17
ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 22 JUIN 2023
www.fnh.ma
Craignant une insuffisance de l’offre face à la demande qui devrait se situer cette année à 5,6 millions de têtes, et afin de garantir que les prix soient à la portée de tous, la tutelle a exceptionnellement procédé à l’importation de plusieurs milliers de moutons, notamment de l’Espagne et du Portugal. Ainsi, une exonéra- tion de l’importation d’ovins de droits de douane a été mise en place, en plus de l’octroi d’une prime forfaitaire fixée à 500 DH par tête. En revanche, l’impact de cette mesure sur les prix n’a pas vraiment été ressenti. «Les moutons importés de l’étran- ger sont également trop chers, alors qu’ils sont subventionnés par l’Etat. Le prix du kilogramme varie entre 60 et 63 dirhams, ce qui est exagéré. A mon avis, le prix de cette catégorie ne doit pas dépasser 50 DH par kilo- gramme» , souligne Hassan. Après cette virée à la ferme de Ziaida, nous nous sommes cette fois-ci ren- dus à un souk de moutons tempo- raire, situé à Mohammédia. Aménagé spécialement à l’occasion de l’Aid al-Adha, cet espace accueille des éleveurs venant de plusieurs régions du Royaume. L’offre est visiblement assez diversifiée, mais les expres- sions sur les visages des clients révèlent la déception de devoir réa- juster leur budget. «Cette année, l'Aïd n’est pas pour les petites bourses; les prix proposés sont synonymes d’un luxe inacces- sible pour bon nombre de citoyens.
L’offre est visi- blement assez
diversifiée, mais les expressions sur les visages des clients révèlent la déception de devoir réajuster leur budget.
Le mouton qui coûtait un an aupa- ravant 2.000 dirhams vaut cette année au minimum 3.000 dirhams. Cette hausse des prix affecte gra- vement les familles à bas revenus, qui se trouvent souvent contraintes d’emprunter de l’argent pour pou- voir acheter le mouton de l'Aïd, sans oublier que cet achat s’accompagne de plusieurs autres dépenses» , nous confie Ahmed, quadragénaire et père de trois enfants. De son côté, Abderrahim Serghini, vendeur de bétail, nous livre plus de détails concernant cette flambée des prix. «En me basant sur les der- nières ventes que j’ai pu effectuer, je peux dire avec certitude que le pou- voir d’achat des consommateurs se situe cette année entre 2.600 et 3.200 dirhams. Face à cette conjoncture très difficile à cause de laquelle le prix de l’aliment des animaux a connu une hausse historique, nous étions obligés d’ajouter entre 500 et 700 dirhams par tête». Le cheptel local, la vedette Concernant l’importation par le gou- vernement d’ovins de l’étranger, l’éle- veur nous fait part de son désaccord vis-à-vis de cette décision. « Au lieu d'accompagner les éleveurs et de les aider à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent à cause de cette séche- resse, l'exécutif a plutôt choisi d’im- porter du cheptel de l’étranger, une décision qui risque de mettre en péril l’offre locale. Fort heureusement, les Marocains sont fidèles à leurs habi-
tudes et traditions et finiront par pré- férer un sardi, un bergui ou encore un boujaad à une race provenant de l’étranger. Le produit local reste donc privilégié» , assure-t-il. Si le Maroc a procédé à l’importation pour pouvoir couvrir la demande, l’offre locale s’est finalement avérée, elle seule, largement suffisante pour répondre au besoin de la popula- tion. C’est ce que nous confirme Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC), que nous avons rencontré au siège de l'association basée à Rabat. «L’opération d’identification du chep- tel ovin et caprin destiné à l’abattage menée par l’ANOC et la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), sous la supervi- sion de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), nous a permis jusqu’à pré- sent d’identifier à titre provisoire plus de 6,8 millions de têtes. Étant donné que la demande est d’environ 5,6 millions, nous pouvons donc dire que l’offre est largement suffisante» . A cette occasion, je tiens à saluer les éleveurs pour leurs grands efforts ainsi que le ministère qui a pré- paré près de 34 souks à travers le Royaume en vue de permettre aux consommateurs qui ne peuvent pas se déplacer en dehors des villes, de se procurer facilement le mouton», affirme le président de l’ANOC, sou- lignant par ailleurs que la hausse des prix varie entre 10 et 12%. ◆
Mis à part le cheptel importé, les moutons recensés lors de l’opération d’identifica- tion sont lar- gement suf- fisants pour couvrir la demande, qui se situerait cette année à 5,6 millions de têtes.
Made with FlippingBook flipbook maker