BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025
analysés en sous-seconde, qui signale par exemple à l’émetteur lorsqu’un site subit une attaque. Il faut dire que le passage à l’ac- ceptation n’est pas sans effets tangibles : environ 70% des mar- chands déclarent une hausse du chiffre d’affaires, 64% constatent plus de trafic, et 91% sont satis- faits du process carte. Pour des zones touristiques comme les médinas, l’acceptation capte des ventes fugitives (touristes sans cash, impossibilité de retirer, etc.). «Ces chiffres montrent que l’ac- ceptation n’est pas un coût ban- caire, mais plutôt un investisse- ment de productivité» , a commen- té Romdhane, qui rappelle que «chaque terminal actif est un com- merce qui s’ouvre à de nouveaux clients». Autrement dit, accepter les paiements digitaux, ce n’est pas supporter un coût bancaire, c’est investir dans la performance : plus de confiance, moins de frictions à la caisse et une gestion comptable plus fluide. L’impact macroéconomique et les leviers d’adoption Au-delà des comptes d’exploita- tion, la bascule vers le numérique est macro dynamique, notamment sur la croissance, l’inclusion et la formalisation. La Banque mon- diale estime qu’une généralisation des paiements digitaux pourrait accroître le PIB de 3 à 5% sur 5 à 10 ans, hausser la productivité des services de 10 à 15% et, si leur usage progresse de 5% par an durant cinq ans, réduire de 11 à 13% le poids du secteur informel qui pèse encore entre 28 et 33% du PIB, selon le HCP. En parallèle, l’étude synthétise quatre leviers d’adoption : coût, formation & sen- sibilisation, transformation tech- nologique et sécurité. Concernant le coût, les commerçants réa- gissent au « prix facial» (1–3% selon domestique/international), mais l’enjeu est d’aligner la tarification sur la valeur, c’est-à-dire sur les gains réels en ventes, en trésorerie et en efficacité. Romdhane sou- ligne à ce propos qu’il est essentiel d’élargir la concurrence acquéreur pour diluer les coûts fixes et stimu- ler l’innovation. De leur côté, la formation et la
Au Maroc, le paiement digital promet croissance et inclusion, mais l’acceptation reste la faille du modèle.
Paiement digital L’acceptation, dernier maillon du puzzle L Malgré la progression du paiement digital, le Maroc reste freiné par un maillage d’acceptation encore limité. Dans sa dernière étude, Visa International Maroc en mesure l’impact et trace les voies d’une croissance rapide et inclusive. Par Y. Seddik
e Maroc compte des millions de cartes actives… mais encore trop peu de lieux où les utiliser. Pour Visa, c’est là que se joue désormais la bataille du digital : dans l’acceptation. L’entreprise en apporte aujourd’hui la preuve chiffrée. À Casablanca, lors d’une table-ronde médias tenue le 23 octobre 2025, le Directeur général de Visa International au Maroc, Sami Romdhane, a détaillé les enseignements de l’étude «Value of Acceptance» et esquissé les leviers pour sortir d’un modèle encore dominé par le cash. «Payment is an acceptance busi- ness». La formule, répétée par Sami Romdhane, sert en effet de fil rouge : l’émission de cartes pro- gresse, mais sans points d’accep- tation (TPE, e-commerce, in-app) la digitalisation plafonne. Menée auprès de 260 entreprises (nano, micro et small business) à Casablanca, Rabat et Marrakech, l’étude (Value of Acceptance
Study) conclut que le tissu mar- chand marocain a basculé psy- chologiquement dans le digital : 60% utilisent déjà des solutions de paiement numérique depuis plus de trois ans; deux tiers déclarent préférer le digital au cash, notam- ment pour la trésorerie; 67% jugent que ces paiements soutiennent leur croissance. Pourtant, le contraste est net côté terrain, puisque 42% des entre- prises restent «cash-only» , même si 55% disent vouloir s’équiper d’un TPE sous deux ans. L’étude estime à 1,2 million le potentiel d’entreprises et de commerces «adressables» pour l’acceptation, et rappelle que le cash représente encore 63% de l’ensemble des transactions dans le pays. Ainsi, le «gap d’acceptation» appa- raît aujourd’hui comme le princi- pal frein micro-économique à la diffusion des usages, et donc au rendement macro-économique de la digitalisation.
Un coût perçu élevé, un risque… surtout côté cash Côté perceptions, 71% des répon- dants jugent la gestion du cash ris- quée (vols, litiges), tandis que 56% estiment que la crainte de la fraude de la carte diminue avec l’usage et les protections (tokenisation, IA d’analyse des transactions). Les freins cités à l’acceptation sont les frais (42%), le confort du cash (38%) et les coûts d’installation/ entretien (25%). À ce sujet, Romdhane a souligné que « le digital apporte une meil- leure traçabilité et une sécurité renforcée », tout en insistant sur la nécessité de «continuer à rassurer et à simplifier l’accès aux outils pour les commerçants» . Sur le plan opérationnel, il a éga- lement rappelé le modèle à quatre parties (porteur, commerçant, acquéreur, émetteur) et le rôle de VisaNet dans l’acheminement et le scorage en temps réel des tran- sactions, avec jusqu’à 500 signaux
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