FNH 1001

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

DU 19 ET 20 NOVEMBRE 2020

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Covid-19/Cliniques privées

Entre saturation des capacités d’accueil et manquements graves L es chiffres rendus publics quotidiennement par le ministère de la Santé cor- robore une tendance à la hausse des malades du coronavirus et du nombre des décès. Par M. Diao & I. Zerrouk

◆ A Casablanca, les cliniques privées autorisées à traiter les malades de la Covid-19 sont presque arrivées à saturation. ◆ Certaines cliniques violent le protocole sanitaire en vigueur en appliquant une tarification abusive.

«La tarifi- cation aug- mente au fur et à mesure des compli- cations. En réanimation par exemple, la facture flambe».

Les autorités publiques ne cessent d’alerter sur les nombres de cas graves et de morts. La situation préoccupante qui pré- vaut commande de s’interroger sur les capacités des cliniques privées à absorber l’augmentation des contaminations à la Covid-19 et nécessitant une hospitalisation. Très concrètement, au Maroc, l’on dénombre quotidiennement, en moyenne, 1.000 cas jugés sérieux par les professionnels de Santé. Une centaine de malades parmi cette population a besoin de soins intensifs prodigués par les services de réanimation, avec une assistance ventilatoire et/ ou une intubation. L’autre pré- cision importante à apporter est que 30% du total des contaminés par jour sont dans une situation

La tutelle doit sévir Les pratiques observées dans certaines cliniques privées auto- risées par la tutelle à traiter des malades de la Covid-19, néces- sitent une réponse ferme de la part du ministère de la Santé. Même si un protocole sanitaire a été établi, englobant la tarifica- tion des services et prestations fournis, et ce de concert entre la tutelle, l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), les représentants des cliniques pri- vées et des médecins du secteur privé, des dépassements de tari- fication ont été constatés dans certaines cliniques. La déclaration de l’employé de la clinique privée est sans équi- voque. «Un patient atteint de Covid-19 dépose une avance de 30.000 DH, couplée à un chèque de garantie de 30.000 DH» , confie- t-il. Et de révéler : «A l’évidence, la tarification augmente au fur et à mesure des complications. En réanimation par exemple, la fac- ture flambe». ◆

nécessitant des consultations soit dans le secteur public ou les cli- niques privées. Les malades faisant partie du pour- centage précité et qui présentent des signes mineurs prennent le traitement à domicile ou sont hos- pitalisés sur décision du médecin traitant. Les autres malades qui ont des signes de gravité moyenne sont hospitalisés dans les struc- tures de santé publique ou privée. «La situation pandémique actuelle met beaucoup de pression sur les structures de santé des sec-

teurs public et privé. Pour l’heure, le taux d’occupation des lits de réanimation, variable sur le ter- ritoire national, tourne autour de 40%» , explique le professeur Said Motaouakkil, directeur d’une cli- nique privée. L’anesthésiste-réanimateur alerte sur le fait qu’à Casablanca, ce taux culmine à 70%, et que les cli- niques privées autorisées à traiter les malades du coronavirus sont presque arrivées à saturation. Huit cliniques privées, contactées par nos soins et autorisées à traiter les patients atteints de la covid-19, ont confirmé la saturation de leur capacité d’accueil. Le témoignage d’un employé d’une clinique pri- vée de la capitale économique est édifiant. «Pas moins de 3 étages ont été dédiés exclusivement à la Covid- 19, notamment le service de réa- nimation» , confie-t-il sous couvert d’anonymat. Il convient de préciser que les cliniques privées traitent autour de 30% des malades graves atteints du coronavirus.

Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé, a tenu récemment une réunion avec les représentants de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), avec la participation des responsables de l’ANAM. Cette rencontre, qui sonne comme un rappel à l’ordre à l’encontre de certaines cliniques privées qui appliquent une tarification abusive, a permis à l’ANAM d’insister sur la nécessité de respecter scrupuleusement le protocole sanitaire établi par le ministère de la santé. Celui-ci englobe la tarification des services et prestations prodigués aux patients atteints de Covid-19. Tarification, le rappel à l’ordre

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