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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 JUILLET 2020

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les entreprises n’ont pas les moyens de le faire. Nombreuses sont en arrêt et n’ont ni la capacité d’investissement ni les moyens financiers. Mais l’Etat doit assurer le meilleur équilibre entre une dépense publique nécessaire et son rôle de moteur de cette reprise. L’endettement auprès des ins- tances internationales peut être bénéfique tant que notre souveraineté n’est pas remise en cause. Un niveau raisonnable et soutenable de déficit devrait être maintenu. En tout cas, je pense que cette option reste, dans ce contexte, meilleure que de recourir à une fiscalité plus lourde. F.N.H. : Ne fallait-il pas laisser courir davantage le déficit budgétaire en soutenant plus les entreprises pour préserver les emplois ? L. A. : Le niveau du budget général de l’Etat en termes d’investissement a été porté à un montant important, sans marquer véritablement une rupture avec l’ortho- doxie budgétaire précédente. Le secteur informel a été fortement soutenu. La crise sanitaire a effectivement sévèrement sanc- tionné les entreprises. Mais, aujourd’hui, face à la réduction des recettes fiscales, il sera très difficile de soutenir davantage le tissu productif pour relancer la machine, à l’exception des secteurs dans le coma, qui méritent des mesures d’urgence. Les entreprises elles-mêmes doivent revoir leur mode de gestion pour dégager des niches et des moyens à même de mieux rationaliser leurs dépenses. Il y a des charges superflues et le respect d’une ortho- doxie financière, notamment par les dirigeants, est une réflexion qui pourrait émerger suite à la prise de conscience induite par la crise. F.N.H. : En tant qu’expert-comptable et com- missaire aux comptes, vous êtes bien au fait des problématiques auxquelles font face les entreprises marocaines en cette période de crise. Quelles sont les difficultés qui remontent le plus ? L. A. : Les mesures de confinement qui ont été prises, ont permis de sauver des vies mais, paradoxalement, ont eu un impact sur les grands agrégats de l’écono- mie, et sur les entreprises. Beaucoup de secteurs ont été exposés, comme vous le savez. Par excellence, le tourisme et la restaura- tion, mais aussi les secteurs exportateurs, le textile, le service, les industries agroalimentaires, les bâti- ments travaux publics… Les entreprises sont confrontées à des probléma- tiques de trésorerie, dont une part importante est orientée vers le paiement des salaires, charges sociales, mais aussi les fournisseurs. L’activité est en train de reprendre progressivement et les entreprises sont à court de fonds. Les mécanismes de financement et de garantie déployés par l’Etat, notamment le produit Damane Relance, qui promet d’apporter une bulle d’oxygène, offrent des conditions qui séduisent. Cependant,

Loi de Finances rectificative

«Les exigences de la relance ont pris le pas sur certains équilibres budgétaires» ◆ Dans cet entretien, Laila El Andaloussi, expert-comptable et dirigeante du Cabinet ABS Consulting, analyse avec lucidité la Loi de Finances rectificative et les mesures prises pour relancer l’économie nationale. ◆ Elle estime, par ailleurs, que les entreprises doivent revoir leur mode de gestion pour dégager des niches et des moyens à même de mieux rationaliser leurs dépenses.

(CVE), aujourd’hui l’heure est à la relance. La Loi de Finances rectificative qui vient d’être adoptée par la première Chambre n’a pas fait dans l’austérité. Les exigences de la relance ont pris le pas sur certains équilibres budgétaires. Car, dans ce contexte difficile, la priorité est à la consolidation des secteurs sociaux, à la relance de la demande, à l’amélioration de la couverture médi- cale et meilleure protection du citoyen, mais aussi à l’accompagnement des entreprises en proie à des difficultés graves. Le rôle de l’Etat dans cette politique de relance est incontournable. Principal consommateur et com- manditaire des marchés, il doit contribuer active- ment à l’effort d’investissement à un moment où

Propos recueillis par D. William

Finances News Hebdo : Quelle lecture faites-vous de la Loi de Finances rectificative ? Est-ce, selon vous, réellement un budget de relance économique ou s’inscrit-il plutôt dans une optique de préservation des équilibres macro- économiques ? Laila El Andaloussi : La Loi de Finances rectificative s’est imposée à nous en raison de ce contexte ins- table et alarmant. La croissance économique a été amputée de façon considérable. Les recettes fiscales se sont contrac- tées drastiquement. Après le plan de sauvetage mis en œuvre par le Comité de veille économique

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