FNH N_ 1213

ECONOMIE

13

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025

encore insuffisante (près de la moitié des usagers ne comprend pas les condi- tions de crédit/assurance), une hausse des fraudes numériques signalée depuis 2022, et le poids de l’économie informelle. Autant de facteurs qui peuvent brider l’adoption, si les solutions restent pensées «pour» et non «avec» l’usager. D’où l’ac- cent sur la simplification des procédures : la réforme administrative, outillée par l’IA, passe par la modélisation des parcours, l’identification automatique des redon- dances (ex. pièces demandées plusieurs fois) et la transformation des textes papier en données structurées exploitables. Le pays porte encore 80% d’informations sur papier dans de nombreux pans. L’open data ne peut prospérer qu’en industriali- sant la dématérialisation intelligente : OCR quand c’est possible, vision par ordinateur quand c’est manuscrit. L’État a lancé la dynamique, mais la ministre appelle claire- ment l’écosystème à contribuer et à saisir l’opportunité industrielle : il y a là un gise- ment d’emplois et de création de valeur pour des acteurs capables de numériser, nettoyer et gouverner la donnée. ◆

 Amal El Fellah Seghrouchni, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration

avec des data sets de qualité, pour gagner en précision, coûts et sobriété. Dans ce registre, le partenariat noué récemment avec Mistral est stratégique : ouverture des modèles (open source), laboratoire R&D envisagé à Rabat ou Casablanca, et travail prioritaire sur le multilinguisme (arabe, amazighe, langues africaines). À la clé, des modèles adaptés aux contextes linguistiques et sectoriels des acteurs financiers marocains et afri- cains et un levier concret pour bâtir des avantages compétitifs, sans dépendance excessive à des boîtes noires. Le discours de la ministre ne masque pas les réalités locales : un niveau d’analpha- bétisme élevé, une littératie financière

Data centers, cloud souverain et GPU mutualisés Outre la loi, le développement numérique dans le Royaume sera servi par un socle physique. Le Maroc avance sur des data centers de nouvelle génération (Dakhla, Ben Guérir, Rabat, et d’autres sites), avec un objectif de 70% d’énergies renouve- lables pour le projet de Dakhla (500 MW); un phasage est prévu, rappelle la ministre, mais la trajectoire est claire : performance énergétique et souveraineté. Parce que l’IA n’est pas un «plug-in», l’État investit aussi la R&D. La ministre reven- dique une approche frugale : plutôt que des modèles géants, privilégier des LLM réduits finement adaptés à des niches,

L’expérience «Jazari»

Pour faire atterrir l’innovation, le ministère met en réseau des instituts «Jazari» : lieux où chercheurs, startups, donneurs d’ordre et administration co-déve- loppent des solutions. Un Jazari Fintech figure au pro- gramme, avec des appels à manifestation d’intérêt et des consortiums mixtes (grands groupes, startups, aca- démies). L’idée est assumée : investir large (10 projets) pour réussir quelques paris (2 ou 3 qui sortent). Le capital humain suit : généralisation des formations IA dans les écoles d’ingénieurs, programme national 8-14 ans, 550 doctorats annoncés (dont la première cohorte déjà engagée en IA et cybersécurité) et un objec- tif 20.000 emplois dans le digital, au moins pour moitié orientés IA.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker