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JEUDI 30 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Tourisme

◆ Un faisceau d’indices avait suscité l’espoir des professionnels du tourisme. ◆ Le regain de confiance des hôteliers a été foudroyé par la récente interdiction des mouvements à destination et en provenance de 8 villes. L’espoir d’un rattrapage parti en fumée J usque-là, les mesures prises par les autorités publiques pour contrer l’avancée de la pandé- mie avaient été unani-

La décision subite a donné un coup d’arrêt brutal à la reprise timorée du secteur.

mement saluées tant à l’échelle nationale qu'internationale. L’état d’urgence sanitaire décrété en mars 2020, qui avait instauré le confinement total, a été l’un des principaux mécanismes ayant permis aux pouvoirs publics de maîtriser la crise pandémique. Néanmoins, cette dernière est en train de prendre une nouvelle tournure, comme l’attestent les propos récents du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb. « La situation épidémiologique liée à la pandémie de la Covid-19 devient inquiétante, compte tenu de l'augmentation des contamina- tions, des cas graves et des décès dus à la maladie », a-t-il fait savoir récemment. Et d’alerter : « Le bilan des cas de contamination recen- sés en l'espace d'une semaine dépasse ce qui a été enregistré en quatre mois au Maroc ». Cette nouvelle configuration pour le moins préoccupante a pous- sé le gouvernement à prendre une décision qui suscite l’incom- préhension auprès de l’opinion publique. Il s’agit de l’interdiction, sans crier gare, des mouvements à destination et en provenance des villes de Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid, Settat et Marrakech. Le caractère soudain de cette décision, à quelques jours de la fête de l’Aid-Al-Adha, sans que les citoyens n’aient eu le temps

de prendre leurs dispositions afin d’entrer ou de sortir des villes précitées avant le dimanche 26 juillet 2020 à minuit, a suscité une ire collective. De plus, la nouvelle mesure, qui a sonné le glas de l’activité touristique pour l’année 2020, après l’espoir nourri par la troisième phase de déconfi- nement, a provoqué le chaos sur les routes et les autoroutes (bouchons monstres, accidents graves, etc.). Le coup fatal Un faisceau d’indices avait sus- cité l’espoir des professionnels du tourisme. Il s’agit de l’instauration de la troisième phase du décon- finement autorisant les hôtels à porter leur capacité d’accueil à 100%. Dans la foulée, le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Otmani, avait également sommé les ministres de passer leurs vacances au Maroc. Le regain de

confiance des hôteliers a été fou- droyé par la récente interdiction prise par les autorités. La décision subite a quelque part donné un coup d’arrêt bru- tal à la reprise timorée du sec- teur, partagé entre la fermeture et la reprise d’activité de cer- tains établissements et stations balnéaires. « Nous ignorons com- ment les choses vont se dérou- ler ni comment nous allons gérer cette situation. Cette décision est catastrophique pour le sec- teur en entier », a déclaré Khalid Benazzouz, président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (www. fnh. ma). Le choc est d’autant plus brutal que les établissements hôteliers avaient commencé à engager des frais dans l’optique d’atteindre leur capacité d’accueil maximale, tout en répondant aux exigences sanitaires dictées par le contexte pandémique.

Les nouvelles limitations de déplacement sont à l’origine de l’annulation des réservations de bon nombre de clients. « Nous comptons proposer à nos clients des avoirs, mais nous ne sommes pas sûrs s’ils accepteront, car nous n’avons pas de visibilité sur la levée du confinement, ni sur les conditions qui seront appli- quées pour les voyageurs. Les établissements touristiques sont dans une situation délicate, car ils ont investi une grande partie de leur trésorerie pour pouvoir redémarrer », confie, pour sa part, un professionnel basé dans la ville ocre. Au final, il y a fort à parier que le secteur, qui génère près de 80 Mds de DH de recettes en devises, ne se remettra pas de sitôt de la crise liée au coronavi- rus. D’autant plus que l’Etat n’a pas mis en place un plan de sou- tien massif dédié à cette branche sinistrée. ◆

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