FNH N° 1175-1

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VENDREDI 29 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

DEVELOPPEMENT DURABLE

Les propositions innovantes pour diversifier les financements ont été évoquées, mais largement écartées. Parmi elles, la proposi- tion du président brésilien, Lula, de créer une taxe de 2% sur la fortune des 3.000 milliardaires de la planète, qui pourrait rappor- ter 250 milliards de dollars par an. Cette idée prônée par plu- sieurs ONG présentes à la COP a été jugée peu réaliste pour les grands pays occidentaux. Quelques pas accomplis Ce qui peut s’apparenter à une bonne nouvelle lors de cette COP a été l’avancée concrète de l’opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages, longtemps attendu par les pays en développement, notamment les petits États insulaires, les moins avancés et les pays afri- cains. Ce mécanisme, doté d’un soutien de 1,5 milliard d’euros, vise à aider les nations les plus vulnérables à faire face aux effets du changement climatique. La COP29 est également par- venue à un accord mondial sur les marchés du carbone, après presque une décennie de travail acharné à ce sujet lors des pré- cédentes COP. Ce marché, qui représente une autre source de financement pour réduire l’em- preinte carbone des pays, reste tout de même sujet à certaines inquiétudes, en ce qu’il peut favoriser le développement du phénomène de «Greenwashing». Alors que le Brésil s’apprête à accueillir la COP30, les attentes se tournent vers la lutte contre la déforestation, un enjeu central pour limiter le réchauffement cli- matique. Le président Lula milite pour des financements plus équitables, notamment en mobi- lisant des ressources issues de la taxation des grandes fortunes et de la réorientation des 1.000 milliards de dollars annuels investis dans les éner- gies fossiles. Pourtant, la tâche s’annonce rude. L’heure est à l’action audacieuse car face à une planète en feu, les compro- mis ne suffiront plus. ◆

 La COP29 s’est soldée par des engagements financiers jugés insuffisants par les pays du Sud.

COP29

Espérant 1.300 milliards USD, les pays du Sud ont qualifié le financement mobilisé de «trop faible, trop tardif et trop ambigu». Un accord au rabais Par Désy M. A

près 2 semaines de négocia- tions, la COP29 baptisée «COP du financement» s’est clôturée sur une note amère. Sur 1.300 milliards de dollars par an récla- més par les pays du Sud, les négociateurs sont parvenus à ne mobiliser que 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 d’aide publique pour soutenir la tran- sition climatique. Ce montant, jugé largement insuffisant, a été qualifié d ’«accord de compro- mis» par de nombreux observa- teurs, certains allant jusqu’à le considérer comme un échec. Le Commissaire européen char- gé des négociations sur le cli- mat, Wopke Hoekstra, a salué «le début d’une nouvelle ère» pour la finance climatique. «Nous avons travaillé dur pour faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus d’argent sur la table. Nous triplons l’objec- tif de 100 milliards, et nous pen- sons que c’est ambitieux, néces- saire, réaliste et réalisable» , a-t-il

déclaré. Dans la même lancée, Simon Stiell, secrétaire exécu- tif de l’ONU Climat, a affirmé que cet accord «permettra de poursuivre l’essor des énergies propres, aidant tous les pays à profiter des avantages considé- rables qui y sont associés : plus d’emplois, une croissance plus forte, une énergie plus abordable et plus propre pour tous». Cependant, cette entente reflète avant tout la fracture grandis- sante entre pays du Nord et pays du Sud. Les premiers, confrontés à des contraintes budgétaires exacerbées par des crises éco- nomiques, ont cherché à limi- ter leur contribution, tandis que les seconds, subissant de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques, espé- raient des engagements plus ambitieux. A titre d’exemple, ces fonds cou- vriraient à peine cinq fois les besoins climatiques estimés pour

la France seule, alors que les pays du Sud, confrontés à des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes, doivent se contenter d'une part bien maigre. Espérant 1.300 milliards USD, le groupe africain a, par la bouche du Kényan Ali Mohamed, qualifié ce financement de «trop faible, trop tardif et trop ambigu». De plus, la question de l’utilisation de ces fonds reste hautement controversée. La Banque mon- diale, pressentie pour superviser la gestion de ces fonds, suscite déjà les tensions. Alors que les pays occidentaux insistent sur la nécessité de contrôler l’alloca- tion des ressources pour garantir leur affectation à des projets cli- matiques, les pays du Sud récla- ment davantage de souveraineté dans leur utilisation, qu’ils per- çoivent comme une réparation des dommages climatiques cau- sés par des décennies d’indus- trialisation.

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