Ère magazine, édition avril 2022

LE GAZON, VERT MAIS PAS SI

Le gazon n’est pas si vert qu’il en a l ’air. Trop gourmand en eau, en engrais et en pesticides, peu intéressant pour la biodiversité, de nombreuses villes et des particuliers lui cherchent des alternatives.

ÉCOLOGIQUE

T Toutes les générations l’apprécient. Certains ai- ment s’y allonger, d’autres l’utilisent comme sur- face de jeu. Si le gazon contribue à la fraîcheur et à la purification de l'air des villes, son entretien est loin d’être écologique. Ainsi, chaque mètre carré de pelouse peut engloutir jusqu’à 1000 litres d’eau par an. Par ailleurs, les terrains engazonnés ont aussi tendance à perturber la biodiversité. VARI ER LES ES SENCES VÉGÉTALES Il est loin de l’apparence d’un green de golf, mais le gazon fleuri se révèle intéressant du point de vue environnemental. Ce mélange grainier se compose essentiellement de graminées et de fleurs dont la hauteur varie de 5 à 30 cm. Outre son aspect esthétique, il off re un habitat et des ressources alimentaires à de nombreux insectes. Moins gourmand en eau, ce type de couvre-sol ne nécessite aucun traitement particulier et permet de réduire drastiquement la f réquence des tontes. Toutefois, les prairies et gazons fleuris n’apprécient pas les sols fertilisés et auront donc de la peine à se développer sur une étendue ayant auparavant servi de pelouse. Avant de se lancer, mieux vaut donc faire appel aux conseils avisés d’un jardinier. D’autres préféreront sans doute conserver une certaine uniformité pour tapisser leurs espaces verts. La camomille romaine pourrait les séduire. Ce végétal rampant ne fleurit pas et est de plus en plus utilisé pour couvrir de petites surfaces. Autre alternative, le thym laineux, une plante

particulièrement recommandée pour les sols caillouteux. Les traditionnelles pelouses ont donc une concurrence. PRISE DE CONSCIENCE DES JARDINIERS Le gazon conserve toutefois de nombreux avan- tages. Sa douceur et sa fraîcheur permettent aux familles de se l’approprier pour y partager un en-cas, y jouer ou tout simplement s’y prélasser. Ainsi, à Genève, la plupart des parcs demeurent engazonnés. Mais depuis plus de dix ans, le ser- vice des espaces verts a mis en place une gestion différenciée de ses surfaces. Trois niveaux d’entre- tien ont été définis en fonction du type de gazon (classique, sport ou encore à forte fréquentation). La fréquence des tontes y diffère, de 10 à 32 pas- sages par an en moyenne, et permet ainsi d’opti- miser les ressources allouées à l’entretien. Pour favoriser la biodiversité, la ville développe aussi les prairies et pratique des fauches tardives. En Suisse romande, l’Etat de Vaud a également décidé d’agir, notamment aux abords des axes routiers. Depuis peu, les zones herbeuses situées le long des 1 500 km de routes cantonales et des 206 km d’autoroute ne sont plus traitées avec des produits phytosanitaires et le calendrier des fauches a été adapté, pour un plus grand respect de la flore et de la faune. Cette démarche intéresse de nombreuses communes qui ont manifesté leur intérêt pour cet entretien différencié. De quoi ins- pirer les jardiniers professionnels et amateurs.

FAVORISER LA BIODIVERSITÉ

Pour vivre en harmonie avec la nature et favoriser la biodiversité, le canton de Genève a édicté une série de recom- mandations. Il est par exemple conseillé de laisser pousser et fleurir des coins de pelouse, de favoriser les arbustes sauvages et de tailler ses haies lorsque les oiseaux ne sont pas au nid, entre septembre et février. La création de

petits abris, composés de branches et de feuilles, participe aussi au bien-être de la faune. Le service de la biodiversité appelle également à renoncer à l’utilisation d’herbicides et de pesticides et à éviter de faire fonctionner son robot-tondeuse de nuit, lorsque de petits animaux comme le hérisson sortent de leurs cachettes.

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