Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 7 novembre 2024 - 8 DH - N° 1172
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Vœux
L'incroyable retour à la Maison-Blanche Donald Trump P. 4
A l'occasion du 49 ème anniversaire de la Marche Verte, le Groupe JMA Conseil, éditeur de Finances News Hebdo, La Quotidienne et Autonews, a l'éminent honneur de présenter ses voeux les plus déférents à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan, à Son Altesse Royale la Princesse Lalla Khadija, à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, et à tous les membres de la Famille Royale.
«Les finances publiques sont éminemment politiques» NOUREDDINE BENSOUDA ● Le Trésorier général du Royaume revient sur les enjeux de la coopération Maroc-France, les défis auxquels le Maroc fait face ainsi que sur les mesures pour une meilleure gestion des finances publiques.
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Droit de la concurrence
Gestion de la dette publique Les cartes gagnantes du Trésor
Chômage Ces fragilités du marché de l’emploi
«Les lois doivent être appliquées de manière stricte» Entretien avec Me Nesrine Roudane, avocate au barreau de Casablanca
P. 28 à 31
P. 18/19
P. 13
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 7 NOVEMBRE 2024
SOMMAIRE
Editorial
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Voyons voir : ???? Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde 4 6 7 4 ACTUALITÉ
HIGH-TECH
Entretien avec Mohammed Attaa : «L’intelligence artificielle doit nous rendre plus humains et moins artificiels»
Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
Espagne L’ Entre tragédie et colère à vif
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Espagne est en pleine tragédie. Les récentes inondations qui ont frappé le pays sont venues rappeler brutalement la force de la nature, face à laquelle nous ne sommes, bien souvent, que de simples spectateurs impuissants. Avec 217 morts, des disparus et des milliers de vies bou- leversées, les images et les témoignages qui nous par- viennent sont poignants. Désolants. Tristes. A Valence, la région la plus durement touchée, la situation est déses-
L'UNIVERS DES TPME
Entretien avec Karim Banaoui : Link Up Value, «Pour les startups, l’accès aux infrastructures technologiques demeure limité et coûteux»
Point Bourse Hebdo : Le Masi avance, mais manque de carburant Finances publiques : «Il est indispensable de penser en dehors du cadre habituel» Entretien avec Noureddine Bensouda : «Les finances publiques sont éminemment politiques» Entretien avec Michel Bouvier : Finances publiques, «Le Maroc progresse particulièrement rapidement, notamment en ce qui concerne l’exécution du budget» Gestion de la dette publique : Les cartes gagnantes du Trésor Placements : De bonnes perspectives sur les marchés pour fin 2024 Bourse de Casablanca : Quelles dynamiques pour les capitaux étrangers ? Entretien avec Anass Radi : Consolidation comptable, la loi qui va révolutionner le marché
pérante. Les plongeurs tentent encore de s’aventurer dans les sous-sols inondés du centre commercial Bonaire, une gigantesque structure de presque 6.000 places plongée dans l’incertitude et la boue, presque un symbole d’une Espagne en train de lutter contre un ennemi invisible. On craint ce que l’on pourrait découvrir dans ce labyrinthe submergé. « En bas, c’est une terrible inconnue. Nous ne sommes pas sûrs de ce que nous allons trouver », a confié le maire d’Aldaia, Guillermo Lujan, avec une prudence tremblante. Pour lui, comme pour les habitants, chaque mètre carré dégagé d’eau pourrait signifier une découverte tragique. Pendant ce temps, les rues de cette ville détrempée de Valence et des environs sont transformées en reliques d’un autre temps. Les quartiers autrefois animés sont devenus terrains de fouilles pour des secouristes dont les gestes, mesurés et précis, traduisent mieux que n’importe quel discours officiel la gravité de la situation. Une situation qui pourrait se compliquer davantage au regard des risques sanitaires annoncés. Mais au-delà des larmes et de la détresse, la colère gronde au sein d’une population qui se sent trahie et délaissée. Lorsque le roi Felipe VI et la reine Letizia ont foulé les terres inondées de Paiporta, les habi- tants, épuisés et exaspérés, les ont accueillis avec des invectives et des jets de boue. Le Premier ministre, Pedro Sanchez, a aussi dû être évacué face à une foule hostile qui accuse le gouvernement de lenteur et d’indifférence et qui refuse d’être étouffée dans le silence des pro- tocoles d’Etat. Et en ces moments de deuil, où les corps des victimes commencent à être restitués petit à petit aux familles après identification, c’est la question des responsabilités qui émerge lentement à la surface. Et des interrogations lancinantes reviennent en permanence au sein d’une population très remontée : Pourquoi n’a-t-on pas mieux anticipé cette crise ? Pourquoi ce manque de réactivité des autorités espagnoles ? La réponse, pour l’instant, semble encore embourbée dans les balbutie- ments des responsables politiques. Mais pour les habitants de Valence, qui pataugent dans leur colère autant que dans la boue, ces tentatives d’explications sonnent, évidemment, creux. Alors, que restera-t-il une fois les eaux retirées et les caméras éteintes? Sans doute, encore une fois, des promesses de plans d’urgence, des commissions d’enquête et des mots cosmétiques échangés sur les plateaux télé. u
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DEVELOPPEMENT DURABLE
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Entretien avec Said Guemra : Maroc-France, une coopération tournée vers la «prospérité éner- gétique»
