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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2022

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politique de soutien à l'investissement. Le projet de loi-cadre formant charte de l'investissement a été adopté en Conseil des ministres le 13 juillet der- nier; il est aujourd'hui en délibération au Parlement. Dans la meilleure des hypothèses, il faudra attendre la fin 2023 pour que les textes règlementaires d'application - les décrets du Chef du gouvernement - soient actés et qu'ils mettent ainsi en place des dispositifs de soutien des projets stratégiques, des PME, des TPME ainsi qu'aux entreprises visant leur développement à l'internatio- nal. Si bien que l'Exécutif va continuer encore, durant les quinze mois à venir, à entretenir et à promouvoir un discours officiel surlignant cette «Charte» sans qu'elle ait une implémentation concrète dans les secteurs économiques. Une interrogation de même facture peut être faite à propos de la réforme fiscale. Dans sa présentation du PLF 2023, l'Exécutif fait part de sa volonté de «mettre en œuvre la loi-cadre relative à la réforme fiscale, afin de renforcer la stabilité et la justice sociales». Les assises de la fiscalité avaient eu lieu en juin 2019; il a fallu pourtant attendre plus de deux ans pour la loi-cadre por- tant réforme fiscale, entrée en vigueur le 5 août 2021. Dans le PLF 2023, il est question d'une baisse de l'impôt sur le revenu (IR) au profit de l'amélioration du pouvoir d'achat de près de 2,3 millions de ménages (fonctionnaires et salariés du privé), lesquels sont les plus grands contributeurs à raison de 73% de l'en- semble des recettes collectées par l'Etat au titre de cet impôt. Une mesure jugée suffisante par l’Exécutif pour ne pas donner suite, soit dit en passant, à la demande des syndicats de revaloriser les salaires, et ce dans le prolonge- ment de la revalorisation du SMIG et du Smag, conformément aux dispositions de l'accord social conclu dans le cadre du dialogue social le 30 avril 2022. Mais qu'en sera-t-il d'une véritable réforme fiscale ? L’évasion fiscale, la fraude fis- cale, l'élargissement de l'assiette ? Rien de bien substantiel, semble-t-il... Marges budgétaires Pour ce qui est de l'investissement, il vaut de relever l'extrême polarisation du dis- cours du gouvernement sur cette ques- tion. C'est une priorité sans doute, mais n'est-ce pas l'ensemble du «système» - productif, administratif, fiscal, etc.- qui doit être réformé pour optimiser à terme

le mobilisation en faveur de l'investisse- ment, et plus globalement de l'entreprise. Celle-ci est au cœur de la création de richesse et du développement généra- teur d'emploi. Les capacités d'absorption de l'investissement public ne dépassent pas une fourchette de 70/80% depuis des années. Que fait-on pour corriger ce taux de réalisation et pour l'améliorer ? Dans tous ses rapports annuels, Bank Al-Maghrib met l'accent sur le médiocre rendement de l'investissement. Bon an

mal an, le Maroc consacre 30 à 32% même à l'investissement, ce que les éco- nomistes appellent la formation brute du capital fixe (FBCF)- il est l'un des plus élevés dans le monde. Le HCP et le CMC ont fait des études pointues dans ce domaine : la croissance ne peut être forte, durablement, que s'il y a une efficience accentuée de l'investissement. Reste enfin, entre autres, les marges bud- gétaires du gouvernement pour assurer la pérennité des réformes annoncées,

initiées ou en œuvre. Il fait part d'une «rationalisation des dépenses», d'un «ren- forcement des recettes de l'Etat» aussi. Lesquelles ? Celles du fonctionnement proposées sont marginales; et celles rela- tives à l'investissement ne peuvent faire l'économie d'une contraction fléchée vers une liste de programmes à prioriser. Un test de la crédibilité de ce gouvernement qui doit s'attacher ainsi à faire montre de volontarisme et de capacité réforma- trice... ◆

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