COLLECTIVITÉ
ODE AUX PISSENLITS!
MYLÈNE DESCHAMPS mylene.deschamps@eap.on.ca
Votre voisin ne tond pas sa pelouse et vous êtes offusqués? Sachez que les pissenlits sont l’une des premières ressources disponibles de nectar pour les pollinisateurs. Dans un souci de protection de la biodiversité, le Défi pissenlits consiste à repousser la tonte de la pelouse au 1 er juin et de permettre aux autres fleurs d’éclore. Plusieurs résidents, entreprises, organismes et même la Ville de Brownsburg-Chatham ont décidé de repousser la tonte de la pelouse afin de protéger les pollinisateurs. Les abeilles hibernent dans le sol et en ne tondant pas la pelouse au printemps, on évite aussi de les perturber. Cette initiative née au Royaume-Uni représente un geste simple et efficace qui contribuera certai- nement au maintien de l’écosystème et favorisera aussi la croissance des plantes indigènes. La survie des abeilles Les abeilles ont la réputation d’être des travailleuses acharnées puisqu’elles pollinisent des milliards de plantes chaque année. Elles ont un rôle majeur dans la production et le développement des espèces végétales. Le tiers des fruits et des légumes que nous mangeons sont cultivés grâce à la pollinisation des abeilles. Notre alimentation dépend de la survie de ces insectes, qui font face au pire taux de mortalité. «Les agriculteurs ne font plus qu’une seule coupe de foin, c’est trois coupes de foin par année. Il n’y a plus rien qui fleurit, c’est coupé à l’état de bourgeon. Il y a de moins en moins de nourriture pour les abeilles», explique Stephen Matthews, maire de Saint-André d’Argenteuil et aussi apiculteur de père en fils. D’ailleurs, en raison du pourcentage exceptionnellement élevé de mortalité hiver- nale des colonies d’abeilles cette année, Les Apiculteurs et Apicultrices du Québec (AADQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) demandent aux gouvernements du Québec et du Canada une aide pressante de 12 M$ pour relancer et moderniser le secteur apicole, notamment à travers un prêt d’urgence sans intérêts. Un soutien significatif à la recherche est également requis compte tenu de l’inefficacité grandis- sante des produits utilisés pour combattre les parasites. «La mortalité hivernale est un phénomène naturel au Canada. Au Québec, elle était en moyenne de 21 % ces cinq dernières années. Les pertes rapportées ce printemps par nos membres sont toutefois d’une ampleur historique, avec une moyenne de 60 %. C’est du jamais vu dans toute l’histoire du Québec», a déclaré le président des AADQ, Raphaël Vacher. «La situation est critique non seulement pour le secteur apicole, mais aussi pour d’autres types de production qui s’appuient sur la pollinisation pour réussir leur saison. Les programmes d’aide habituels de La Financière agricole du Québec ne sont pas conçus pour faire face à ce contexte exceptionnel. Ce qui est requis, c’est un fonds d’aide spécialement dédié à la reconstruction du cheptel, au développement du secteur et à sa produc- tivité. Les gouvernements doivent intervenir dès maintenant», a complété le président général de l’UPA, Martin Caron. M. Matthews, qui tente de faire une
Stephen Matthews, apiculteur de père en fils, confirme que c’est 6 ruches sur 10 qui sont mortes dans la dernière année. -photo Mylène Deschamps
Dre Lynne Chadwick & Dr Ronald Korzinstone Chirurgiens dentistes • Dental surgeons Tél./Phone : 450 562-3101 Téléc./Fax : 450 409-0699 cliniquedentairelachute@outlook.com 617, rue Principale Lachute QC J8H 1Y8 LES PROFESSIONNELS production naturellement, explique que c’est de plus en plus compliqué. «Si la reine se fait piquer, c’est toute la ruche qui meurt. Il faut que ce métier te coule dans les veines. C’est comme devenir maire, il faut le faire parce que l’on veut faire une différence et aider le monde. J’ai été élevé de cette façon!», philosophe celui qui enseigne aussi les mathématiques à la Laurentian High School. M. Matthews, père, a commencé l’apiculture en 1950. Il était présent mer- credi dernier pour jaser avec sa clientèle. D’après Statistique Canada, en 2021, le secteur apicole québécois comptait plus de 500 producteurs (57 000 ruches), a produit 4,6 millions de livres de miel et a généré des revenus de 17 M$, auxquels il faut ajouter ceux issus de la location de colonies.
Ces dernières années, le déclin des populations d’abeilles a généré une vaste inquiétude chez les apiculteurs, la com- munauté scientifique et le grand public. L’action combinée de plusieurs facteurs est généralement mise en cause. Le Varroa destructor, un parasite arrivé au Québec au début des années 90, est pointé du doigt. La
floraison hâtive, les écarts de température durant l’hiver et les étés qui s’allongent sont tous des symptômes des changements climatiques qui confèrent au Varroa les conditions parfaites pour proliférer. Les changements climatiques auront de plus en plus de conséquences sur les api- culteurs et le garde-manger de la population.
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