Class & Relax Lifestyle Magazine N°40

Pour Alex Cruz, ancien Président de British Airways, le voyage de loisirs revient en force : “Lors de chaque crise, financière en particulier, le trafic loisir revient toujours en premier… même si l’on peut espérer un retour plus rapi- de que prévu des passagers à haute contribution.”

Jean-Louis Baroux : Le transport aérien s’était engagé dans une spirale de recherche de volume impressionnant et une politique de bas prix, qui me paraissaient suici- daires. Cette crise aura eu le mérite de remettre les pen- dules à l’heure. Si l’on évoque les cinquante dernières années, ce qui me frappe c’est la qualité du transport aérien, sa sécurité, son confort. Des avions comme le Nord 262, la Caravelle ou le Viscount, que nous avons pratiqués et qui sont depuis longtemps au musée, étaient loin de ce que nous connaissons aujourd’hui ! Quelqu’un qui voyage dans un avion bondé de passagers ne se plaindrait pas s’il les avait connus : le transport aérien a fait des progrès prodigieux, et cela a un coût, il ne faut pas l’oublier. Et pour aller vers la neutralité car- bone il faudra encore faire des investissements colos- saux, qui se répercuteront sur le prix des billets, c’est logique. Class & Relax : Répercussion d’autant plus importante que les passagers à haute contribution du travel business se font plus rares… Marc Rochet : Le travel business reviendra… mais notre problème est immédiat. Quasi inexistant durant la crise, il est revenu dans le meilleur des cas à - 30 % de son niveau d’avant la pandémie. Il représente par contre jus- qu’à 50 % des revenus des compagnies traditionnelles. Elles ont été mises sous perfusion à coups de subventions et ont été incapables de revoir leurs bases de coûts : les prochaines années seront très difficiles pour elles. On met un malade sous perfusion pour lui sauver la vie, c’est normal : mais ce n’est pas cela qui va le soigner ! Il faut l’obliger à faire des efforts dans le cadre de sa convales- cence. La Commission européenne en a décidé autre- ment et je le regrette. Class & Relax : La presse a-t-elle une part de responsabi- lité dans cette période difficile pour le transport aérien, l’ayant accusé de contribuer à l’expansion rapide de la pandémie, l’accusant d’être aussi un important pollueur ? On sait que l’aérien pollue moins que le digital (4% de l’emprunte carbone)… Jean-Louis Baroux : Et l’industrie de la mode pollue à hauteur de 8%. Je crois que le transport aérien ne sait pas se défendre.

Voyons ce qu’en pensent Jean-Louis Baroux et Marc Rochet.

Class & Relax : Marc Rochet, vous êtes quasiment né dans un avion, votre père travaillait dans l’aérien. Comment résumeriez-vous le demi-siècle passé en matiè- re d’aviation civile ? Marc Rochet : La première expression qui me vient à l’es- prit c’est que j’ai suivi la formidable expansion de l’aé- rien, qui était à l’époque réservé à une certaine “élite”, à

des personnes qui devaient se déplacer. Puis on ouvert le trafic à destination de personnes qui n’avaient même pas envisagé prendre l’avion un jour : cette démocratisation fut à l’origine d’un incroyable mélange de cultures, déve- loppement des voyages, du tourisme ; une ouverture sur le monde qui dépassait l’horizon de leur ville, de leur région. Il y avait bien sûr eu des crises localisées dans le temps et dont l’impact était évident, mais rien de compa- rable avec la crise mondiale que nous traversons, faite de stop an go : confinement, ouverture, confinement, ouver- ture… de quoi éreinter tout le monde. Nous sommes sur le chemin de la reprise, une reprise fragile, difficile. Les clients sont là, ils veulent reprendre l’avion, mais leurs attentes ont un peu changé. Class & Relax : Jean-Louis Baroux, chez APG vous être en relation avec de nombreuses compagnies aériennes, quel est votre constat ?

Marc Rochet : Le transport aérien a fait beaucoup de pro- grès en matière de protection de l’environnement et il

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