FNH N°1008

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 JANVIER 2021

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«Dette Covid-19» et dégradation des finances publiques

◆ L’endettement global du Royaume devrait se situer autour de 95,6% du PIB en 2021. Le déficit budgétaire risque de culminer pour la même année à 6,4% du PIB. ◆ Pour certains fiscalistes, il n’y a pas de doute : la pression fiscale, déjà élevée au Maroc, est appelée inexorablement à s’alourdir. Gare à la hausse de la pression fiscale ! L a crise liée à la Covid- 19, qui continue de sévir au Maroc en dépit des espoirs sus- cités par l’arrivée des Par M. Diao

Royaume, notamment les pays européens. Concrètement, le déficit budgétaire, qui était de 3,6% du PIB en 2019, est passé à 7,4%du PIB en 2020 et devrait, d’après les prévisions, se situer à 6,4% du PIB en 2021. Face à cette dégradation notable des finances publiques, couplée au raffermissement substantiel de l’endettement public global, il est légitime de se poser la ques- tion de savoir si la pression fiscale déjà élevée au Maroc en comparaison à certains pays de la région MENA (Egypte, Tunisie, Jordanie), est suscep- tible de progresser. Et ce, d’au- tant que le document intitulé «La capacité de mobilisation des recettes fiscales au Maroc», publié par Bank Al-Maghrib en décembre 2020, montre de surcroît que les taux d’imposi- tion au Maroc sont supérieurs à ceux pratiqués par les pays susmentionnés. Pourtant, en moyenne sur la période 2013-

2017, la capacité fiscale du Maroc est évaluée à 27,2% du PIB, alors que les recettes fis- cales représentaient 21,2% du PIB. Ce qui témoigne quelque part du manque d’efficience et de rentabilité du système fiscal national. Le manque à gagner relevé par l’étude publiée par BAM est, en effet, de l’ordre de 6,7 points de PIB. En 2019, le Maroc a mobilisé près de 238,2 milliards de dirhams de recettes fiscales, soit 20,7% du PIB. Ce qui représente un niveau moindre en pourcentage sur la période 2013-2017. Vers une hausse inexorable de la pression fiscale Hicham Mouchir, économiste et expert-comptable est for- mel : «Au regard du niveau de détérioration des finances publiques, auquel s’ajoute l’ac- croissement de l’endettement global, la pression fiscale, déjà élevée au Maroc, est appelée à augmenter» . «Tout l’enjeu est de savoir comment l’aug- mentation de la pression fis- cale sera répartie. Est-ce les mêmes contribuables qui vont supporter l’alourdissement du poids des impôts ? Ou, au contraire, l’accroissement de la pression fiscale se traduira par l’élargissement de l’assiette fiscale, confor- mément aux recommanda- tions des Assises fiscales de 2019» , ajoute-t-il. La situation actuelle questionne la pertinence du maintien de certaines niches fiscales. Sachant que les dépenses fis-

cales en 2020 se sont chiffrées à plus de 28,9 Mds de DH. L’élargissement de l’assiette fis- cale suppose aussi une contri- bution plus conséquente à l’effort fiscal des secteurs très peu concernés par le paiement de l’impôt. Il y a notamment l’agriculture, puisqu’un nombre réduit d’entreprises est entré dans le champ d’application du paiement de l’impôt. «Au Maroc, les professions libérales participent de façon marginale à l’effort fiscal. Pour preuve, 80% de l’IR sont payés par les salariés. Des sociétés déclarent un déficit chronique quand bien même elles réalisent des marges confortables. 0,8% des sociétés s’acquittent de près de 80% de l’IS» , dénonce Hicham Mouchir. Ce dernier suggère que le contexte actuel est un motif pour l’Etat de corriger les dys- fonctionnements à l’origine d’un manque à gagner considérable pour les finances publiques. D’autant que les recettes fis- cales couvrent près de 74,5% du BGE. Au final, bon nombre d’experts affirment que le creusement des déficits budgétaires causés par la crise contraint l’Etat à s’en- detter. Aux dettes antérieures s’ajoute la dette «Covid-19», qu’il faudra bien rembourser. Par conséquent, l’Etat n’aura d’autres choix si ce n’est d’ac- croître la pression fiscale afin d’honorer ses engagements. Et ce, en raison du poids important des recettes fiscales dans le BGE. ◆

doses de vaccin, a fragilisé les financespubliqueset gonflé l’en- dettement global du Royaume. Pour preuve, les résultats du Budget économique prévision- nel 2021, réalisé par le HCP, font état d’une inflation notoire du taux d’endettement global du Royaume suite à la pandé- mie. En effet, le taux d’endette- ment global est passé de 80,4% du PIB en 2019 à 94,6% en 2020. Et l’année 2021 ne risque pas d’être meilleure, puisque les experts du HCP tablent sur un taux d’endettement global de 95,6% du PIB. Même constat au niveau des finances publiques chahutées par la pandémie, laquelle menace les économies des principaux partenaires du

Les mêmes contribuables vont-ils devoir sup- porter l’alour- dissement du poids des impôts ?

La situation actuelle questionne la perti- nence du maintien de certaines niches fiscales.

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