FNH 893

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

DU 21 AU 27 MAI 2020

www.fnh.ma

à l'étranger après avoir atteint l'au- tosuffisance, et en ayant préparé un stock stratégique de 50 millions de masques en tissu pour l'après- confinement. Le Royaume, qui n’exclut pas d’ex- porter des dispositifs médicaux et accélère la cadence de production de respirateurs artificiels, a pu en outre reconstruire l’unique usine marocaine de production d’étha- nol en pas moins d’une semaine, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur. Cette usine lui per- met d’être autosuffisant en étha- nol, un produit essentiel pour la fabrication de produits désinfec- tants. Pour Moulay Hafid Elalamy, « la pandémie du coronavirus a ainsi démontré que le Maroc est un pays capable de s'industrialiser et dispose d'ingénieurs de haut niveau ». Propos au demeurant corrobo- rés par l’inventivité et la capacité d’innovation dont ont fait preuve les Marocains, qui se sont illus- trés dans la fabrication de drones, respirateurs et autres outils tech- nologiques visant à aider à lutter contre le coronavirus. Il faut néanmoins noter que toutes les actions initiées dans le cadre de la gestion de cette pandé- mie ont eu pour socle le digital. L’Administration, en général, a fait un formidable bond en avant dans l’usage des nouvelles technolo- gies. Et grâce à tout cela, le Maroc a su valablement se réinventer et a les cartes en main pour mettre l’expérience tirée de la gestion de la pandémie au profit de la phase

post-corona.

Le Royaume produit actuellement 10 millions de masques en tissu non tissé par jour dans près de 23 usines.

Le Maroc post-Covid A-t-on involontairement, et par la force des choses, d’ores et déjà posé les fondements de ce que sera le Maroc post-confinement ? Quels leviers actionner pour la relance économique ? Tous les révélateurs précédem- ment cités vont-ils constituer les piliers du nouveau modèle de développement ? S’achemine-t-on vers un change- ment radical de paradigmes ? Beaucoup de questions se posent sur ce que sera le Maroc de demain. Car ce Maroc d’il y a à peine deux mois, relativement sta- tique, procédurier, asphyxié par les dogmes économiques, miné par les querelles politiciennes… les citoyens n’en veulent plus, maintenant qu’il leur a été donné de voir ce que le Royaume pouvait faire. Toutes ces décisions prises dans l’urgence et la contrainte doivent nourrir la réflexion et servir de piliers à la relance économique. Mais au-delà de la relance et des mesures ponctuelles qui seront prises, la réflexion doit davantage être orientée vers le long terme, au regard de l’émergence écono- mique auquel aspire le Royaume. Une émergence qui ne saurait avoir lieu sans la redéfinition en profondeur du système de santé, mais également la résolution de l’épineuse problématique de l’in- formel. Une émergence qui exi- gera du Maroc, tout autant, d’être moins dépendant de l’extérieur et de renforcer sa souveraineté éco-

nomique. Ce qui requiert, évidem- ment, une industrie forte. Le Royaume a pu donner un bel exemple en la matière avec la production et l’exportation de masques de protection. Il peut le faire dans d’autres activités pour rattraper son retard industriel, à commencer par celles où il était auparavant présent. « Le secteur textile était dans un processus d’intégration, il n’y a plus que des usines de confection. Dans le passé, on fabriquait des pneus, aujourd’hui nous sommes dépen- dants des seules importations », se désole l’industriel Nourreddine Nour (www.fnh.ma). « Dans le passé, le Maroc pro- duisait ses propres chauffe-eaux électriques au travers de trois entreprises. La suppression de toute barrière à l’import a fait qu’il n’y en a plus qu’une seule qui commercialise des articles en par- tie produits à l’étranger…. Si nous

lui assurons une protection nor- mative et douanière, c’est 100.000 chauffe-eaux qui ne seraient plus importés, sauvegardant ainsi des devises, mais créant a minima, dans un premier temps, une cen- taine d’emplois », poursuit-il. Aujourd’hui, c’est peu dire que cette crise sanitaire et écono- mique doit pousser le Royaume à prendre en main son avenir indus- triel. Un défi majeur à l’heure où les grandes puissances économiques ne parlent plus mondialisation et où les grands principes du libre- échange sont fortement remis en cause. Car, désormais, on parle relocalisation. Et c’est à la lumière de ces chan- gements majeurs qu’il faudra s’ins- pirer pour construire le nouveau modèle de développement. « L’objectif d’une politique de relance ne devra pas être sim- plement de retrouver le niveau de morosité économique de l’avant- Covid-19, mais de servir de point de départ et de rampe de lance- ment à un nouveau modèle de développement », nous confiait récemment Rachid Achachi, enseignant en Sciences de ges- tion et Docteur en sciences éco- nomiques à l’Université Ibn Tofail de Kénitra, précisant que « les deux piliers d’une politique de relance s’inscrivant dans le cadre d’un nouveau modèle de développe- ment devront être le rattrapage technologique et l’émergence d’une classe moyenne solide et dynamique » (www.fnh.ma). ◆

Le Maroc a globalement bien réussi la gestion de la pandémie de la Covid-19, au point d’être cité en exemple à l’international. Cela tient essentiellement à trois facteurs : la célérité et l’efficacité des décisions prises, la transparence dont font preuve les autorités et une forte cohésion sociale. Nous ne sommes plus en effet dans cette atmosphère délétère où toutes les initiatives gouvernemen- tales faisaient l’objet de diatribes sévères, parfois à tort, sur fond de dégénérescence de la parole publique. Les rapports Gouvernements-Citoyens se sont apaisés, en cette période de crise sanitaire qui aura été, au contraire, marquée par une adhésion collective de la population à toutes les actions initiées, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. La gestion du coronavirus n’a ainsi souffert d’aucune polémique au Maroc. Les citoyens ont fait confiance en l’Etat. Mais cette «trêve» durera-t-elle au-delà de la crise sanitaire ? La balle est dans le camp de nos gouvernants qui doivent être exclusivement au service de la collectivité, comme ils l’ont fait durant cette crise. Gouvernement-citoyens : Des rapports beaucoup plus apaisés

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