FNH N° 1172

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JEUDI 7 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

DEVELOPPEMENT DURABLE

Maroc-France Une coopération tournée vers la «prospérité énergétique»

sonnable d’amortissement des investis- sements relatifs à la construction de 1 à 3 hydrogénoducs, reliant Guerguerat à l’Europe, avec la possibilité d’exporter de l’ammoniaque liquide à partir du port de Dakhla en direction des marchés en dehors de l’Europe. Le Maroc peut cap- ter plus de 9% du besoin en hydrogène du monde, évalué à 600 millions de tonnes H2 en 2050, soit 54 millions de tonnes H2/an, dont 20 à 25 millions de tonnes H2/an destinés à l’Europe. Dans cette projection sur 15/20 ans, le besoin du Maroc serait de l’ordre de 10 millions de tonnes H2/an pour la décarbonation du transport, et la production de 25% de son énergie électrique decarbonée et projetée à 2050. On voit bien que le Maroc et la France vont faire atterrir dans le monde réel la grande vision relative au rôle régional clé qui incombe au Maroc, un des grands axes de la vision royale relative à notre transition énergétique de 2009, et qui matérialise toutes les chances de réussite de la transition énergétique des deux conti- nents. Ce qui, bien sûr, ne manquera pas d’impacts positifs sur les écono- mies africaines. F.N.H. : Dans quelle mesure le partenariat avec la France peut-il soutenir l'intégration industrielle et la R&D au Maroc pour réduire les coûts de la décarbonation ? S. G. : C’est une question fondamentale, qui est relative à la baisse des coûts de production de l’hydrogène. Si les élec- trolyseurs peuvent fonctionner plus de 8.000 heures /an sur le réseau, ce n’est pas le cas avec les renouvelables en rai- son de l’intermittence de ces énergies. Pour l’instant, aucune décision finale d’investissement dans les giga projets d’hydrogène n’est prise, en dehors du projet Neom en Arabie Saoudite, de 4 GW, qui représente un investissement de 8,4 milliards de dollars. Plusieurs pro- jets de recherche concernant la produc- tion de l’hydrogène sur renouvelables

Le nouveau chapitre de coopération Maroc-France s’est soldé par la signature de plusieurs projets en matière de transition énergétique, en général, et d’hydrogène vert en particulier. Entretien avec Said Guemra, expert conseil en énergie.

Propos recueillis par Désy M.

Finances News Hebdo : Comment les accords signés récemment entre le Maroc et la France ren- forcent-ils le positionnement du Maroc en tant que fournisseur de solutions énergétiques renou- velables pour l’Europe. Et quels sont les défis principaux à sur- monter pour concrétiser cette vision d'un «destin énergétique commun» ? Said Guemra : Il faut noter dans un pre- mier temps la grande satisfaction des Marocains suite à la confirmation par la France de notre intégrité territoriale. La France autorise ses entreprises à réali- ser des investissements très importants au Sahara marocain. Ainsi, de grands projets peuvent être réalisés, très par- ticulièrement dans les domaines des énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Les développements des projets

avec la France sont des développe- ments avec l’Europe de manière géné- rale, et comme vous le dites, le Maroc et l’Europe ont un destin énergétique commun, qui va se matérialiser tôt ou tard par une grande liaison électrique, et un hydrogénoduc pouvant alimenter l’Europe, de manière fiable et continue, à l’image du gaz naturel. Les accords Maroc-France s’inscrivent dans cette vision royale beaucoup plus large. En ce qui concerne l’hydrogène vert, les productions qui viennent de démar- rer en Europe utilisent le réseau élec- trique dans le cadre de ce que j’ap- pelle l’hydrogène de proximité, avec un

coût électrique nucléaire de plus de 50 euros/MWh, et parfois du renouvelable au-delà de 70 euros/MWh. Le Maroc, dans ses régions du sud, ainsi que son concurrent immédiat le Chili dans la région de Magallanes, sont en mesure de produire une électricité verte à 10 euros/MWh, ce qui ne laisse pas les investisseurs insensibles. Cet écart de coût électrique représente une écono- mie de plus de 60 milliards d’euros pour chaque million de tonnes produites au Maroc sur une durée du projet de 25 ans, ce qui est très rassurant pour les investisseurs. Cet important écart de coût va permettre une durée très rai-

Le Maroc et la France concrétiseront la vision royale de 2009 relative au rôle régional clé du pays dans la transition énergétique, et la réussite de celle-ci en Afrique et en Europe.

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