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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

DU 21 AU 27 MAI 2020

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que ce soit pour les ménages ou les entre- prises. Les prédictions sont assez unanimes sur la place et les institutions n’envisagent pas une reprise du crédit avant la fin de l’année. Le déroulement du déconfinement, l’évolution de la situation sanitaire à la fois dans le pays et chez nos partenaires économiques vont être déterminants. Nous aurons besoin d’une convergence importante de l’Etat et du système bancaire pour une sortie de crise avec le moins de dégâts possible. F.N.H. : Les banques sont aujourd’hui contraintes à un difficile exercice d’équi- libriste, entre la nécessité de continuer à financer l’économie et celle de maintenir une certaine exigence en matière de ges- tion des risques. En quoi le Credit Bureau peut-il aider les banques à gérer aux mieux cette situation ? Y. F. : Les banques sont à l’économie ce que les hôpitaux sont aux patients de la COVID- 19. Elles doivent venir au chevet des «malades économiques» : les TPE qui ont perdu toute source de revenu du jour au lendemain, les industriels dont l’activité s’est brusquement arrêtée ou encore les ménages qui ont vu leurs salaires disparaître. Le crédit est un levier essentiel de toute économie. C’est un outil de relance, qui bien orchestré peut se traduire en création de valeur pour tous les pans d’un tissu économique. Encore faut-il bien guider ces ressources vers des agents qui peuvent en faire bon escient; pour cela il faut décomposer le cycle de vie d’un crédit et apporter des solu- tions à chacune des étapes. Le démarchage ou l’analyse de nouveaux dossiers doit se baser sur davantage de données afin que les établissements puissent proposer des offres adaptées à chaque profil (montant, taux d’inté- rêt, conditions de paiements etc.). Une fois le crédit contracté, il faut «monitorer» : savoir si leur situation se dégrade ailleurs pour mieux anticiper leur risque de contagion et prendre des mesures palliatives. Enfin, éviter qu’ils ne basculent en recouvrement où les chances de perdre leurs fonds sont importantes. Quantik offre plus que des produits et services pour aider les établissements à vendre plus et mieux. Nous offrons avant tout de la confiance. Nous connaissons le métier du crédit et nous accompagnons également nos clients dans leur réflexion pour repenser leur stratégie crédit, leur mise en place et leurs process. Avec le temps, nous sommes devenus des partenaires «data». Outre la data du crédit bureau, les établisse- ments doivent construire des «stratégies data». Récupérer, organiser, traiter et livrer de la donnée à tous leurs départements : du risque au marketing en passant par le front-office.

La digitalisation d’une banque ne s’arrête pas à une application mobile pour ses clients. C’est toute l’organisation qui doit être revue afin que la data joue pleinement son rôle, qu’il y ait une hyper automatisation des opérations, un pilo- tage grâce à l’analytique et un service optimal rendu au client. C’est dans ce contexte que Quantik s’inscrit. F.N.H. : Vous comptez lancer prochainement un produit baptisé « Classification risque Covid-19». Comment fonctionne-t-il ? Y. F. : Nous estimons que les banques doivent adopter une approche proactive plutôt que réactive avec leurs clients. Pour se faire, nous avons voulu mettre à disposition de nos par- tenaires un produit qui leur permet de les classifier tous les mois selon leur probabilité d’impact de solvabilité dû au COVID-19 sur un horizon de deux mois. En somme, en analysant le comportement passé des consommateurs sur l’ensemble de la place financière et en la croisant avec une pléthore de variables, nous sommes en mesure d’offrir une vue à 360° de leur portefeuille en termes de retards de paiement et de probabilité de changement de comportement. Lorsqu’une banque sait qu’une population est à risque, elle peut prendre des mesures proactives de suivi, voire de soulage- ment avant qu’elle ne commence à se détério- rer. Une réduction ne serait-ce que d’1% des créances en souffrance d’une banque se traduit en millions de dirhams pour un établissement bancaire. Ces outils permettent à la fois d’anti- ciper le risque et d’accompagner ses clients. Ils viennent en sus de notre Quantik Predictive Score, qui offre une probabilité de défaut sur une période de 12 mois. Un opérateur qui anti- cipe sur les difficultés de ses clients, réussira à renforcer son capital confiance. Les rééche- lonnements ne pourront pas continuer indéfini- ment sur les prochains mois et nous craignons que les retards de paiement ne se poursuivent avant une stabilisation de l’économie. F.N.H. : Quelles sont les barrières technolo- giques et réglementaires qu’il faudra lever pour doter l’écosystème bancaire marocain de la «Data Sphère» pour laquelle vous mili- tez ? Y. F. : En termes d’écosystème, inutile de regar- der beaucoup plus loin que nos frères africains. Des pays comme le Rwanda, malgré les stig- mets de la guerre civile, est aujourd’hui qualifié de «dragon de l’Afrique de l’Est», notamment grâce à sa vision de la technologie. Les incuba- teurs de start-up drainent des investissements étrangers massifs et les capital-risqueurs jouent le jeu. Le Maroc peine à être dans le classement du top 10 des pays les plus attractifs pour les

startupers, justement parce que l’écosystème les désavantage. En général, le dynamisme de ce secteur reflète aussi celui du tissu bancaire local car celles-ci sont les principales facilita- trices et clientes de ces nouveaux business- models. Un des vecteurs de croissance pour le Maroc est sans conteste l’accélération de sa digitalisation. Ce qui normalement aurait dû avoir lieu il y a dix ans dans notre pays sur toute la transverse de l’économie, des institutions étatiques au TPE en passant par les consom- mateurs, n’est aujourd’hui plus une option mais une obligation. Ceci non seulement pour dyna- miser notre économie mais aussi pour la rendre plus résiliente. Il faut de l’audace de la part des autorités pour accélérer la digitalisation de leurs administra- tions. Il faut une certaine souplesse des législa- teurs pour rendre la sphère plus souple. Il faut un cadre clair sur le partage de la data entres ces mêmes organes pour offrir un meilleur service aux citoyens marocains et de la transparence.

Quantik en tant que Credit Bureau a un rôle essentiel à jouer dans ce contexte. Par exemple, nous attendons toujours que le projet de loi sur la data alterna- tive soit adoubé par le gouvernement. Ceci nous permet- trait de converger la donnée bancaire avec celles des opérateurs télépho- niques, régies d’eau électricité etc., pour

Les rééchelonne- ments ne pourront pas continuer indé- finiment sur les prochains mois et nous craignons que les retards de paie- ment ne se pour- suivent.

créer un cercle vertueux où nous offrons des opportunités inouïes d’analyse de risque pour les banques et des outils pour le grand public, à l’instar des pays anglo-saxons qui nous devancent largement dans le domaine. Nous devons aussi combattre un autre fléau dévastateur : celui de la fuite massive des cerveaux dans les nouvelles technologies. Ce phénomène ne pourra être endigué que si nous créons les conditions adéquates pour les rete- nir ici avec des projets innovants, visionnaires et intégrés par tout notre tissu économique. Le digital est par définition un secteur qui doit être agile, réactif, rapide avec un accès à la data. Il faut que ces éléments convergent pour créer cette «data-sphère» génératrice de valeurs et que nous puissions devenir un acteur digital incontournable aux carrefours de l’Europe et de l’Afrique. De toutes crises naissent des oppor- tunités : en voilà une qui peut changer l’avenir de notre pays. ◆

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