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SANTÉ

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 30 OCTOBRE 2025

infrastructures contribuent à la formation des futurs profession- nels de santé et à la création d’un nombre important d’emplois médicaux, paramédicaux, admi- nistratifs, ainsi que de postes hautement spécialisés. Enfin, les CHU constituent un pilier central de la souveraineté sanitaire du Maroc. Ils permettent non seulement de répondre aux besoins actuels de la population, mais aussi de mieux se préparer face à d’éventuelles crises sani- taires d’envergure. F. N. H. : Le démarrage des Groupements sanitaires territoriaux (GST) marque une nouvelle étape dans la réforme du système de santé. En quoi cette réor- ganisation territoriale va- t-elle améliorer la gouver- nance et la proximité des services ? A. B. : Les objectifs visés par la mise en place des GST sont le renforcement de la gouver- nance, la promotion de la proxi- mité et de l’équité des services de santé, ainsi que la valorisation et la motivation des ressources humaines. Le renforcement de la gouver- nance passe par une gouver- nance régionale dotée d’une autonomie plus importante, ali- gnée sur le Nouveau modèle de développement (NMD) adopté par notre pays, notamment en matière de décentralisation et d’efficacité administrative. Dans cette nouvelle organisation, les directions régionales de la santé seront remplacées par les GST, qui deviendront les futurs ins- truments de gestion des établis- sements de santé publics dans chaque région et territoire. Les GST disposeront d’une autono- mie accrue et de compétences élargies en matière de planifica- tion, de gestion budgétaire et de coordination des soins. L’offre de soins pourra ainsi mieux répondre aux besoins, y compris spécifiques, de chaque région. Quant à la proximité et à l’équi- té des services de santé, elles passent par la nécessité d’iden- tifier les spécificités locales en matière de besoins de santé et

 Pour renforcer les ressources humaines, le ministère de la Santé et de la Protection sociale prévoit de créer 8.000 nouveaux postes budgétaires d’ici 2026.

d’adapter l’offre à ces besoins, en tenant compte des réalités géo- graphiques, démographiques, sociologiques et sanitaires de chaque région. Les GST visent également à réduire les dispari- tés territoriales par une meilleure proximité entre les centres de décision, l’offre de soins et les populations locales, garantis- sant ainsi un meilleur accès aux soins, y compris dans les zones les plus éloignées ou défavori- sées. Les GST ont également pour objectif de mettre en place des parcours de soins mieux coordonnés, grâce à un meilleur suivi des patients entre les diffé- rents niveaux de soins (primaires, secondaires et tertiaires). La valorisation et la motivation des ressources humaines consti- tuent également un axe central dans les GST, notamment à tra- vers la mise en place d’un mode de rémunération plus incitatif, tenant compte du rendement réel des professionnels de santé dans chaque région. F. N. H. : Le PLF 2026 met l’accent sur la moderni- sation des infrastructures et la digitalisation du dos- sier patient. Quels sont les principaux défis pour réus- sir cette transformation sur l’ensemble du territoire ? A. B. : Effectivement, le PLF 2026 prévoit une ambitieuse transformation du système de santé marocain à travers la modernisation des infrastruc- tures et la digitalisation du dos-

sier patient. Toutefois, il ne faut pas oublier les multiples défis qui se dressent face à cette transfor- mation. D’abord, des défis techniques : les équipements informatiques des établissements de santé sont hétérogènes, parfois obso- lètes et souvent incapables d’ac- cueillir des systèmes numériques avancés, particulièrement dans les zones rurales. S’ajoute à cela la problématique de l’interfaçage entre les différents systèmes informatiques utilisés au Maroc, ce qui rend l’intégration des logiciels hospitaliers, cliniques, médicaux ou pharmaceutiques, publics et privés, complexe, voire impossible en l’état actuel. Les problèmes de connectivité et de couverture régionale, notamment en Internet haut débit, freinent également l’efficacité d’un futur dossier médical partagé ou des feuilles de soins électroniques. Par ailleurs, tous les profession- nels de santé ne sont pas for- més à l’usage des outils numé- riques dans leur travail, ce qui nécessitera des programmes de formation et une gestion du changement pour surmonter les réticences éventuelles. Enfin, la sécurité et la confi- dentialité des données, notam- ment celles à caractère sen-

sible comme le dossier patient numérique, représentent un défi majeur. Les attaques informa- tiques récentes ayant ciblé cer- tains établissements publics sont un rappel fort de l’importance cruciale de la cybersécurité. F. N. H. : Cette hausse du budget est saluée par les syndicats, mais ils insistent sur son impact réel sur le terrain. Comment ce ren- forcement budgétaire se traduira-t-il concrètement pour le personnel de santé et les patients ? A. B. : La hausse du budget du ministère de la Santé à 42,4 mil- liards de dirhams pour 2026 est effectivement saluée par les syn- dicats, mais elle répond aussi à des demandes populaires fortes, notamment exprimées à travers les récentes manifestations qu’a connues notre pays. Pour rappel, le décès de plusieurs femmes à l’hôpital Hassan II d’Agadir a été le principal déclencheur de ces mobilisations, qui ont placé la santé et l’enseignement au sommet des priorités nationales. Le budget proposé dans le PLF semble répondre à ces attentes, mais le problème ne se limite pas au financement. Il englobe aussi le recrutement, la moti- vation et la fidélisation de res- sources humaines suffisantes pour répondre aux besoins en soins de la population. S’y ajoute la difficulté de mettre en œuvre rapidement des réformes aussi ambitieuses que complexes. ◆

Avec les Groupements sanitaires territoriaux, le Maroc pose les bases d’un modèle de santé plus décentralisé et plus proche des citoyens.

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