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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 29 NOVEMBRE 2024
CULTURE
F.N.H. : Vous avez signé votre livre au Carrousel du Louvre, un lieu hautement symbolique. Comment avez-vous vécu cette expé- rience ? Et en quoi est-elle unique pour vous ? Pr I. H. : Signer mon roman au Carrousel du Louvre a été une belle expérience, marquée par l’émotion et la fierté. Ce magni- fique lieu, où se croisent histoire et culture, offrait un cadre presti- gieux à cette rencontre avec un public venu d’horizons divers. Les échanges avec les lecteurs étaient empreints d’une richesse particulière, témoignant de l’uni- versalité des thématiques abor- dées dans l’ouvrage. La signature était organisée lors d’un vernissage de la divine Académie des arts, lettres et culture. Elle a été bien plus qu’un simple moment de partage, du fait qu’elle m’a permis de ren- contrer des personnes intéres- santes du monde artistique et culturel et a renforcé mon lien avec mes lecteurs. Aussi, cet évènement est égale- ment symbolique du fait qu’il a permis de relier des mondes dif- férents et de construire des ponts entre les cultures. Ce fut une expérience à la fois inspirante et profondément gratifiante, qui me motive à poursuivre ma passion de l’écriture et du partage. F.N.H. : ‘Un si long chemin’ résonne profondément chez les lecteurs, reflétant pour beaucoup le miroir de leur vécu et de leur expé- rience de vie. Que pou- vez-vous nous dire sur la relation que vous avez su nouer avec votre public ? Pr I. H. : Je crois que ma relation avec mes lecteurs est fondée sur la proximité que créent les récits que je propose. Ils me disent souvent qu’ils se reconnaissent dans mes personnages, ou du moins y trouvent une part d’eux- mêmes. J’ai aussi remarqué lors des séances de signature que les thèmes que j’aborde et les scènes que je décris, trouvent
un écho particulier chez des lec- teurs d’âges et de milieux diffé- rents. Ce qui me touche particuliè- rement, ce sont les échanges autour des signatures. Qu’ils soient porteurs d’éloges ou de critiques constructives, ces retours sont pour moi une source précieuse d’inspiration. Ils témoignent de l’impact de mes écrits et m’encouragent à approfondir mon regard sur les complexités de la vie et des rela- tions humaines. De plus, je ne vous cache pas que cette interaction avec les lecteurs me ravit au plus haut point. Ce n’est pas seulement un enrichissement personnel, mais aussi un rappel constant du rôle de la littérature, celui de relier, de s’ouvrir aux autres, de susciter la réflexion. Chaque commentaire, chaque partage d’expérience lié à mes ouvrages, confirme que l’écriture a le pouvoir de toucher les cœurs et de déclencher de précieux échanges. C’est dans cette dynamique que je puise la motivation pour continuer à écrire, toujours avec l’espoir de créer ce lien unique entre une histoire et celui ou celle qui la lit. F.N.H. : Dans cette pers- pective, la traduction de vos livres pourrait vous per- mettre de dépasser la bar- rière linguistique et de tou- cher de nouveaux lectorats. Avez-vous des projets dans ce sens ? Pr I. H. : Effectivement, la traduc- tion offre une opportunité pré- cieuse de donner une seconde vie aux textes, leur permettant de franchir les frontières linguis- tiques et culturelles. En rendant mes ouvrages accessibles dans d’autres langues, cela permet- trait de toucher plus de lecteurs. C’est une manière de prolonger le voyage des récits et d’élargir leur résonance à un public plus diver- sifié. Mes premiers livres étaient traduits en arabe et anglais. Deux langues qui ouvrent des horizons vastes et complémen- taires. C’est d’autant plus impor-
tant que chaque traduction est une nouvelle interprétation, une manière différente de faire vivre l’histoire. Elle crée une passerelle entre les cultures, enrichissant le texte original dans l’esprit d’un dialogue littéraire sans frontières. F.N.H. : Vous êtes de plus en plus sollicitée par les médias marocains et étran- gers. Comment Intissar l’écrivaine parvient-elle à se détacher d’Intissar, la femme médecin, pour gérer cette notoriété ? Pr I. H. : C’est un privilège d’être sollicitée et de susci- ter l’intérêt des lecteurs ainsi que des médias. J’aborde ma double identité de médecin et de romancière avec sponta- néité et équilibre. Mon activité
médicale m’offre un ancrage et une immersion directe dans les réalités humaines. En revanche, lorsque je glisse dans la peau de la romancière, je m’autorise une forme de liberté créative. Cela me permet de prendre du recul, d’explorer les nuances de la condition humaine et de transfor- mer des fragments de réalité en récits imaginaires. Bien que ces deux facettes puissent sembler opposées, elles se complètent et s’enrichissent mutuellement, créant un véritable équilibre dans ma vie professionnelle et person- nelle. Cette dualité, bien qu’exigeante, m’offre une perspective élargie sur le monde et les émotions qui le traversent. Elle me permet de plonger dans les complexités de l’existence tout en offrant, à travers mes écrits, un espace de réflexion ou d’évasion pour mes lecteurs. Cette complémentarité entre médecine et écriture est certes un défi constant, mais c’est surtout une richesse ines- timable. ◆
« Un si long chemin... » se distingue par son exploration profonde de la résilience et des dynamiques humaines qui la sous-tendent.
Intissar Haddiya a été invitée par TV5 Monde, le 20 octobre 2024, pour faire la promotion de son nouveau roman « Un si long chemin… », publié aux éditions «Les Impliqués» en France.
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