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JEUDI 7 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
HIGH-TECH
transformation numérique en Afrique et au-delà.
F.N.H. : Selon vous, quels sont les secteurs d’acti- vité au Maroc qui bénéfi- cieront le plus de l'adop- tion de l'IA dans les pro- chaines années, et pour- quoi ? M. A. : Très belle question ! Ce qu'il faut savoir, c'est que quel que soit le secteur d’activité, de nombreuses fonctions au sein de votre entreprise peuvent bénéficier d’une IA : du marke- ting aux ressources humaines, en passant par les achats et la logistique. Pour les secteurs, je commen- cerai par l’agriculture. C’est un pilier de l’économie marocaine, et l'IA peut y jouer un rôle crucial en optimisant les rendements, en prédisant les conditions cli- matiques et en gérant les res- sources de manière plus effi- cace. L’agriculture intelligente permettrait de maximiser la pro- duction tout en minimisant les ressources. Chez AI Crafters, nous avons déjà développé plu- sieurs cas d’usage dans ce sens pour soutenir ce secteur. Ensuite, la santé. Ici, l’IA peut considérablement améliorer l’accès aux soins, notamment dans les zones rurales. Les dia- gnostics assistés par IA et la télémédecine permettent de pallier les distances et d'amélio- rer la précision des diagnostics. Plusieurs startups marocaines ont d'ailleurs progressé dans ce domaine avec des solutions innovantes. Enfin, le secteur de la finance et des assurances est prêt pour l’IA, principalement en raison du volume de données traité quo- tidiennement. L’IA y transforme déjà les services financiers en automatisant les processus, en détectant les fraudes et en per- sonnalisant les services. Dans l’assurance, elle peut aider à mieux évaluer les risques et à offrir des produits adaptés, tout en améliorant l'efficacité des opérations internes. ◆
Selon une enquête de Forbes Advisor, 64% des entreprises estiment que l'intel- ligence artificielle contribuera à accroître leur productivité glo- bale.
il y a souvent une sous-estima- tion des ressources nécessaires, que ce soit en compétences, en données ou en infrastructure. Avant de se lancer, il est cru- cial d'évaluer où l’on en est en termes de préparation et de pla- nifier les investissements néces- saires. La troisième erreur, c'est l'ab- sence d’une culture data-driven. L’IA repose sur la qualité des données et sur une organisa- tion qui valorise les insights. Renforcer la sensibilisation des équipes à l’importance des don- nées et les former est essentiel. Enfin, il y a souvent une gestion du changement insuffisante. L’IA peut créer des inquiétudes en interne, notamment autour de l’automatisation. Une commu- nication claire et honnête sur les bénéfices pour chacun et un accompagnement adapté peuvent vraiment faire la diffé- rence. F.N.H. : Le programme Maroc Digital 2030 ambi- tionne de faire du Maroc un leader en innovation numérique. Selon vous, quel impact ce pro- gramme pourrait-il avoir sur l'écosystème techno- logique marocain, et en particulier sur l’adoption de l’IA ? M. A. : Le programme Maroc
Digital 2030 a un potentiel immense pour transformer l'éco- système technologique du pays et positionner le Maroc comme un acteur majeur de l’innovation numérique dans la région. Pour que cet impact soit véritable- ment durable, il est crucial de travailler sur trois axes. Premièrement, l’inclusion. Mettre les citoyens au centre de cette transformation numérique, qu’ils vivent à Casablanca ou dans des villages isolés comme Tighza, Anergui ou Tacheddirt, est essentiel. Pour moi, l’innova- tion doit toucher tout le monde, y compris les personnes en situation de handicap et celles qui luttent encore pour accéder à des équipements de base, comme un ordinateur. C’est une vision qui se concrétise pro- gressivement, notamment grâce aux initiatives du ministère de la Transition numérique, qui a lancé des appels à projets pour encourager cette inclusion. En intégrant l'inclusion et l'intelli- gence artificielle, nous pouvons véritablement «devenir plus humains et moins artificiels», comme le souligne Zouheir Lakhdissi. D’ailleurs, il est fondamental d’accélérer les programmes d’alphabétisation et de littératie numérique. Actuellement, envi- ron 23% de la population sont encore analphabètes, ce qui
limite forcément l’adoption des outils numériques. Dans l’une de mes missions, j’ai pu observer des citoyens faire des déplace- ments de Dakhla à Rabat pour des démarches administratives qu’ils auraient pu accomplir en ligne, simplement parce qu’ils manquent de compétences numériques. Renforcer la litté- ratie numérique serait un levier formidable pour que cette stra- tégie puisse vraiment impacter tous les Marocains. Enfin, je pense qu'une straté- gie nationale ambitieuse comme celle-ci doit inclure un stack technologique unifié pour les grandes institutions. Harmoniser ces infrastructures permettrait de mieux coordonner les ini- tiatives, d’avancer plus vite et de garantir la compatibilité des solutions. C’est un investisse- ment clé pour bâtir une véritable «Digital nation» et, pourquoi pas, une «AI Augmented nation» dans les années à venir. Avec ces trois leviers, Maroc Digital 2030 pourrait vraiment faire du Maroc un modèle de
Le programme Maroc Digital 2030 a un potentiel immense pour trans- former l'écosystème technologique du pays et positionner le Royaume comme un acteur majeur de l’innova- tion numérique dans la région.
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