BI No 1-36 combinés

opposants et promoteurs, une guerre froide souvent, faite de procédures sans fin, de com- bats irréconciliables. Elle met aux prises les idéologues étatiques d'un "tournant énergé- tique" opportuniste et les gens aimant simplement leur coin de pays, pas d'accord qu'il soit détruit pour l'auréole de quelques politiciens et politiciennes néo-convertis à une écologie mal comprise. Cette impression de langueur, de torpeur, de désert des Tartares, encore accentuée par un "effet Covid" peu propice aux actions et rencontres, ne doit pas nous endormir : c'est main- tenant que ça se passe et l'année qui débute pourrait bien être décisive.

LES ÉOLIENNES, ÇA SERT À QUOI ? Avec-vous remarqué le glissement argu- mentatif ? Au départ et jusqu'à l'accep- tation de la stratégie énergétique en mai 2017, les éoliennes ça servait à remplacer le nucléaire. 25 téra- wattheures par an de nucléaire doivent être remplacés par une quantité équi- valente de nouveaux renouvelables, dont 4 térawattheures d'éolien. Alors que le nucléaire fonctionne en- core joyeusement et que l'on est très loin du compte pour les 25 téra- wattheures par an de nouveaux renou- velables, les éoliens, sans doute inspirés par la récente préoccupation climatique du grand public, ont changé leur argu- ment de vente : maintenant, les éo- liennes servent à réduire les émissions de CO2. La belle affaire !

Deux fronts bien distincts se cristallisent dans le canton :

Les 6 projets qui sont en procédure : ce sont EolJorat Sud, EolJoux, Sur Grati, Mollendruz, Bel Coster et Sainte-Croix. Ils sont devant les tribunaux, en attente de jugement. Le Tribu- nal fédéral doit établir une nouvelle jurisprudence, notamment sur la question de "l'intérêt national" contenu dans la nouvelle loi sur l'énergie (LEne) et de sa portée concrète. Suivra- t-il la Cour cantonale ou fera-t-il une lecture plus critique, une pesée des intérêts plus nuancée ? Nous verrons. Dans tous les cas, il faut faire le maximum dans ces procédures pour affiner, étayer, documenter nos arguments au cours des échanges d'écritures, avec l'aide de nos avocats et des autres organisations recourantes. Et bien sûr financer les frais de procédure ! L'issue de ces jugements sera absolument déterminante, pour les projets vaudois, mais aussi pour toute la Suisse. Les 5 projets qui avancent mais qui ne sont pas encore en procédure : les promoteurs tra- vaillent, des dossiers se préparent, des activités d'information ont lieu. Ces projets sont: EolJorat Nord, Grandsonnaz, Provence, Bavois, Essertines-sur-Rolle . Des informations cir- culent sur des mises à l'enquête plus ou moins imminentes, parfois retardées par des Mu- nicipalités devenues hésitantes. Pour ces projets, l'action locale et politique des associa- tions est capitale. En effet, un vote négatif d'un législatif communal signifie la fin d'un pro- jet. A Froideville, le législatif a décidé par motion d'un moratoire de 10 ans sur le projet EolJorat Nord sur le territoire de la commune, avant même la mise à l'enquête. Les autres projets : ils sont officiellement abandonnés, sont en stand-by ou alors sont peu avancés et sans activité réelle pour le moment. À part les projets de Daillens-Oulens et de Cronay, qui ne figurent plus au plan directeur cantonal, les autres peuvent potentiellement être réactivités par les promoteurs.

Mais on ne peut physiquement pas uti- liser deux fois un même kilowattheure éolien : soit il sert à substituer du nu- cléaire et ne contribue alors en rien à une réduction de émissions de CO2, soit il sert à remplacer du fossile (gaz, char- bon), à l'étranger, mais il faut alors gar- der notre nucléaire. On ne peut pas faire les deux. Alors, quel camp choisis- tu, camarade éolien ?

Jürg Schweizer, conseiller technique

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