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Chômage : Ces fragilités du marché de l’emploi Sauvegarde des entreprises : Un levier sous-exploi- té pour prévenir les défaillances Zlecaf : Une opportunité pour décloisonner nos économies Entretien avec Saloua Karkri Belkeziz : Zlecaf, «On parle de 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires pour l’Afrique» Hébergement touristique : Le Maroc pleinement engagé pour élargir son offre Transport routier de marchandises : Ras-le-bol des opérateurs du secteur Agriculture : La pénurie de main-d’œuvre frappe les campagnes Entretien avec Me Nesrine Roudane : Droit de la concurrence, «Il est impératif que les lois soient appliquées de manière uniforme et stricte»
SOCIÉTÉ
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Crise dans le secteur de la justice : Les robes noires durcissent le ton
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• Directeur des rédactions & Développement : David William
• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai
• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine
• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
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JEUDI 7 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
VOYONS VOIR
Donald Trump
L'incroyable retour à la Maison-Blanche
part de la population américaine. Mais que signifie cette élection pour le reste du monde ? Ce retour au pouvoir de Donald Trump laisse les observateurs internationaux tantôt admiratifs, tantôt sceptiques, inquiets, voire même sarcastiques. Entre déclarations pru- dentes et prises de position à peine voilées, ils sont conscients que l'Amérique de Trump ne sera pas celle de Biden. Ce nouvel épisode «trumpien» pourrait être com- paré à un séisme géopolitique dont les répliques secoueront plusieurs théâtres de tensions mon- diales, de l’Ukraine au Moyen-Orient, où les jeux de pouvoir et les alliances s’entremêlent dange- reusement. L’arrivée de Trump pourrait être un facteur d’accélération des bouleversements déjà en cours. Bouleversements géopolitiques ? Pour l’Ukraine, la victoire de Trump est une véri- table épée de Damoclès. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui l’a félicité pour son «impressionnante victoire», espère qu’il aidera l'Ukraine à obtenir une «paix juste» . Mais Trump a toujours entretenu une relation particulière avec la Russie, et ses positions ambiguës vis-à-vis du Kremlin n’augurent rien de bon pour Kiev. Alors que Joe Biden avait soutenu sans réserve l’ef- fort de guerre ukrainien contre l’invasion russe,
Trump pourrait chercher une solution rapide, voire une «capitulation arrangée» pour éviter de prolonger l’engagement américain. L’Europe, consciente de ce risque, pourrait devoir prendre un rôle plus prépondérant dans le soutien à l’Ukraine, faute de quoi le pays se retrouverait bien isolé face à la puissance russe. La crainte, partagée par de nombreux Européens, est que Trump impose un compromis inaccep- table à Kiev, en se plaçant en médiateur de fortune entre Moscou et l'Ukraine. Une paix sous ses auspices pourrait être perçue comme une défaite stratégique pour l’Occident, renforçant la position de la Russie dans la région. Au Moyen-Orient, la situation est tout aussi com- plexe, et la région pourrait devenir le théâtre d'un équilibre toujours plus fragile. En effet, la guerre à Gaza et les tensions au Liban continuent de sus- citer des inquiétudes internationales. L’approche de Trump envers cette région pourrait aussi avoir des conséquences significatives. Son mandat précédent avait vu des changements radicaux dans la politique américaine au Moyen-Orient, notamment la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et la signature des accords d'Abraham, sans que cela ne ramène la paix. Avec un Trump réélu, les alliés traditionnels des Etats-Unis dans la région, notamment Israël, pourraient être encouragés à adopter des posi- tions plus agressives. Les tensions avec les groupes comme le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza ou encore avec l’Iran pourraient donc s'intensifier, exacerbant les conflits existants et mettant à mal les efforts de paix déjà délicats. Bref, avec le retour de Trump à la Maison- Blanche, c’est un nouvel ordre mondial qui semble s’ébaucher. Ce n'est pas un retour au passé, mais plutôt une transition vers un monde multipolaire où chaque grande puissance devra jouer sa propre partition, sans attendre les Etats- Unis en chef d’orchestre. L’Europe, l’Ukraine, le Moyen-Orient… chacun pourrait se retrouver dans une configuration différente face à un Trump imprévisible, prompt à changer d’avis au gré des opportunités. Reste à savoir si le futur locataire de la Maison Blanche, désormais à l’aube de ses 80 ans, saura s’adapter à ces nouvelles réalités mondiales. Une chose est sûre : avec Donald Trump à Washington, le show promet d’être décapant. ◆
L e voilà de retour ! A 78 ans, Donald Trump, dont le nom est devenu synonyme de controverse et de division, vient de signer l'un des come-backs les plus étonnants de l'histoire politique améri- caine. Celui qui avait été défait en 2020 par Joe Biden, revient cette fois-ci triomphalement pour devenir officiellement le 47ème président des Etats-Unis, en battant à plate couture la vice- présidente Kamala Harris. Fox News, toujours prompte à couronner son favori, n’a pas attendu pour proclamer sa victoire, et il n’a pas fallu long- temps pour que les félicitations affluent. La campagne électorale de 2024 a révélé un pays profondément divisé, chaque camp étant persua- dé que l’autre mènerait le pays au désastre. D'un côté, Kamala Harris, qui aspirait à devenir la pre- mière femme présidente, peignant son adversaire en dictateur fasciste, de l’autre, Trump qualifiant sa rivale de faible face à des défis immenses. Le ton a été donné. Et l’élection elle-même était devenue une bataille idéologique, chaque candi- dat symbolisant une vision du monde aux anti- podes de l’autre. Dans ce contexte, la victoire de Trump est une réaffirmation d’un populisme qui, bien qu’il ait été décrié, a su séduire une large Par D. William
Avec l'élection de Trump, le monde saute (de nouveau) dans l'inconnu.
