FNH N° 1078 okk

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CULTURE

VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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KHTEK, FIGURE LIBRE

HERO

Elle fait partie de cette attachante pléiade d’invité.e.s

1 er prix Tremplin L’Boulevard, catégorie Rap/Hip Hop

« Je veux dédier ma car- rière et cet honneur à un ange. Un ange qui m’a quitté récemment, à l’annonce de ma participation au Tremplin 2022 : ma mère ». Ne pou- vant contenir les larmes qui affleurent, celui qui a naguère remporté la compé-

tition #JAMFreestyle, pleure comme une Madeleine. A 20 ans, Ayman (alias Hero) a déjà posé ses premières briques à l’édifice d’un rap made in Morocco qui s’af- franchit de plus en plus des codes du mainstream. Après son dernier morceau, A7lami ,

il compte bientôt dévoiler son EP Adrenaline . ◆

Finances News Hebdo : Allez, on essaie d'intellectuali- ser ton pseudo qu’est Khtek. C’est provocateur, n’est- ce pas ? Khtek : C’est provocateur, la vérité. Voilà, il ne faut pas se voiler la face. J’empoisonnais la vie des gens par mes diableries, voire mes provocations. Et, inconsciemment, c’est un combat fémi- niste. Il fut un temps où lorsqu’on disait à une personne «Khtek», il se sentait atteint, mais plus maintenant du moment qu’il y a une rappeuse se nommant ainsi. Donc, est-ce qu'il y a un impact ? Oui !! Est-ce un combat féministe ? Oui… Mais c’est plus pour la provocation, le jeu de mots, etc. C’est quelque chose de fun et ça colle à l’esprit. F.N.H. : Contrairement à la scène électro où la femme a pris le devant, en rap elle reste encore timide. Khtek : C’est difficile pour une femme de rapper. Pis encore, c’est difficile qu’on l’accepte en tant que telle. C'est pourquoi il n’y a pas beaucoup de rappeuses au Maroc, d’autant plus qu’il y a de la confrontation, du beef, la rue… Donc, ce n’est pas aussi simple pour une femme de rapper. F.N.H. : Est-ce difficile de se faire une place parmi les rappeurs ? Khtek : Il existe des difficultés, mais par rapport au public. Je ne parle pas bien sûr du grand public; je pointe là du doigt les feedback sur Internet. Cela peut être très toxique. Les gens projettent sur moi comme ils le font sur d’autres : des commen- taires sur ton look, ton corps… On ne critique jamais le produit. F.N.H. : Comment la nouvelle génération regarde-t-elle l'ancienne ? Khtek : On les respecte, c’est clair. Mais, est-ce qu’il y a des critiques ? Oui, il y en a bien sûr. Car, on est hyper différent. Et la preuve, c’est comment le rap made in Morocco s’est média- tisé, et a pu se transporter sous d'autres cieux. La clé ? C’est que les rappeurs de la nouvelle génération ont collaboré entre eux. Il y a de la compétition, mais pas trop d’égoïsme. Qui plus est, on est arrivé avec un certain bagage culturel et des aspira- tions peut-être plus grandes que les générations précédentes. ◆ ◆ On ne change rien à ce que nous avions écrit en 2021 sur Houda Abouz (alias Khtek) : moyennant mots qui blessent, formules qui font mouche, Khtek dénonce le sexisme et plaide pour l’émancipation des femmes. Mais attention ! Esprits sensibles et chagrins s’abstenir. Elle parle cru, par- fois très cru, et d’une façon hermétique pour la vieille géné- ration. Inutile de s’en offusquer.

L’FREE MAN

Mention spéciale du jury

« Se retrouver au milieu d’artistes que j’aime, face à un public enthousiaste, accueillant, chaleureux, est un moment de bonheur, pour lequel j’ai été prêt à tout (...) J’éprouve une grande joie au constat que

mes chansons ont été por- tées de bout en bout par le public. Un public largement diversifié et très enthou- siaste. Et en plus, irrépro- chable (...) Sur scène, je suis sorti de mon corps, comme si j'étais en train de

courir », fait savoir l’homme libre. ◆

TELTACH

2 ème prix Tremplin L’Boulevard, catégorie Rock/Metal

« Nous ne sommes pas venus pour faire acte de présence, mais pour chan- ter avec nos tripes. Il n’y avait pas de faux-sem- blants », souligne Saad, lea- der et bassiste de ce groupe qui s’évertue à raviver le punk rock « B’darija » depuis Marrakech. « Maintenant que nous avons décro-

ché ce prix, je vais créer une sorte de mouvement dans la ville ocre (...) C'est vrai, vivre de la musique est de plus en plus diffi- cile. Il n'y a pas assez d'en- droits où jouer par rapport au nombre de musiciens », Saad est pourtant sur un nuage quand il lâche ses propos. « Nombre de salles

ont fermé. Bref, un désastre sans nom dont les artistes paient le prix fort », ajoute- t-il. ◆

KAMAR MANSOUR

2 ème prix Tremplin L’Boulevard, catégorie Fusion

« Ça fait toujours plaisir de voir ses efforts récompen- sés. Pour moi, ce Tremplin représentait une sorte de défi et revêtait une impor- tance capitale quant à la suite de ma carrière. Dieu merci, les choses se sont bien passées. Ceci étant, je suis consciente de la lon- gueur du chemin qui me

reste à accomplir pour pouvoir prétendre à une place parmi les grands », se réjouit-elle. Et d’ajouter : « quand on ressent, comme moi, toutes les infinies dou- leurs que les maux causent, on ne peut qu’y être sen- sible. Et l’on doit se faire un point d’honneur d’en dénoncer la cause essen-

tielle. Mon statut d’artiste me le permet, et je ne m’en priverai pas ». ◆

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