ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025
devrait réceptionner une trentaine de nouveaux avions de combat (Su-57, Su-35 et Su-34), renfor- çant une flotte déjà surdimen- sionnée. Mais cette course à l’accumula- tion s’accompagne d’une usure accélérée du matériel et de coûts de maintenance colossaux, dans un contexte désertique où les équipements se dégradent rapi- dement. «80% du territoire algérien est désertique. La poussière, l’humi- dité et la chaleur extrême rendent le matériel rapidement obsolète. Et le pays manque d’infrastruc- tures de maintenance» , rappelle Mekkaoui. Le contraste est saisissant avec la stratégie marocaine. Depuis 1999, Rabat a réformé sa doc- trine militaire pour l’adapter aux guerres modernes : mobilité, ren- seignement, précision et intero- pérabilité.
Des agents des Forces armées américaines à la 19 ème édition de l'exercice «African Lion».
Maroc – Algérie L’intelligence militaire contre la force brute S Le budget de la défense algérienne pour 2026 sera, une nouvelle fois, près du double de celui du Maroc. Pourtant, derrière ces chiffres bruts se cachent deux stratégies militaires radicalement opposées. Là où Alger dépense beaucoup pour entretenir une puissance de masse, Rabat investit dans la modernisation qualitative, la souveraineté industrielle et le renseignement de haute technologie. Par R. Mouhsine nuels de modernisation, d’infras- tructures et d’achats stratégiques étalés sur plusieurs années. Autrement dit, ces 157 mil- liards ne sont pas des dépenses immédiates, mais une capa- cité de financement planifiée : ils traduisent l’ampleur des pro- grammes de modernisation futurs plutôt que le niveau de dépenses de 2026. ment, proportionnellement à leur économie. Mais cette démesure budgétaire traduit davantage une dépendance aux hydrocarbures qu’une réelle puissance opéra- tionnelle.
Modernisation qualitative de l’armée marocaine
Selon le média espagnol Defensa, le Maroc poursuit une moderni- sation qualitative, couplée à la construction d’une base indus- trielle souveraine. Cette orienta- tion se traduit par des investis- sements continus dans le ren- seignement, la maintenance et la production locale. «Depuis 2019, le Maroc fabrique ses propres munitions, armes légères et pièces d’artillerie. Il assure la maintenance de ses chars Abrams et produit désor- mais certaines pièces de rechange localement», détaille Mekkaoui. Ce virage industriel vise à réduire la dépendance extérieure et à consolider une économie de défense nationale. Rabat coopère aujourd’hui avec l’Inde, la Turquie, le Brésil, Israël et les États-Unis, misant sur le transfert de technologie plutôt que sur l’achat massif d’équipe- ments finis. Dernier signal de cette ambition technologique : l’intérêt du Maroc pour le système américain HADES (High-Altitude Extended-Range Detection and Surveillance), une plateforme ultramoderne de ren- seignement aéroporté combinant
ur le papier, l’écart semble écra- sant. Le projet de Loi de Finances 2026 de l’Algérie consacre 3.205 milliards de dinars (environ 22,1 milliards d’euros) à la Défense nationale, soit près du double du niveau marocain. Mais la compa- raison brute prête à confusion : les deux pays ne comptabilisent pas leurs dépenses de la même manière. Au Maroc, le budget effectif à décaisser (les crédits de paie- ment), c’est-à-dire les dépenses réelles prévues pour l’année 2026 s’élèvent à 55,3 milliards de dirhams, soit environ 5,1 milliards d’euros. En parallèle, le gouver- nement a autorisé 157,1 milliards de dirhams (près de 14,7 milliards d’euros) en crédits d’engage- ment, un mécanisme qui permet de conclure des contrats plurian-
Une course à la masse contre une logique d’intelligence «Le Maroc et l’Algérie sont deux pays, deux systèmes, deux doc- trines» , analyse le professeur Abderrahmane Mekkaoui, expert militaire. «Le Maroc a choisi la qualité et l’autonomie, l’Algérie reste prisonnière de la quantité et de la dépendance», explique-t-il. L’armée algérienne conserve une structure classique, héritée de la doctrine soviétique : supériorité par le nombre, déploiement d’ar- tillerie lourde et dépendance au fournisseur russe. En 2026, Alger
Quand le Maroc planifie dans la durée, l’Algérie consomme immé- diatement la quasi-totalité de ses crédits pour couvrir ses dépenses courantes et ses livraisons d’ar- mement à court terme. En proportion du PIB, le Maroc consacre environ 3,4% à sa défense, contre près de 9% pour l’Algérie. Cette dernière se place parmi les cinq pays au monde qui investissent le plus lourde-
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