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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 JUILLET 2020

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M. A. : Plusieurs économistes marocains et étrangers ont relevé depuis des années que la croissance est insuffisante pour résorber les différents déficits et inégalités. C’est un constat commun à tous les pays émergents. Outre sa faiblesse, elle est fluctuante et dépen- dante des aléas climatiques. Si la croissance est également déterminante pour réduire ces disparités, il faut d’autres facteurs d’accom- pagnement. La Chine, par exemple, qui a un système très centralisé et qui réalise des croissances en moyenne de plus de 6%, n’arrivent toujours pas à réduire ce genre de disparités. La région du Tibet est dépourvue d’infrastructures de base et la majorité de la population vit dans la vulnérabilité. S’il y avait une volonté politique, la situation se serait nettement améliorée. C’est pour dire qu’il est essentiel d’accélé- rer certains projets comme la régionalisation avancée pour donner une nouvelle impulsion aux zones défavorisées. Les ressources mises à la disposition des conseils régionaux doivent augmenter de manière conséquente, afin de leur permettre de réaliser des actions d’enver- gure en matière de développement écono- mique, social, culturel et environnemental. Et de prendre en considération les réalités qui existent sur le terrain, notamment le potentiel fiscal, le pouvoir d’achat des citoyens, l’apti- tude d’expansion des entreprises, le climat des affaires et l’environnement économique. Les inégalités sociales ne peuvent être réduites sans une équité fiscale pour assurer le trans- fert de revenus des nantis vers la population démunie. F.N.H. : Malgré la Constitution de 2011 qui a donné plus de pouvoir à l’Exécutif, le Roi intervient dans plusieurs domaines, y compris le volet économique. Quelle lec- ture en faites-vous ? M. A. : Dans le cadre des attributions que lui confère la Constitution de 2011, le Roi joue son rôle de garant des équilibres et de père de la nation. La stabilité politique ne peut perdurer sans un développement économique ou social. L’interventionnisme royal s’explique par plusieurs raisons. Son autorité morale et institutionnelle lui permet de fédérer les dif- férents acteurs et intervenants, de mobiliser facilement les fonds nécessaires, d’éviter la bureaucratie et la lourdeur de la procédure. Plusieurs projets de grande envergure n’au- raient vu le jour sans l’implication personnelle du Roi, à l’image des usines de Renault à Tanger et de PSA à Kénitra. L’action du Roi est également perceptible dans l’implantation ou l’expansion des groupes marocains à l’inter- national, notamment en Afrique. ◆

«Les réformes initiées par le Maroc ont amélioré le climat des affaires» ◆ L’autorité morale et institutionnelle du Roi permet de fédérer les différents acteurs et intervenants. ◆ La stabilité politique ne peut perdurer sans un développement économique ou social. ◆ Le point avec Mohamed Amrani, économiste et professeur universitaire.

potable. L’Etat a consenti beaucoup d’efforts pour renforcer le nombre des hôpitaux, des écoles et des universités. Il faut noter que sur le plan institutionnel, de nouveaux organismes ont été créés comme la Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Conseil de la concurrence, la Haute autorité de la communi- cation audiovisuelle (HACA). Plusieurs réformes ont été initiées, permettant au Maroc d’amélio- rer sensiblement son classement dans le Doing Business. Il occupe actuellement la 53 ème posi- tion et vise le top 50 à l’horizon 2021. F.N.H. : Mais ce développement n’a pas réduit les inégalités sociales et régionales. Quelle est votre analyse ?

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Durant les 21 ans de règne du Roi Mohammed VI, le Souverain a fait du développement économique un axe central pour assurer l’essor du pays. Comment jugez-vous le bilan des réalisa- tions du Maroc à ce niveau ? Mohamed Amrani : Depuis son accession au Trône en 1999, SM le Roi a donné un véritable coup d’accélérateur aux chantiers structurants, notamment les infrastructures de base. Cela est visible au niveau des différents secteurs comme les routes, les autoroutes, les barrages, les ports, les aéroports sans oublier la générali- sation de l’électrification rurale et l’accès à l’eau

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