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Vœux déférents à l’occasion du 49 ème anniversaire de la Marche Verte
À l’occasion du 49 ème anniversaire de la Marche Verte, La Compagnie Minière de Touissit, son équipe dirigeante et l’ensemble de ses collaborateurs, ont l’insigne honneur de présenter à Sa Majesté le Roi Mohammed VI Que Dieu l’Assiste leurs vœux de longue vie et de succès dans sa mission pour mener le Royaume du Maroc sur la voie de la prospérité et du développement ; ainsi qu’à Son Altesse Royale le Prince héritier Moulay El Hassan,
à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et à tous les membres de la Famille Royale.
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ÇA SE PASSE AU MAROC
Banques
Naziha Belkeziz prend officiellement les commandes de la BCP L e Conseil d’administration de la Banque Centrale Populaire (BCP), réuni mardi 5 novembre, a coopté Naziha Belkeziz en tant qu’Administratrice et l’a nommée au poste de Présidente-Directrice générale à compter de ce jour. Elle remplace Mohamed Karim Mounir qui a demandé à faire valoir ses droits à la retraite. Le Conseil d’administration a adressé à Naziha Belkeziz toutes ses félicitations et l’a assurée de son sou- tien. Le Conseil d’administration est confiant quant aux perspectives de développement du groupe BCP, sous la conduite de Naziha Belkeziz, femme reconnue pour ses compétences professionnelles et ses qualités humaines, qui a fait preuve de grandes aptitudes managériales à travers son parcours riche et diversifié.
Campagne sucrière 2024-2025 Hausse notable des surfaces de culture de la betterave à sucre C osumar a annoncé le lancement de la campagne sucrière 2024-2025 en visant une expansion des surfaces cultivées en betterave à sucre, atteignant 45.000 hectares contre 23.000 l'année pré- cédente. Les terres sont réparties entre Doukkala (10.000 ha), Tadla (10.000 ha), l'Oriental (6.000 ha), le Gharb (13.000 ha) et le Loukkos (6.000 ha). Pour la canne à sucre, 5.000 hectares seront cultivés au Gharb et Loukkos. Les infrastructures, telles que le dessale- ment d’eau et le transfert d'eau du bassin de Sebou au Bouregreg, soutiennent cette expansion en garantissant l'accès à l'eau. Cosumar a aussi investi plus de 500 millions de dirhams pour sécuriser les approvision- nements en semences et engrais, tandis que le gouvernement subventionne ces derniers pour réduire les coûts des agriculteurs. Le soutien de l’Etat, incluant une aide de 80 DH par tonne de betterave et 70 DH pour la canne, devrait alléger les charges des producteurs, augmentant leur rentabilité et contribuant à la souveraineté alimentaire du Maroc. ■
Le Conseil d’administration a aussi vivement remercié Mohamed Karim Mounir pour le travail accompli depuis près de trente ans et son implica- tion dans l’ensemble des phases de développement du Groupe, et plus particulièrement depuis 2018, date à laquelle il a été nommé Président- Directeur général. Le Conseil d’administration a profité de l’occasion pour rappeler l’impor- tance du Crédit Populaire du Maroc dans le paysage économique et bancaire marocain. Il a également souligné sa contribution au finance- ment de l’économie nationale, à la mobilisation de l’épargne et à l’inclu- sion financière, sans oublier sa vocation d’acteur financier au niveau continental. ■
Affaire NAPS
Les engagements du CMI et des banques rendus obligatoires par le Conseil de la concurrence
L e Conseil de la concurrence a rendu obligatoires les engagements du Centre monétique interbancaire (CMI) et des banques, après une saisine de NAPS SA concer- nant des pratiques dans le secteur des paiements électro- niques. En réponse aux préoccupations de concurrence iden- tifiées, le CMI et les banques se sont engagés à adopter plu- sieurs mesures. Parmi elles, le CMI devra céder ses contrats d'adhésion de commerçants aux établissements de paiement ou filiales bancaires, garantir une transition de douze mois et
devenir une plateforme de traitement neutre. Les banques, pour leur part, s'engagent à acquérir les contrats concernés et à garantir une indépendance de leurs filiales dédiées aux paiements. De plus, une commission mixte de suivi, incluant le Conseil de la concurrence et Bank Al-Maghrib, a été créée pour superviser la mise en œuvre de ces engagements, qui incluent également des plafonds de commissions interbancaires pour réduire les coûts et stimuler le paiement électronique. ■
Les livraisons en hausse à fin octobre
Ciment :
