FNH N°1008

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 JANVIER 2021

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Risques climatiques

◆ Afin de se préparer pour la gestion et la surveillance des risques associés à la finance verte, les 3 autorités de régulation (ACAPS, AMMC et BAM) ont entrepris plusieurs actions. Tour d’horizon. Les régulateurs financiers pleinement engagés L es régulateurs finan- ciers sont sensibles aux risques. Et natu- rellement à ceux liés au dérèglement cli- secteur bancaire. Parallèlement, les banques publient aussi des rapports RSE et prennent en compte (pour certaines) les risques environne- mentaux et sociaux en amont de toute décision de financement et/ou d’investissement. (Principles for Sustainable Insurance). Par Y. Seddik

d’abord, Bank Al-Maghrib et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ont mis en place une commission chargée du suivi des engage- ments pris dans la feuille de route pour l’alignement du sec- teur financier marocain sur le développement durable, pré- sentée à Marrakech en marge de la COP22. BAM a aussi adhéré, en avril 2018, au Réseau des Banques centrales et des régulateurs pour le verdissement du sys- tème financier (Central Banks and Supervisors Network for Greening the Financial System – NGFS). Pour ce qui est des banques, l’on note le développement d’offres de financement orien- tées vers l’économie durable et également la mobilisation par certaines banques de «Green bonds» pour financer des pro- jets écoresponsables. Signalons que le marché obligataire maro- cain aura ainsi totalisé des émis- sions «vertes» équivalentes à 5 milliards de DH, dont 60% par le

L’AMMC aux aguets Le régulateur du marché des capitaux a aussi pris à bras-le- corps la problématique du chan- gement climatique. A cet effet, l’AMMC a élaboré un guide servant de référence aux insti- tutions souhaitant émettre des «Green Bonds» pour favoriser le développement de ce nou- veau segment. Ce guide a été upgradé pour inclure, outre les obligations vertes, les obliga- tions durables. L’Autorité exige également la publication d’un rapport ESG pour les entreprises faisant appel public à l’épargne, afin de permettre aux investisseurs nationaux et étrangers d’avoir une information financière exhaustive. Reste à préciser que l’AMMC est également membre de plusieurs groupes de travail spécifiques au domaine de la finance verte, en l’occurrence l’initiative SSE (Sustainable Stock Exchanges), lancée par l’ONU, le SBN (Sustainable Banking Network), créé par la Société financière internationale appartenant au Groupe Banque mondiale. En définitive, au sein de cette multiplicité d’initiatives régle- mentaires touchant l’ensemble des acteurs de la finance, un mouvement de transformation du secteur financier semble peu à peu se tracer. Néanmoins, un autre défi méthodologique reste à surmonter : la cartographie et la mesure des risques cli- matiques. C’est l’objet de notre prochain article. ◆

matique et à la transition bas carbone qui pèsent désormais sur la stabilité financière. Depuis la COP22, ces derniers ont commencé à tenir compte du changement climatique dans l'analyse de leurs risques finan- ciers et dans leur gouvernance. Un progrès salué, mais il reste quand même quelques trous dans la raquette. Jusqu’à maintenant, la régle- mentation prudentielle bancaire au Maroc n’a pas évolué pour intégrer les enjeux climatiques. Même au niveau international, les travaux sur une évolution de la réglementation ne paraissent pas être d’actualité, du moins à court terme. Par contre, plusieurs initiatives ont été lancées par le secteur et la Banque centrale semble être à cheval sur le sujet. Tout

Cat Nat : la loi «salvatrice» Du côté du secteur des assu- rances, une singularité mérite d’être relevée. Contrairement aux banques, le risque clima- tique affecte non seulement l’actif du bilan, mais égale- ment le passif des assureurs. En effet, les risques associés à la hausse de la fréquence et du coût des évènements climatiques extrêmes ont des conséquences directes sur la tarification des polices d’assu- rance et peuvent, à terme, poser la question de l’assurabilité de certains risques. C’est ainsi que la loi instituant le régime de couverture des conséquences d’événements catastrophiques est venue comme solution en novembre 2019. En plus, un Fonds de lutte contre les effets des catastrophes natu- relles a vu le jour pendant la même année. Le régu- lateur (ACAPS) a, de son côté, signé une convention avec certains organismes (FMSAR et le ministère de l’Énergie) pour la promotion des investissements du sec- teur des assurances dans le domaine de l’environnement et du développement durable. Une autre convention a égale- ment été signée pour l’adhésion des entreprises d’assurances marocaines aux principes PSI

Jusqu’à maintenant, la régle- mentation prudentielle bancaire au Maroc n’a pas évolué pour intégrer les enjeux clima- tiques.

Durant ces 4 der- nières années, les régulateurs finan- ciers marocains ont pris une série de mesures pour sur- veiller les risques liés aux change- ments climatiques.

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