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L’invité* : Bernard Reymond, ancien garde-faune vaudois** Raisons d’un engagement pour une cause juste et qui mérite tous nos efforts « Opposant de principe », « égoïste », « Neinsager », voici les qualificatifs reçus régulièrement depuis que la contestation existe concernant ces multiples projets éoliens, dont le canton de Vaud veut être le champion. L’auteur de ces lignes était, au début, plutôt partisan de cette tech- nique. Il a fallu tout un cheminement pour réaliser que ces énormes aménagements sont déme- surés par rapport à la production réelle d’électricité. Je me suis largement documenté auprès d’un ami d’école, M. Philippe Tauxe, véritable érudit aux larges connaissances scientifiques, an- cien pilote professionnel, qui s’est investi avec ferveur dans notre lutte. Malheureusement, vic-

time d’un accident de montagne, il nous manque beaucoup. Il m’avait fait la remarque très prémonitoire : « Je ne comprends absolument pas l’Allemagne, grande puissance industrielle, qui s’en remet uniquement au vent, au soleil, au gaz et au charbon ». On a vu la suite, avec des coûts vertigineux, d’énormes problèmes de gestion des réseaux et surtout une production en CO2 qui bat tous les records ! J’ai eu le bonheur de pratiquer, pendant 37 ans, le métier de mes rêves : surveillant de la faune, et, en plus, dans un secteur professionnel de toute beauté. Comme tout amoureux de la nature, je ne pouvais qu’être atterré par le choix malheureux du site des Grands Plats. Très proche, nous avons un des derniers importants sanctuaires du grand tétras, ceci au niveau de notre pays. L’entente entre les responsables fédéraux et cantonaux a été parfaite pour réaliser cette protection optimale : IFP, réserve fédérale de faune et parc Jura vaudois. Par la suite, quel virage de la part de nos Autorités et quel changement de doctrine, pas seulement pour ce projet ! Aussi, quand nous avons pris connaissance des études d’impact commanditées par les promoteurs, avec M. Olivier Jean-Petit-Matile, nous avons réagi auprès de l’Office fédéral de l’environnement. Pour nous, il était impératif de dénoncer des études « de complaisance », notamment concernant le grand tétras. Nous étions scandalisés par le fait que la station ornithologique suisse de Sempach, institution reconnue sur le plan internatio- nal, avait été mise de côté. Heureusement, une entente franco- suisse entre opposants s’est mise spontanément en action. Une grande satisfaction de pouvoir collabo- rer avec nos voisins de Bois d’Amont qui tiennent comme nous à conserver des paysages et un riche patrimoine en dehors d’une zone in- dustrielle. Amoureux du Jura et de mon canton, je suis choqué par cette politique vaudoise totalement acquise à l’éolien. Le scandale d’un deuxième vote à la Praz m’a encore plus motivé pour continuer notre lutte. Heureusement, nos associations existent et font tout ce qu’elles peuvent. Ce qui m’encourage également, ce sont les ouvrages remarquables dont nous disposons. Merci à MM. Roch, Butré et Bouglé pour leurs travaux et l’indispensable argumentaire réalisé par Paysage Libre Suisse. Et il y a aussi tout ce réseau de passionnées et passionnés qui s’est développé autour de Sainte-Croix et Michel Bühler. Ce sont des échanges qui ont beaucoup de valeur. Malgré les douches froides qui nous sont tombées dessus, je suis convaincu qu’il ne faut pas baisser les bras. Il y a toujours l’espoir que le bon sens, vertu qui nous a tant servi dans le passé, existe encore. Aussi, écrire des lettres en posant des questions précises à nos autorités, participer à des courriers des lecteurs, contacter des personnalités dans le monde politique et les médias, tout cet engagement en vaut encore la peine. Par expérience, je me suis rendu compte qu’au niveau fédéral et cantonal, les responsables sont très mal à l’aise pour ré- pondre. Nous ne pouvons accepter cette répétition des mantras de Suisse Eole. « L’éolien est devenu un prétexte pour celles et ceux qui nous dirigent pour faire absolument n’importe quoi qui puisse, politiquement, se traduire en suffrages. » Ce que nous faisons, c’est avec notre cœur et nos tripes, parce que nous aimons profondément notre précieux patrimoine et notre cher pays. * « L’invité » est une rubrique qui donne la parole à une personnalité dont les préoccupations touchent d’une façon ou d’une autre à la pro- blématique des éoliennes. Les propos tenus n’engagent que leurs auteurs. **Bernard Reymond est un militant de longue date. Son action est pratiquement continue depuis le début des années 2000. Elle est exem- plaire à plus d’un titre.

Secrétariat : Paysage-Libre Vaud, Chemin de Mandou 5 - CH-1041 Bottens info@plvd.ch - www.plvd.ch - Tél : + 41 (21) 881 37 53 l de

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