L es livraisons de ciment ont atteint plus de 11,12 millions de tonnes (Mt) à fin octobre 2024, en hausse de 8,24% comparativement à la même période un an auparavant, selon l'Association pro- fessionnelle des cimentiers (APC). Pour le seul mois d’octobre, ces ventes ont enregistré 1,3 Mt contre 1,08 Mt pour la même période en 2023, soit une augmen- tation de 19,74%, indique l'Association. Par segment,
les livraisons destinées à la distribution se sont situées à 6,45 Mt, suivies de celles adressées au BPE (béton prêt à l’emploi) avec 2,44 Mt, au PREFA (béton préfabriqué) avec 1,07 Mt, au bâtiment (360.932 tonnes), à l'infras- tructure (722.773 tonnes) et aux mortiers (54.623 tonnes). L'APC se compose de Asment Témara, Ciments de l’Atlas, Ciments du Maroc, LafargeHolcim Maroc et Novacim. ■
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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE
USA
Le déficit commercial américain le plus important depuis deux ans en septembre
L e déficit commercial des Etats-Unis s'est envo- lé au mois de septembre, augmentant bien plus qu'attendu, sous l'effet cumulé d'une baisse des exportations et d'une hausse des importations, selon les données publiées mardi par le départe- ment du Commerce. Le déficit des biens et services
avec le reste du monde a atteint 84,4 milliards de dollars en septembre, en hausse de 19,2% par rapport à août, une progression bien plus marquée que ce qu'anticipaient les analystes qui prévoyaient plutôt un déficit de 74 milliards de dollars selon le consensus publié par briefing.com. ■
Turquie
L'inflation ralentit en octobre à 48,58% sur un an L’ inflation en Turquie a continué son ralentissement sur un an à 48,58% au mois d'octobre, contre 49,38% en septembre, selon les chiffres officiels publiés. La hausse des prix à la consommation, alimentée par la dépré- ciation de la Livre turque, s'est établie à 2,88% sur un mois, selon l'office national des statistiques (TUIK), un taux légère- ment supérieur aux attentes des autorités. Les secteurs de l'éducation (93,66%) et du logement (89,39%) ont été les plus impactés par la flambée des prix durant les douze derniers mois. En revanche celui des transports semble presque «stabilisé» avec une hausse de 26,14% par rapport au mois d'octobre 2023. Selon une étude de l'agence étatique Anadolu, les écono- mistes misaient sur une hausse mensuelle des prix de 2,46% et une inflation sur l'année de 47,98%. Les mêmes misent sur une inflation de 44,23% sur l'ensemble de l'année 2024. ■
Investissements étrangers
La Chine s'engage à renforcer l'ouverture de son économie L a Chine envisage de moderniser ses zones de libre-échange et d'explorer des accords d'investissement avec un plus grand nombre de pays, a décla- ré mardi à Shanghai le Premier ministre chinois Li Qiang. S'exprimant lors de la cérémonie d'ouver- ture de la Foire internationale des importa- tions de Chine (CIIE), M. Li a souligné que «l'ouverture est une nécessité» pour faire face à «la montée de l'unilatéralisme» et du protectionnisme à l'échelle mondiale. Dans ce sillage, la Chine s'attachera à élar- gir l'accès aux investissements étrangers dans des secteurs tels que les télécommu- nications et la santé, a-t-il ajouté. ■
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BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo
Le Masi avance, mais manque de carburant
Evolution de l'indice Masi depuis début novembre 2023
À pas feutrés, le Masi poursuit sa progression cette semaine, porté par des flux OPCVM.
L Par Y . Seddik
a Bourse de Casablanca s’est offert une deuxième semaine de hausse consécutive, comme pour montrer qu’elle n’a pas perdu le cap après trois semaines de prises de bénéfices. Le Masi s’est ainsi adjugé un gain de 0,72%, pour s'établir à 14.269 points. Une progres- sion modeste, certes, mais qui laisse entrevoir une certaine rési- lience. Vendredi, un flux d’achats OPCVM a insufflé un peu d’élan, rappelant que le marché est toujours bien vivant, même s’il avance prudemment. Mais pour viser les sommets annuels, et plus encore les historiques, il faudra bien plus qu’un simple coup de pouce. Les volumes échangés, eux, se montrent plus dynamiques avec un total de 1,28 milliard de DH. Les projecteurs sont toujours braqués sur des valeurs de milieu de tableau qui continuent d’atti- rer les convoitises des investis- seurs : TGCC (+6,53%), Marsa Maroc (+5,26%) et l’incontour- nable Jet Contractors (+2,26%),
dont la saga se poursuit mal- gré une semaine marquée par quelques prises de bénéfices. Cette dernière affiche des perfor- mances à faire pâlir, avec un gain stratosphérique de 485% depuis le début de l’année.
