FNH N_ 1213

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025

liards d’euros (20,9 milliards de dirhams). Le gouvernement mise égale- ment sur le Fonds Mohammed VI pour l’investissement comme catalyseur du capital privé. Ce mécanisme doit permettre d’amplifier l’effet de levier bud- gétaire, en attirant l’investisse- ment productif dans les sec- teurs industriels, numériques et verts. À cela s’ajoutent les partenariats public-privé (PPP) que le Maroc entend déployer davantage, notamment dans les infrastructures sociales et régio- nales. Selon Samir El Idrissi, écono- miste et enseignant à l’Universi- té Mohammed V, «la clé, désor- mais, est de combiner habile- ment financement budgétaire, levées de fonds sur les marchés et capitaux privés. Le Maroc dispose d’un environnement financier suffisamment profond pour absorber des volumes d’émission élevés, à condition de maintenir la confiance des investisseurs». Pour lui, «les PPP et le Fonds Mohammed VI peuvent devenir des relais puissants s’ils sont adossés à une gouvernance claire et des projets rentables». Soutenabilité et discipline budgétaire Malgré l’ampleur des engage- ments, les indicateurs de la dette restent bien orientés. Le porte- feuille du Trésor demeure large- ment libellé en dirhams et à taux fixe (près de 90%), un choix qui protège les finances publiques des soubresauts des marchés. À fin juin 2025, la durée de vie moyenne de la dette atteint huit ans et un mois, tandis que la part du court terme se limite à 12,3%, ce qui confirme une gestion pru- dente et rigoureuse du risque. Pour El Idrissi, «tout dépend de la qualité de la dépense publique. Tant que les investis- sements soutiennent la crois- sance et élargissent la base fis- cale, la dette reste soutenable. Le risque viendrait d’une crois- sance molle ou d’un retard dans la mise en œuvre des réformes structurelles».

 Le Maroc engage une nouvelle phase d’investissement public tout en cherchant à maintenir la rigueur de sa gestion budgétaire.

Investissements Le pari budgétaire du gouvernement L Depuis quelques années, l’ambition d’émergence du Maroc s’accompagne d’un effort d’investissement inédit : infrastructures, protection sociale, santé, éducation… L’État veut financer la relance et les grands chantiers sans compromettre l’équilibre de ses finances publiques, avec pour horizon un ratio d’endettement ramené à 66,3% du PIB d’ici 2027. Par Y. Seddik

e Maroc engage une nouvelle phase d’investissement public à grande échelle. Avec 380 mil- liards de dirhams inscrits au PLF 2026 et 140 milliards dédiés à la santé et à l’éducation, l’État affiche une volonté claire : accé- lérer les chantiers structurants tout en consolidant les bases du développement social. Un programme d’envergure, mais aussi un test de solidité pour les finances publiques, alors que le gouvernement ambitionne de ramener la dette publique sous les 66,3% du PIB d’ici 2027. Sous l’impulsion du programme Maroc Émergent, le gouverne- ment a choisi d’assumer plei- nement une stratégie d’inves- tissement massif. Le PLF 2026 poursuit la logique des dernières années : des infrastructures de transport aux projets hydriques

et énergétiques, en passant par la protection sociale et la mise à niveau des territoires, l’État s’im- pose comme le principal moteur de la croissance. À ces chan- tiers s’ajoutent les grands pro- jets déjà engagés : la CAN 2025, le Mondial 2030, les ports atlan- tiques, ou encore les centres hospitaliers universitaires en construction. Autant de projets porteurs, mais consommateurs de capitaux. Dans ce contexte, la question n’est plus de savoir quoi financer, mais comment le faire sans compromettre les équilibres budgétaires. Pour répondre à ces besoins, le Trésor s’appuie sur une straté- gie diversifiée. Le financement intérieur reste le pilier principal : les adjudications de bons du Trésor profitent d’un environne- ment monétaire redevenu favo-

rable depuis la baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib en 2024. Le coût moyen pondéré des émissions, établi à 3,8%, permet ainsi un financement à moindre coût pour le Trésor sur les différentes maturités. Sur le plan externe, le Maroc poursuit une approche pru- dente mais active, en recourant essentiellement à des emprunts concessionnels auprès de bail- leurs institutionnels. Au premier semestre 2025, les tirages sur emprunts extérieurs du Trésor ont atteint 39,9 milliards de dirhams, en nette hausse par rapport aux 21 milliards mobi- lisés sur la même période en 2024. Cette évolution s’explique principalement par l’émission sur le marché financier inter- national (MFI) réalisée en avril 2025, d’un montant de 2 mil-

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