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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2022

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supérieur, Miraoui a tenu en octobre 2021 une première réunion avec le SNESUP, sans apporter de véritables éléments de réponse aux revendications des ensei- gnants-chercheurs, puis une deuxième en février 2022. « Après une longue attente, la commis- sion administrative s'est réunie le 29 mai 2022 et a décidé une grève de 72 heures les 7, 8 et 9 juin. Nous nous sommes à nouveau réunis le 3 juillet, date à laquelle nous avons été informés officiellement que le chef du gouvernement est impli- qué dans le dossier. Cette information nous a suggéré de reporter nos discus- sions à la fin du mois d’août. Le 25 août, nous avons été informés qu'une réunion serait organisée par le chef du gouver- nement incessamment. Ce fut le cas le 2 septembre. En effet, une réunion tri- partite avec le chef de gouvernement, le ministère des Finances et le ministère de l’Enseignement supérieur a bien eu lieu », détaille le secrétaire général du SNESUP. Il a été question lors de cette réunion de revenir sur les principales orientations stratégiques de l’enseignement supé- rieur, dont l’état d’avancement du dia- logue sectoriel et de la réforme du statut de l’enseignant-chercheur et les revendi- cations salariales qui en découlent. « L’actuel ministre, qui a déjà entamé les discussions avec les syndicats, n’a pas encore fourni sa version définitive sur le statut de l’enseignant-chercheur. Il pro- met par ailleurs une réponse lors d’une rencontre prévue avec les syndicats le 26 septembre 2022, une date qui présente le dernier ultimatum pour finir avec cet interminable blocage. Or, cette réunion a été reportée à la suite du déplace- ment du chef de gouvernement à Tokyo pour assister aux funérailles de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe », précise Khalid Karbaoui. Rappelons que le ministre Abdellatif Miraoui avait annoncé lors d’un point de presse tenu à l’issue du Conseil de gou- vernement du 25 août dernier que le texte final sera prêt d’ici deux à trois semaines. Des revendications scandées haut et fort ! Revalorisation des salaires, révision à la hausse de l’âge limite pour intégrer la fonction publique, assouplissement des conditions d’accès à la profession… Tant de revendications qui unissent les ensei- gnants-chercheurs. « La première revendication des ensei-

gnants-chercheurs concerne la revalo- risation de leur situation matérielle qui n’a pas changé depuis plus de deux décennies. Le salaire d’un enseignant- chercheur varie entre 13.000 DH pour le grade d’entrée à 22.000 DH pour le grade le plus élevé d’un professeur de l’ensei- gnement supérieur. Rappelons que ce salaire comprend des indemnités d’enca- drement et des indemnités de recherche soumises à l’impôt sur le revenu », s’in- surge Khalid Karbaoui.

D’après lui, « il est incon- cevable qu’un enseignant- chercheur perçoive un salaire inférieur à certains salariés dans le privé ayant un bac+2 ou bac+3. Un ingénieur disposant d’un bac+5 touche un salaire

Si Miraoui ne s’oppose pas tota- lement à la hausse des salaires, il semble néanmoins imposer de nouveaux critères de rendement et de performance.

similaire ou plus élevé que son ensei- gnant-chercheur et un enseignant en médecine (professeur assistant) perçoit le même salaire (indice 509) que son étudiant (résident) en 1ère année de spécialité ». Autre point de divergence : L’accessibilité de la profession. Là aussi, les syndicats s’accordent à dire que l’âge limite fixé à 45 ans constitue une entrave non sans conséquences étant donné qu’il incite à la fuite des compétences marocaines à l’étranger. « Les enseignants souhaitent revoir à la hausse l’âge fixé à 45 ans pour inté- grer la fonction publique afin de per- mettre à des compétences marocaines établies à l’étranger de pouvoir rentrer au pays et intégrer la fonction d’ensei- gnant-chercheur à l’université publique », Le secteur de l’enseignement connaît un départ massif du corps professoral à la retraite. Selon les chiffres dévoilés par Abdellatif Miraoui en janvier 2022, à la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, plus de 4.744 professeurs universitaires partiront à la retraite d’ici 2030. Pour pallier ce manque, il est nécessaire d’envisager « un accroissement des effectifs en aug- mentant les postes budgétaires dédiés aux enseignants dans les futures Lois des Finances », affirme Khalid Karbaoui. Pour sa part, Jamal Sebbani, SG du SNESUP, explique que « le cahier reven- dicatif des enseignants-chercheurs est divisé en deux parties. La première partie regroupe les dossiers qui ont abouti à un accord avec le ministère, comme le statut, le doctorat français et l'organi-

gramme. Pour ce qui est de la deuxième partie, celle-ci concerne les dossiers qui n'ont pas encore abouti à un accord, comme la révision de la loi 01.00 organi- sant l'enseignement supérieur, ou la loi 69.00 relative au contrôle financier des établissements publics, ou encore les problèmes d'ancienneté ». Si le département de Miraoui ne s’op- pose pas totalement à la doléance concernant la hausse des salaires, il semble néanmoins imposer de nou- veaux critères de rendement et de per- formance. De fait, le ministre a plusieurs fois fait allusion à « une nouvelle géné- ration d’enseignants» qui témoignent d’une maîtrise des langues étrangères et des outils numériques, en sus d’être sensibilisés à l’enjeu des «Soft et Power Skills ». Le séjour scientifique à l’étranger figure également parmi les prérequis. « Une nation ne peut prétendre à un développement économique et social si le niveau de son système éducatif n’est pas valorisé, car l’école et l’université représentent la pierre angulaire pour le développement d’une nation et les fon- dations de son avenir. L’enseignement est l’action de l’enseignant. Ce dernier reste l’acteur principal auquel il faudrait exprimer une reconnaissance quantita- tive et qualitative. Si cette reconnais- sance n’est pas satisfaite, le métier sera moins attractif dans l’avenir et on pourrait assister à un exode des futurs enseignants-chercheurs », mar- tèle Karbaoui. ◆

Après le sit-in organisé par

le SNESUP le 8 février 2020, un

coup d'accé- lérateur a été donné aux négociations, mais celles-ci seront inter- rompues par la crise sani- taire.

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