Un mois d'octobre en demi-teinte
En rétrospective, le mois d’oc- tobre s’achève sur des perfor- mances dégradées, avec un Masi en baisse de 1,42%, la plus forte contraction mensuelle de l’année. Le Masi20 n’échappe pas non plus à la tendance et recule de 1,63%. Les volumes du mois se maintiennent tout de même à un niveau respectable, avec 6,39 milliards de DH échan- gés, preuve que le marché, bien que prudent, reste actif. En termes de performances, le mois a été rythmé par un classe- ment en deux catégories : d’un côté, les champions comme Jet Contractors (+53,67%), qui sur- passe de loin les autres perfor- mances; et de l’autre, certaines
TOP Performances
FLOP Performances
Cartier Saada Ib Maroc.com Balima
-9,84%
+9,05%% +7,27%
S2M BMCI Sonasid
-9,72%
-6,11%
+6,65%
petites capitalisations, moins liquides, n’ont pas su trouver leur place dans le courant haus- sier, à l’image de Promopharm (-20%), Stroc Industrie (-16,10%) et Zellidja (-14,84%). L’absence de relais haussiers continue de peser. Le marché évolue dans une phase latérale, parfois dans une dynamique poussive où chaque avancée se fait presque à contrecœur. Les opérateurs restent quand
même en embuscade, prêts à sauter sur la moindre opportu- nité, mais sans véritable convic- tion. Peut-être que la saison des publications trimestrielles, qui battra son plein d’ici fin novembre, apportera ce brin de volatilité tant attendue. D’ici là, le niveau des 14.500 points se profile comme une résistance technique intéres- sante, que les haussiers garde- ront en ligne de mire. ◆
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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 7 NOVEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
général du Royaume, ce défi- cit est alimenté par des recettes insuffisantes face aux dépenses de fonctionnement et d'inves- tissement, entraînant une dette publique élevée qui restreint les marges de manœuvre. Il préco- nise une allocation plus ration- nelle des ressources pour évi- ter l'émiettement des finances publiques, notamment en ren- forçant la coordination entre les agences de l'État et les collectivi- tés territoriales. Par ailleurs, le potentiel fiscal du pays reste sous-exploité, néces- sitant une amélioration du recou- vrement des recettes et une lutte accrue contre la fraude fiscale pour réduire le déficit. «Les pertes fiscales compro- mettent la capacité de l’État à répondre aux besoins urgents de soutien aux entreprises et aux citoyens» , affirme Nadia Fettah, en prônant une réforme fiscale verte, comprenant l'introduction d'une taxe carbone, essentielle dans le contexte du commerce international actuel. Dans le même esprit, Bensouda a insisté sur la nécessité d’inté- grer les risques climatiques dans la stratégie budgétaire. Ce pro- gramme inclut des projets de «marquage budgétaire », des obli- gations vertes et une fiscalité environnementale. L’intégration de ces éléments permettra non seulement de soutenir les projets de développement durable, mais aussi d’assurer une meilleure préparation face aux impacts économiques du réchauffement climatique. La restructuration du modèle de gouvernance financière publique au Maroc se révèle être une nécessité impérieuse face aux crises et défis globaux. En pla- çant la durabilité, l'efficacité et la transparence au cœur de ses réformes, le pays espère bâtir un modèle résilient capable de répondre aux besoins de ses citoyens. Pour préparer le Maroc aux crises de demain et garantir un avenir plus stable et équitable, «il est indispensable de penser en dehors du cadre habituel» , a conclu Fettah. ◆
Cérémonie d'ouverture de la 16 ème édition du Colloque international des finances publiques à Rabat.
Finances publiques
nérabilités structurelles révélées par des crises telles que la pan- démie de Covid-19, le séisme d’Al Haouz et les effets de la sécheresse. Elle a affirmé qu'il est crucial d’« établir une gouver- nance plus cohérente et souple» , capable de répondre aux évolu- tions rapides de l'environnement économique et climatique. D La restructuration du modèle de gouvernance financière publique au Maroc se révèle être une nécessité impérieuse face aux crises et défis globaux. «Il est indispensable de penser en dehors du cadre habituel» Par Désy M.
ans un contexte mondial marqué par diverses crises sanitaires et géopolitiques, les économies des nations se retrouvent affectées, et cela cause une pression accrue sur les finances publiques. Le Maroc n’est pas épargné et mise sur la refonte significative de son modèle de gouvernance finan- cière publique. Lors de la 16 ème édition du Colloque international des finances publiques tenue à Rabat sur le thème : «Vers une meil- leure restructuration du modèle de gouvernance financière publique au Maroc et en France», la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a sou- ligné l'urgence d'une réforme profonde pour faire face aux vul-
la santé, l'éducation et l'éner- gie. Parallèlement, la revalorisa- tion des salaires de la fonction publique, qui a vu les rémuné- rations multipliées par 2,9 sur la même période, a renforcé la motivation des agents publics. Sur le plan fiscal, l'intégration des services de recouvrement et l'adoption du Code général des impôts ont amélioré le recouvre- ment des recettes fiscales. En outre, une politique de moderni- sation numérique a été engagée, facilitant les procédures finan- cières, tandis que la réforme de 2023 sur les marchés publics a intégré des dimensions écono- miques, sociales et environne- mentales pour renforcer la trans- parence et l'efficacité. Cependant, bien qu’ayant pris ces mesures, le Royaume se retrouve confronté à un déficit budgétaire structurel. Selon le rapport introductif présenté par Noureddine Bensouda, Trésorier
Un parcours vers la modernisation numérique Depuis deux décennies, le Maroc a mis en œuvre des réformes clés pour moderniser sa gestion des finances publiques, notam- ment avec l'adoption en 2015 de la nouvelle Loi organique des Finances, qui a permis un meil- leur encadrement des investisse- ments publics et une maîtrise de la masse salariale. Les dépenses d'investissement ont été mul- tipliées par 5,2 entre 2001 et 2023, favorisant des projets dans des secteurs essentiels tels que
«La gouvernance financière doit désormais allier une vision de long terme à une capacité de réaction rapide face aux urgences».
