controver- sés. Même en Europe, on commence à délaisser pro- gressivement cette option, car elle coûte trop cher et peut créer d’autres problèmes en matière d’entretien et de réhabilitation des immeubles. Dans la nouvelle stratégie qui sera élaborée avec le pro- gramme des Nations unies pour l’Habitat, il ne faut sur- tout pas adopter scrupuleu- sement les modèles propo- sés par la Banque mondiale. L’institution onusienne offre des schémas «prêt-à-porter» sans prendre en considéra- tion les spécificités du pays concerné. La nouvelle vision doit être intégrée en impli- quant tous les intervenants. Nous avons des experts marocains de haut niveau qu’il faut associer. ◆

et rural tout en assurant des infrastructures et des services adéquats pour soutenir la crois- sance urbaine. Le succès de ces politiques déterminera la capa- cité du Maroc à favoriser une croissance inclusive et durable, offrant des opportunités futures à toute sa population, qu'elle soit urbaine ou rurale. F.N.H. : En partenariat avec le fonds des Nations unies pour l’habitat, le gouver- nement est en train d’ini- tier une nouvelle stratégie dédiée au secteur. Quelles sont les priorités qu’elle doit adopter ? D. E. : C’est bien d’avoir une nouvelle stratégie de l’habitat. L’actuelle stratégie remonte à l’époque de Taoufik Hjira quand il était à la tête du département (2002-2012). Il faut injecter un nouveau souffle et de l’inno- vation dans la nouvelle vision en prenant en considération de nombreux paramètres, notam- ment cette transition démo- graphique, une croissance plus accélérée du nombre des ménages comparativement à celui de la population. Les objectifs seront fixés pour les 20 prochaines années. Cela

n’empêche que l’actuelle straté- gie a fait ses preuves dans cer- tains domaines. Preuve en est que de nombreux pays, notam- ment africains, veulent s’inspi- rer de l’expérience marocaine. Mais il y a des limites et des lacunes qu’il faut corriger. Basé sur l’aide directe octroyée pour l’accès au logement, le modèle adopté par le Maroc n’est pas préconisé par de nombreux experts. Dans les pays dévelop- pés, y compris les Etats-Unis, la meilleure politique pour soute- nir l’habitat est l’approche fis- cale. Dans le modèle marocain, il faut mobiliser des milliards de DH du budget de l’Etat pour les mettre à la disposition des acquéreurs. Dans l’approche fiscale, il n’y a pas de déblo- cage de deniers publics. Elle est donc plus adaptée au contexte marocain, qui ne dispose pas assez de moyens pour financer tous les programmes de déve- loppement.

Dans les pays développés, y compris les Etats-Unis, la meilleure politique pour soutenir l’habitat est l’approche fiscale.

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