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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2022
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Politique monétaire
◆ Fini l’argent bon marché : Bank Al-Maghrib veut sabrer l’inflation et ancrer les anticipations des opérateurs sur le sujet. ◆ ◆ Un exercice périlleux et qui causera nécessairement des dommages collatéraux. Bank Al-Maghrib change de logiciel
les entreprises que pour l’Etat.
trale souhaite envoyer un signal aux opérateurs, en ancrant leurs anticipations d’inflation. En d’autres termes, en cas- sant la spirale des anticipations auto-alimentées.
Pourquoi un tel revirement de situation En juin dernier, le Wali de Bank Al-Maghrib expliquait claire- ment que le caractère impor- té de l’inflation ne demandait pas de réponse monétaire de la Banque centrale. 3 mois plus tard, la donne semble changer. «La conjoncture internationale reste mar- quée profondément par les séquelles de la pandémie et les implications de la guerre en Ukraine, à tra- vers notamment la persis- tance du renchérissement des produits énergétiques et ali- mentaires, ainsi que des pertur- bations des chaînes d’appro- visionnement. Ces évolutions poussent l’inflation vers des niveaux exceptionnellement élevés», a relevé le Conseil. Et d’ajouter : «L’inflation continue d’être alimentée par des pres- sions d’origine externe, mais les dernières données disponibles montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables». Et Abdellatif Jouahri d’expliquer encore plus la décision de BAM en s’ap- puyant sur des chiffres : « La dif- fusion de la hausse de l’inflation s’élargit. Sur les 116 sections de produits et services qui com- posent le panier de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier et 23% en moyenne entre 2018 et 2019», a-t-il expliqué. Outre la diffusion de l’inflation aux produits non échangeables, la Banque cen-
La croissance inférieure à 1%
Au niveau national, le Conseil a noté que l’économie conti- nue de pâtir de l’environnement externe défavorable et des répercussions d’une séche- resse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accé- lération de l’inflation. Par rapport à ses prévisions de juin, Bank Al-Maghrib table désormais sur un niveau d’in- flation nettement plus élevé en 2022, suivi d’un ralentisse- ment moins marqué en 2023. Au niveau national, la crois- sance économique marquerait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, un net ralentisse- ment cette année à 0,8%, résul- tat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. En 2023, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréa- lière moyenne de 75 millions de quintaux. Les activités non agri- coles continuent en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%. Abdellatif Jouahri a expliqué que la décision prise en juin aura un impact limité compris entre 0,1% et 0,2% sur la crois- sance. Un chiffre qui ne fait pas
Bank Al-Maghrib opère sa première hausse du taux directeur depuis 2008.
tombé à 15H00, n’a d’ailleurs pas manqué de faire chavirer la Bourse pendant les 30 dernières minutes de cotation, provoquant une baisse de l’indice Masi de plus de 1% immédiatement après l’annonce. Pour les pro- fessionnels des placements, les marchés des capitaux vont pas- ser par des moments houleux à court terme, que ce soit sur la composante actions ou taux. Sur ce deuxième compartiment, les prochaines séances vont mécaniquement intégrer cette décision et consolider un mou- vement haussier qui inquiète déjà le Trésor depuis quelques mois. Et si la Bourse a agi de la sorte, c’est parce qu’elle anticipe ce qui risque de se passer pour l’économie réelle. Une hausse aussi franche du taux central aura des répercussions sur le coût du crédit bancaire, dont la croissance est déjà en berne, et ce aussi bien pour les ménages,
Par A. Hlimi
B ank Al-Maghrib a relevé son taux directeur de 0,5% mardi. C’est la pre- mière hausse depuis 2008. Qui plus est, elle porte sur 50 points de base. En confé- rence de presse post-Conseil, Abdellatif Jouahri concède que les discussions au sein du Conseil portaient sur le choix entre 50 et 75 points de base. Autant dire que l’on est passé à côté d’une décision encore plus radicale et inédite si la deuxième option avait été retenue.
L'impact de la hausse du taux direc- teur sur la croissance sera de -0,1% à -O,2%.
Réaction immédiate des marchés
Ce Conseil a duré plus long- temps que d’habitude. Et au final, la décision correspond au haut de la fourchette des antici- pations des analystes. Le com- muniqué de la Banque centrale,
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