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L’invité* : Jean-François Dupont, ingénieur, Dr. sc. tech. EPFL

La forte hausse du prix de l’électricité résulte du mécanisme de formation du prix en bourse qui réagit à la hausse dès qu’il y a déficit d’offre et excédent de demande, d'autant plus que le produit est non stockable. Pourquoi ce déficit de production ? Le déficit est européen et on peut voir deux causes principales : l’ouverture du marché de l’électricité et l’antinucléarisme dominant. Cette dimension européenne du déficit de production fait que la pers- pective d'importer le courant qui nous manque par de meilleurs accords entre la Suisse et l'UE est illusoire : tous les pays ne peuvent pas importer en même temps.

Jean-François Dupont

L’ouverture du marché a retiré aux entreprises en charge de la production à la fois leur monopole et leur responsabilité. La sécurité d’ap- provisionnement en électricité exige que soit disponible en permanence une réserve de production : les entreprises responsables, du temps du monopole, ont investi systématiquement et sans faille dans cette réserve. Après l’ouverture du marché, les entreprises se sont trouvées déliées de leur engagement : le nouveau responsable devenait le marché. Oui, mais comme avait prévenu le Prof. EPFL Matthias Finger, le marché ne peut pas être convoqué devant un tribunal. Et le marché n’était pas motivé pour investir dans une réserve qui ne va intervenir qu'occasionnellement. L’antinucléarisme dominant s’est manifesté un peu partout dans les pays de l’UE, spécialement en Allemagne avec l’Energiewende. L’acti- visme des mouvements antinucléaires, les accidents graves de Tchernobyl et Fukushima et les impacts sur une opinion publique souvent désinformée sont les responsables principaux de l’opposition d’une partie de la classe politique au nucléaire. En Suisse cela s’est concré- tisé par la Stratégie Énergétique 2050 acceptée en votation populaire en 2017. Il y a cependant une question technique décisive qui n’a pas fait l’objet d’un vrai débat : la SE2050 est-elle réalisable, autrement dit est-il possible techniquement aujourd’hui de remplacer TOUT le nucléaire par QUE du renouvelable. Ce n’est pas une question d’opinion, c’est une question de faisabilité technique qui doit et peut être vérifiée avec des moyens scientifiques. La réalité : le rapport sur la SE2050 du Conseil fédéral ne contient pas le programme des mesures concrètes à prévoir pour remplacer le nucléaire par des renouvelables. Un peu comme un architecte qui proposerait une maison en ne fournissant que le cahier des charges, mais pas les plans. De nombreux scienti- fiques, en particulier en Suisse, avec expérience du terrain dans ce type d’analyses l’ont confirmé. Quand le médiatique Professeur Genoud déclare que la cause du déficit est qu’on n’a pas mis en œuvre la SE2050 et pas réalisé le solaire et l’éolien nécessaires, il a raison. Mais en partie seulement, car il occulte – involontairement ou à dessein – ce fait essentiel : même si on avait voulu, on n’y serait pas arrivé. De son côté, l'Académie des Sciences française déclare en 2017 : « il y a une véritable contradiction à vouloir diminuer les émissions de gaz à effet de serre tout en réduisant à marche forcée la part du nucléaire. En réalité de nombreuses études montrent que la part totale des énergies renouvelables dans le mix électrique ne pourra pas aller très au-delà de 30-40 % sans conduire à un coût exorbitant de l’électricité et des émissions croissantes de gaz à effet de serre et à la mise en question de la sécurité de la fourniture générale de l’électricité » . Cet avertissement se réalise aujourd'hui. À noter enfin le cas révélateur de la Suède. Ce pays avait décidé à la suite de Tchernobyl de sortir du nucléaire, mais en mettant deux con- ditions préalables à démontrer avant la mise à exécution : cette sortie doit pouvoir se faire sans augmenter les émissions de CO2 et sans une hausse exagérée du prix de l’électricité. Après de nombreuses années passées à essayer, la Suède a constaté que ces deux conditions étaient impossibles à satisfaire et a annulé le décret de sortie. C’est la non prise en compte de ces réalités scientifiques et techniques qui débouche aujourd’hui sur ces deux situations dramatiques, et évitables : risque de pénurie et de black-out cet hiver et hausse massive des prix déjà en cours. Ces divergences entre scientifiques et le cas de la Suède, auraient pu intéresser la Suisse et ses citoyens et faire partie du débat. À ma connaissance, les médias n’en ont pas parlé et tant les milieux scientifiques que la branche électrique elle-même sont restés très discrets.

Pour en savoir plus : https://clubenergie2051.ch/2022/08/07/penurie-delectricite-1de2-un-element-central-occulte-la-se2050-nest-pas-realisable/

* L’invité est une rubrique qui donne la parole à une personnalité dont les préoccupations touchent d’une façon ou d’une autre à la pro- blématique des éoliennes. Les propos tenus n’engagent que leurs auteurs. En l’occurrence, Jean-François Dupont est le principal animateur du Club Energie 2051

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