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JEUDI 7 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
BOURSE & FINANCES
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à tous les États. Dans cette ère d'incertitudes, il est primordial d'assurer la stabilité économique et financière pour soutenir nos opérateurs économiques et nos citoyens. Au Maroc, l’État joue un rôle central dans l’investis- sement, notamment par le biais des entreprises publiques et des collectivités territoriales, tout en assurant une protection sociale essentielle pour les citoyens les plus vulnérables. Notre orienta- tion vers un État social, avec des mesures telles que l’aide aux défavorisés et le soutien à l'ac- quisition de logements, témoigne de notre engagement à répondre aux besoins croissants en édu- cation, santé et ressources en eau. Toute cette pression sur les finances publiques appelle à une gestion où chaque acteur doit contribuer, dans le respect d’un contrat social clair et transparent. Au niveau des recettes, ceux qui ont la capacité de contribuer le font; au niveau des dépenses, elles soutiennent les opérateurs économiques à travers les mar- chés publics et la population. De plus, l’État reste un employeur majeur, avec la création de nom- breux postes chaque année pour accompagner l’insertion des jeunes, véritable force du Royaume. Cette dynamique doit se lire dans le secteur public comme dans le privé, de sorte que s'il y a une bonne complé- mentarité de ces secteurs, s’en- suivra la création de richesse et tout le monde pourra bénéficier des fruits de la croissance. F.N.H. : Concernant les marchés publics, il ressort d’analyses d’experts que l’accès pour les PME et TPE reste difficile. Quelle est votre vision à ce sujet ? N. B. : La réforme des marchés publics de 2023 vise justement à soutenir les PME, TPE et coopé- ratives. Elle prévoit une sous-trai- tance par les grandes entreprises obtenant des marchés publics. Bien que la mise en œuvre puisse être progressive, nous espérons une participation accrue de ces
Dans le cadre du 16 ème Colloque international des finances publiques, Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, est revenu sur les enjeux de la coopération Maroc-France en la matière, les défis auxquels le Maroc fait face dans un contexte économique et géopolitique mondial controversé, ainsi que sur les mesures pour une meilleure gestion des finances publiques. «Les finances publiques sont éminemment politiques» Entretien
Propos recueillis par Désy M.
mettent d'échanger sur des ques- tions clés, telles que la gestion publique, les comptes publics et la fiscalité, qu'elle soit d'État ou celle des collectivités territoriales. Les finances publiques sont confron- tées à de nombreux défis (soutenabilité de la dette, déficits budgétaires, pres- sions accrues sur les dépenses) exacerbés par la crise de la Covid-19, les conflits géopolitiques et les défis climatiques. Dans ce contexte, l'idée de restructuration relève- t-elle d'une démarche de rupture ou d'une continuité du modèle de gouvernance des finances publiques au Maroc ? F.N.H. : N. B. : Nous vivons dans un monde connecté, où chaque changement international impacte notre éco- nomie. Les crises successives - Covid-19, crise économique de 2008, tensions géopolitiques - influencent les prix des matières premières et, en conséquence, notre balance des paiements et notre budget. À cela s’ajoutent des défis nationaux comme le stress hydrique et le change- ment climatique, sans oublier les objectifs de développement durable de l’ONU qui s’imposent
Finances News Hebdo : Dans un contexte encore marqué par la récente visite d'État du Président Emmanuel Macron, à l'invitation de S.M le Roi Mohammed VI, peut-on considérer que ce colloque vient à point nommé ? Noureddine Bensouda : Effectivement, ce 16 ème colloque
survient juste après la visite du chef de l'État français, Emmanuel Macron, et met en évidence les liens profonds que le Maroc entre- tient avec la France, notamment dans le domaine spécifique des finances publiques. Nos relations avec le ministère de l'Économie et des Finances français, en par- ticulier avec la Direction générale des finances publiques, nous per-
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entreprises. La notion d’égalité des chances, inscrite dans notre Constitution, prend tout son sens ici. Nous veillons à ce que cette volonté de l’État, déclinée par le gouvernement, soit appliquée sur le terrain. Notre rôle est de conseiller et d’accompagner les différents intervenants pour garantir que cet objectif d’inclu- sion soit atteint. F.N.H. : En juillet 2023, la loi 69-21 sur les délais de paiement pour les entre- prises a été modifiée. Quel bilan pouvez-vous dresser aujourd'hui ? N. B. : Les premiers résultats sont positifs, avec une réduc- tion des délais de paiement et une traçabilité améliorée grâce à notre système d’information. Cependant, le processus de cer- tification des travaux en amont reste un point d’attention. Nous collaborons avec les fédérations pour renforcer la transparence tout au long du processus, car notre mission est de garantir que la législation soit respectée et que les entreprises ne subissent plus de retards indus. F.N.H. : Au regard de votre expertise, quel est l’état de santé actuel des finances publiques du pays ? N. B. : Les finances publiques sont éminemment politiques; elles traduisent des orientations, des trajectoires. La gouvernance doit allier vision et mise en œuvre, et cela repose sur une collaboration orchestrée entre les différents acteurs. Parfois, des décalages apparaissent entre la stratégie nationale et la mise en œuvre locale, mais notre travail est de réduire ces écarts pour que cha- cun contribue efficacement. Nous observons une évolu- tion positive, avec une prise de conscience accrue de l'impor- tance de la contribution pour financer les grands projets du pays. Du côté des ministères et collectivités, il devient également essentiel d’optimiser l’exécution des budgets, car chaque bud- get non utilisé représente une
tisation, mais le plus rapidement possible. Quand le gouvernement a décidé de soutenir la population pour acquérir des logements, le fait que cela devienne palpable avec des virements ou des ver- sements effectués dans les meil- leurs délais, concrétise le contrat social et répond aux attentes de la population. Le plus important, c'est donc l'exécution. ◆
«Dans cette ère d'incertitudes, il est primordial d'assurer la stabilité économique et financière pour soutenir nos opérateurs économiques et nos citoyens».
