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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 7 NOVEMBRE 2024
BOURSE & FINANCES
F Dans un contexte de désinflation et de conditions monétaires plus favorables, le Trésor s’appuie sur une stratégie articulée autour de la maîtrise des coûts, une gestion active des échéances et un équilibre entre financement intérieur et extérieur pour gérer sa dette. Les cartes gagnantes du Trésor Par Y. Seddik Gestion de la dette publique
Cette approche proactive opti- mise non seulement les coûts de la dette, mais contribue aussi à une meilleure maîtrise des flux de trésorerie, allégeant ainsi la pression sur le budget de l’État.
Un marché domestique favorable
En termes de financement, le marché domestique continue d’offrir des conditions favo- rables au Trésor. Depuis 2023, les investisseurs montrent un intérêt croissant pour les maturi- tés moyennes et longues, profi- tant d’une baisse des taux dans un contexte de désinflation. L'assouplissement de 25 points de base du taux directeur par Bank Al-Maghrib en juin 2024 a également renforcé cette ten- dance, soutenant la dynamique de financement intérieur. En conséquence, la demande des investisseurs a reculé de 56,7% en un an, pour atteindre 171,9 milliards de DH à fin juin 2024. Cette diminution s'ex- plique par une baisse des besoins bruts de financement du Trésor, reflétant une réduc- tion des tombées de la dette. Le financement s’est concentré sur les maturités de cinq ans et plus, captant ainsi 60,4% des levées, contre seulement 19,5% l’année précédente. Ce choix prudent permet d’étaler les échéances et d’optimiser le profil de risque de la dette intérieure. Du côté des financements exté- rieurs, le Trésor a également revu sa stratégie en réduisant les tirages, qui s’établissent à 21 milliards de DH pour le pre- mier semestre 2024, contre 33,4 milliards de DH en 2023. Cette rationalisation est en ligne avec l’objectif d’optimisation des coûts et des risques. Les fonds mobilisés proviennent exclusi- vement de créanciers officiels, à des conditions avantageuses. Sur le plan de l’allocation, 16 milliards de DH ont été dédiés aux réformes structurelles, tan- dis que 3,3 milliards de DH, issus d’un prêt du FMI, visent à renforcer la résilience budgé- taire du Royaume. ◆
aut-il vraiment s’inquiéter de la dette publique au Maroc ? À chaque préparation budgé- taire, la question revient avec insistance parmi les analystes. Pourtant, un examen approfondi des données et de la straté- gie adoptée tend à rassurer. Le gouvernement, conscient des enjeux, s’engage ainsi dans une gestion disciplinée de la dette. Non seulement elle reste soutenable, mais elle est aussi appuyée par des choix structu- rés et réfléchis. En étant majori- tairement intérieure, à long terme et adossée à des taux fixes (avec une part de plus 89%), la dette publique repose sur des bases solides. L’ambition de ramener le ratio de la dette sous la barre des 66,3% du PIB d’ici
2027, et ce malgré la trajectoire des réformes et investissements actuels, témoigne de la rési- lience budgétaire visée par le Maroc. Cette année, les indicateurs de coût et de risque de la dette restent bien orientés. Au premier semestre 2024, le taux moyen pondéré (TMP) des bons du Trésor a fléchi à 3,777%, contre 3,923% fin 2023, ce qui signifie une amélioration des conditions de financement. La durée de vie moyenne de la dette s’allonge également, atteignant 7 ans et 9 mois (+6 mois). Dans le détail, la dette intérieure passe à 7 ans et 3 mois (+7 mois), portée par un intérêt croissant pour les maturi- tés de 5 ans et plus, tandis que la dette extérieure atteint 9 ans et 2 mois (+2 mois). Sur le plan du court terme, la proportion dans le portefeuille de la dette progresse à 12,4% en juin 2024 (contre 11,8% fin
2023). Cette hausse concerne surtout la dette intérieure (15% contre 13,9%), alors que la part du court terme dans la dette extérieure diminue à 4,3% (contre 8,7%). En parallèle, la part de la dette à taux variable reste stable à 11,4%. De son côté, la gestion active de la dette par la Direction du Trésor a permis d’atténuer les pres- sions de refinancement, avec six opérations d’échange totalisant 14,2 milliards de dirhams de rachat, dont 8,3 milliards pour 2024 et 6 milliards pour 2025. Ces échanges allègent le calen- drier des tombées de près de 2,1 milliards de DH par mois en moyenne sur les deux années. Cette stratégie s’est traduite par des économies sur les charges d’intérêts : 37,9 millions de DH gagnés, dont 34,1 millions issus du rachat anticipé des échéances 2024 et 3,8 millions de DH sur les tombées de 2025.
La gestion active de la dette s’est traduite par des économies sur les charges d’intérêt de 37,9 millions DH.
En limitant les tirages extérieurs et en favorisant les finance- ments domestiques à long terme, le Maroc assure la soutenabilité de sa dette publique.
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