FNH N_ 1213

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025

Intelligence artificielle

Amal El Fellah Seghrouchni lève le voile sur la loi «Digital X.0»

Invitée des «Nuits de la Finance», la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a détaillé les chantiers structurants qui doivent ancrer l’IA dans les usages au Maroc, avec une nouvelle

loi-cadre («Digital X.0 ») centrée sur la gouvernance de la donnée, l’identité numérique et l’interopérabilité. Par A. Hlimi E

n ouverture, Amal El Fellah Seghrouchni situe l’IA là où elle compte : «nous devons être capables de rendre les systèmes proactifs, capables de surprendre uti- lement le client en allant au-delà de la simple extrapolation du passé» . Le mes- sage s’adresse directement aux banques, assureurs, sociétés de crédit et marchés: la course mondiale vers une «finance intelligente» est engagée et impose d’ali- gner simultanément technologie, régula- tion, infrastructures et compétences. Pivot du dispositif, la future loi «Digital X.0», concoctée par la ministre en poste depuis un an, se trouve au Secrétariat

général du gouvernement (SGG) avant son prochain examen parlementaire. Elle énonce les principes de gouvernance des données et cadre l’usage des algorithmes, en articulation avec la loi 09-08 sur les données personnelles. Deux innovations se détachent : • Identité numérique «à identifiants sectoriels» : au lieu d’exposer tout le «sac de données» d’un citoyen à chaque interaction, l’accès est borné à ce qui est strictement nécessaire par secteur (banque, santé, assurance…). Le banquier n’a pas, par principe, à connaître l’histo- rique médical, de même que la CNSS n’a

pas, par défaut, à connaître la totalité des revenus du citoyen. Cette granularité, dit la ministre, vise une protection effective par conception. • Interopérabilité sous consente- ment traçable : fini le «au revoir, utilisa- teur» après un consentement initial flou. L’architecture met en place des «demi- connexions» techniques : seules les don- nées expressément autorisées circulent entre administrations et, demain, avec des acteurs privés dans des cadres précis. C’est un changement profond de para- digme, autant juridique que technique. À ces deux blocs s’ajoute la cybersécu- rité, omniprésente. Tout doit être sécurisé. L’ambition n’est pas de «durcir» pour dur- cir, insiste la ministre, mais d’aligner des règles «accueillantes» aux usages tout en protégeant les citoyens, l’identité numé- rique et la confiance. L’interopérabilité publique (entre admi- nistrations) est le périmètre de la loi. Le privé (banques-assurances-fintech) doit, lui, s’auto-organiser sur des standards compatibles, avec à la clé des briques communes mises à disposition (signature électronique, identités sectorielles, ser- vices socles). Tout le monde reste astreint à la protection des données.

Sur le terrain, l’IA financière couvre aujourd’hui toute la chaîne. Elle va de la décision en temps réel - où la donnée alimente le conseil et des réponses instantanées - à la gestion du risque et de la conformité, avec le scoring de crédit, l’analyse de risque et la détection de fraude en vue 360° grâce à l’orchestration de multiples acteurs et sources. Côté relation client, elle fait passer les chatbots scriptés à de véritables agents intelligents (voix, interactions complexes) et à des modèles proactifs capables de proposer des solutions inédites mais pertinentes : l’exemple du «majordome digital», qui étend le service au-delà du produit bancaire (logement, crèche, etc.), préfigure ainsi la banque empathique. La ministre situe cette évolution sur une courbe de maturité qui mène du reporting descriptif à la prédiction, puis à la recom- mandation, avant la prescription. Du scoring à la détection de fraude, jusqu’aux «agents» proactifs Cas d’usage

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