opportunité perdue. Etant à la croisée des chemins, car pré- sente dans toutes les structures ministérielles et territoriales, donc pratiquement tous les flux tran-
sitent par nous, notre mission est de sensibiliser, d’accompa- gner et de marteler sur la gestion du temps. Parce qu'un service public ne vaut que par sa concré-
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cette période, un manque de coor- dination entre ces acteurs a été constaté. Ainsi, si le Maroc ou la France souhaite établir un modèle de gouvernance financière adapté aux défis du 21e siècle et aux multiples crises auxquelles ces pays sont confrontés, une des premières étapes serait de créer un organisme de coordination regroupant les différents acteurs concernés : les représentants de l’État, des collectivités locales, ainsi que les acteurs sociaux. Ce type d’organisation permettrait d'assurer une meilleure synergie entre les différents intervenants, d’optimiser les ressources et de garantir plus d’harmonie et d'effi- cacité dans la gestion publique. F.N.H. : Avec l'augmenta- tion des niveaux d'endet- tement dans de nombreux pays, quelles stratégies de gouvernance devraient être mises en place pour gérer la dette publique de manière responsable et durable ? M. B. : La première stratégie essentielle serait de réduire les dépenses publiques, en se concentrant particulièrement sur celles qui ne sont pas indispen- sables. Un mécanisme clé pour cela serait la mise en place d’une revue systématique des dépenses publiques, afin d’examiner leur efficacité et leur pertinence. Les dépenses superflues devraient être supprimées, ou du moins réduites si nécessaire. La deuxième stratégie consiste- rait à renforcer la coordination des acteurs publics, afin de mieux gérer les ressources et d’éviter tout gaspillage. En l'occurrence, un modèle de gouvernance publique qui favorise la collabo- ration entre les différents acteurs (gouvernements, administrations publiques, collectivités locales, etc.) permettrait de rationaliser les dépenses et d’éviter les che- vauchements inutiles. In fine, une meilleure coordination pour- rait également faciliter la mise en œuvre de réformes visant à maîtri- ser la dette publique et garantir sa soutenabilité à long terme. ◆
«Le Maroc progresse particulièrement rapidement, notamment en ce qui concerne l’exécution du budget» Finances publiques
Alors que le Maroc et la France poursuivent des réformes ambitieuses de
leurs finances publiques, les défis liés à la transparence, à l'efficacité et à la gestion de la dette restent centraux. Entretien avec Michel Bouvier, professeur émérite à l'Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, président de l'Association pour la fonda- tion internationale de finances
publiques (Fondafip), directeur de la Revue française de finances publiques.
Propos recueillis par M. Boukhari
des finances publiques. Cependant, si la philosophie des réformes est comparable, chaque pays a adapté son modèle à ses spécificités. Par exemple, la loi organique relative à la Loi de Finances (LOLF) au Maroc est particulière, prenant en compte les réalités économiques et administratives locales. En ce sens, bien qu'il y ait des conver- gences dans les objectifs de ces réformes, la manière de les mettre en œuvre diffère selon les contextes. En termes d'institu- tions, les Parlements français et marocain ne sont pas structu- rés de la même manière, ce qui entraîne des divergences dans le processus législatif. Mais,
dans l'ensemble, les deux pays avancent dans une direction simi- laire, et le Maroc progresse par- ticulièrement rapidement, notam- ment en ce qui concerne l’exécu- tion du budget. F.N.H. : Comment les dif- férentes parties prenantes (gouvernements, citoyens, ONG) peuvent-elles être impliquées dans le proces- sus de restructuration des- dits modèles ? M. B. : Depuis plusieurs décen- nies, nous observons un mouve- ment progressif de morcellement du système financier public, avec la multiplication des acteurs et des structures. Toutefois, au cours de
Finances News Hebdo : Quelles différences majeures observez-vous entre les modèles de gouvernance financière publique au Maroc et en France ? Michel Bouvier : Il y a en effet plus de similitudes que de dif- férences entre les modèles de gouvernance financière publique au Maroc et en France. Le Maroc, en 2015, a réformé l’organisation des finances publiques de l’État, à peu près dans les mêmes objec- tifs que la France en 2001. Les deux pays partagent une volon- té de renforcer la transparence, d'améliorer l'efficacité et d'assu- rer une gestion plus rigoureuse
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F Dans un contexte de désinflation et de conditions monétaires plus favorables, le Trésor s’appuie sur une stratégie articulée autour de la maîtrise des coûts, une gestion active des échéances et un équilibre entre financement intérieur et extérieur pour gérer sa dette. Les cartes gagnantes du Trésor Par Y. Seddik Gestion de la dette publique
Cette approche proactive opti- mise non seulement les coûts de la dette, mais contribue aussi à une meilleure maîtrise des flux de trésorerie, allégeant ainsi la pression sur le budget de l’État.
Un marché domestique favorable
En termes de financement, le marché domestique continue d’offrir des conditions favo- rables au Trésor. Depuis 2023, les investisseurs montrent un intérêt croissant pour les maturi- tés moyennes et longues, profi- tant d’une baisse des taux dans un contexte de désinflation. L'assouplissement de 25 points de base du taux directeur par Bank Al-Maghrib en juin 2024 a également renforcé cette ten- dance, soutenant la dynamique de financement intérieur. En conséquence, la demande des investisseurs a reculé de 56,7% en un an, pour atteindre 171,9 milliards de DH à fin juin 2024. Cette diminution s'ex- plique par une baisse des besoins bruts de financement du Trésor, reflétant une réduc- tion des tombées de la dette. Le financement s’est concentré sur les maturités de cinq ans et plus, captant ainsi 60,4% des levées, contre seulement 19,5% l’année précédente. Ce choix prudent permet d’étaler les échéances et d’optimiser le profil de risque de la dette intérieure. Du côté des financements exté- rieurs, le Trésor a également revu sa stratégie en réduisant les tirages, qui s’établissent à 21 milliards de DH pour le pre- mier semestre 2024, contre 33,4 milliards de DH en 2023. Cette rationalisation est en ligne avec l’objectif d’optimisation des coûts et des risques. Les fonds mobilisés proviennent exclusi- vement de créanciers officiels, à des conditions avantageuses. Sur le plan de l’allocation, 16 milliards de DH ont été dédiés aux réformes structurelles, tan- dis que 3,3 milliards de DH, issus d’un prêt du FMI, visent à renforcer la résilience budgé- taire du Royaume. ◆
aut-il vraiment s’inquiéter de la dette publique au Maroc ? À chaque préparation budgé- taire, la question revient avec insistance parmi les analystes. Pourtant, un examen approfondi des données et de la straté- gie adoptée tend à rassurer. Le gouvernement, conscient des enjeux, s’engage ainsi dans une gestion disciplinée de la dette. Non seulement elle reste soutenable, mais elle est aussi appuyée par des choix structu- rés et réfléchis. En étant majori- tairement intérieure, à long terme et adossée à des taux fixes (avec une part de plus 89%), la dette publique repose sur des bases solides. L’ambition de ramener le ratio de la dette sous la barre des 66,3% du PIB d’ici
2027, et ce malgré la trajectoire des réformes et investissements actuels, témoigne de la rési- lience budgétaire visée par le Maroc. Cette année, les indicateurs de coût et de risque de la dette restent bien orientés. Au premier semestre 2024, le taux moyen pondéré (TMP) des bons du Trésor a fléchi à 3,777%, contre 3,923% fin 2023, ce qui signifie une amélioration des conditions de financement. La durée de vie moyenne de la dette s’allonge également, atteignant 7 ans et 9 mois (+6 mois). Dans le détail, la dette intérieure passe à 7 ans et 3 mois (+7 mois), portée par un intérêt croissant pour les maturi- tés de 5 ans et plus, tandis que la dette extérieure atteint 9 ans et 2 mois (+2 mois). Sur le plan du court terme, la proportion dans le portefeuille de la dette progresse à 12,4% en juin 2024 (contre 11,8% fin
2023). Cette hausse concerne surtout la dette intérieure (15% contre 13,9%), alors que la part du court terme dans la dette extérieure diminue à 4,3% (contre 8,7%). En parallèle, la part de la dette à taux variable reste stable à 11,4%. De son côté, la gestion active de la dette par la Direction du Trésor a permis d’atténuer les pres- sions de refinancement, avec six opérations d’échange totalisant 14,2 milliards de dirhams de rachat, dont 8,3 milliards pour 2024 et 6 milliards pour 2025. Ces échanges allègent le calen- drier des tombées de près de 2,1 milliards de DH par mois en moyenne sur les deux années. Cette stratégie s’est traduite par des économies sur les charges d’intérêts : 37,9 millions de DH gagnés, dont 34,1 millions issus du rachat anticipé des échéances 2024 et 3,8 millions de DH sur les tombées de 2025.
La gestion active de la dette s’est traduite par des économies sur les charges d’intérêt de 37,9 millions DH.
En limitant les tirages extérieurs et en favorisant les finance- ments domestiques à long terme, le Maroc assure la soutenabilité de sa dette publique.
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